Agenda
Événements & colloques
De la réalité à la fiction : transpositions romanesques

De la réalité à la fiction : transpositions romanesques

Publié le par Irène Langlet (Source : Yves Baudelle (Centre Roman 20-50, Lille III))

Centre Roman 20/50 (EA 1061)
"De la réalité à la fiction : transpositions romanesques"
(Lille III, 2 et 3 février 2001)


Parmi toutes les questions générales posées par la littérature, celle de
l'implication de l'auteur dans son oeuvre nous concerne d'autant plus
qu'elle est aussi ancienne que la critique universitaire elle-même, dont
elle reflète les convictions successives. Méthode fondatrice d'une
discipline académique, l'érudition biographique s'attacha longtemps à
identifier les sources de la fiction lieux, personnages, événements ,
cette recherche des "modèles" ou des "clefs" du roman, d'esprit
positiviste, revenant à nier l'imagination créatrice au nom de
l'établissement des faits. A ce dogmatisme devait en succéder un autre,
l'abolition formaliste, par une certaine modernité, de la personne même de
l'auteur, conventionnellement tenu pour absent de son texte. L'alternative
était si sommaire qu'on préféra bientôt en abandonner la discussion à la
sagacité des seuls étudiants (la dissertation existait encore). Or, à
présent que les avancées conjointes de la phénoménologie (P. Ricoeur) et de
la philosophie analytique anglo-saxonne (Th. Pavel) sinon le simple bon
sens (A. Compagnon) ont conduit à réexaminer de façon moins polémique le
problème de la dimension référentielle de la fiction, le moment semble venu
de rouvrir ce dossier qui a donné lieu naguère à tant de malentendus, celui
des rapports de l'oeuvre littéraire au substrat empirique qui la fonde.

Persuadé que le roman se nourrit toujours d'un vécu mais qu'il n'en est
jamais non plus la transcription brute, on se propose donc d'étudier les
modalités d'inscription du biographique dans la fiction en observant
comment l'écriture transfère et transforme les données d'une existence, ce
double mouvement d'emprunt et d'écart définissant justement ce qu'on entend
d'ordinaire sous le nom de transposition.

S'il est vrai qu'on sera amené à privilégier le matériau proprement
autobiographique, cette réflexion sur l'inspiration personnelle dans le
roman ne se limitera pas nécessairement aux événements d'une vie ; la
présence de l'auteur dans son texte se manifeste aussi à travers la somme
de ses expériences : les lieux, les gens qu'il a connus, et, de façon
générale, l'"immense réserve d'images et de souvenirs que la vie a
accumulés en lui" (Mauriac) ; enfin l'oeuvre est encore une projection de
soi, une scène où se déploie et s'incarne toute une vie psychique, débats
intérieurs et aspirations du moi fantasmes et névroses.

PROGRAMME

Vendredi 2 février

9h30 : Edith Perry (Centre "Roman 20-50") : D'Yvonne de Quiévrecourt à
Yvonne de Galais, les rencontres romanesques chez Alain Fournier.
10h00 : Michèle Hecquet (Université de Lille III) : Colette : questions de
transposition.
10h30 : Discussion
10h45 : Pause
11h00 : Claude Foucart (Université Jean Moulin-Lyon III) : Monsieur Godeau
intime : Jouhandeau "notaire de la vie" ?
11h30 : Paul Renard (Centre "Roman 20-50") : Cocteau dans le roman à clefs
 : transposer et modifier le réel.
12h00 : Discussion

14h30 : Monique Gosselin-Noat (Université Paris X-Nanterre) : Genèse de
Monsieur Ouine : fragments biographiques, linéaments historiques.
15h00 : Mar Garcia (Université autonome de Barcelone) : Soma et germen :
pour une relecture de la dimension autobiographique des récits gracquiens
de fiction.
15h30 : Jacques Deguy (Université de Lille III) : Sartre et la
transposition : l'exemple de La Nausée.
16h00 : Discussion
16h15 : Pause
16h30 : Bruno Curatolo (Université de Bourgogne) : Raymond Guérin et le
genre de la "fiction" : pour une recréation mythologique de la réalité.
17h00 : Hélène Dottin (Centre "Roman 20-50") : Ethique et esthétique de la
transposition chez Julien Green.
17h30 : John Flower (University of Kent at Canterbury) : Mauriac, Marianne
Chausson, les fiançailles rompues et Un adolescent d'autrefois de François
Mauriac.
18h00 : Discussion

Samedi 3 février

9h15 : Francine Dugast (Université de Haute-Bretagne) : Nouveau Roman et
transposition : terrorisme ou garde-fou ?
9h45 : Marie-Hélène Boblet-Viart (Université de Lille III) : La
transposition romanesque du Temps immobile au Dialogue intérieur de Cl.
Mauriac : du souci au récit.
10h15 : Discussion
10h30 : Pause
10h45 : Nathalie Piégay-Gros (Université Paris VII) : La mélancolie ou la
transposition romanesque de l'expérience chez Claude Simon.
11h15 : Florence de Chalonge (Université de Lille III) : Duras : éléments
de "biogéographie".
11h45 : Discussion

14h15 : Nelly Wolf (Université de Lille III) : La fusion des expériences
dans La Peste de Camus.
14h45 : Alain Cresciucci (Université de Rouen) : L'Europe buissonnière
d'Antoine Blondin : portrait d'un inconnu.
15h15 : Emmanuel Bouju (Université de Haute-Bretagne) : Réplique et
déplacement : harmoniques de la transposition romanesque.
15h45 : Discussion
16h00 : Pause
16h15 : Olivier Barbarant (Saint-Quentin) : Déplacements, renversements et
jeux de rôles dans Les Voyageurs de l'impériale d'Aragon.
16h45 : Luc Vigier (Université d'Aix-Marseille) : Théorie et pratiques de
la transposition romanesque chez Louis Aragon : de La Mise à mort (1965) à
la seconde version des Communistes (1967).
17h15 : Marie-Thérèse Eychart (Université de Lille I) : La déclinaison des
identités : Elsa Triolet, Elsa, elle.
17h45 : Discussion