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De l'émerveillement 

De l'émerveillement

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Hélène Boblet)

Alors que  la catégorie du merveilleux a fait l’objet de multiples études, le processus affectif et cognitif de l’émerveillement, comme transport des sens, du cœur et de l’intelligence, reste à questionner. Cette émotion complexe faite d’effroi et d’abandon, qui dès le Théétète est associée à la démarche philosophique, nourrit dans la modernité  aussi bien le récit que la poésie.

À côté du désenchantement, de la crise des valeurs et de la nostalgie du Sacré qui irriguent largement la littérature d’après la Révolution, du romantisme à la fin du XIXe siècle, à côté de la mélancolie et du soupçon qui ont caractérisé au XXe siècle le Nouveau Roman ou les écritures blanches, certaines œuvres expriment le sens profane du « miracle », la révélation de l’épiphanie ; elles témoignent du crédit accordé à l’expérience immanente de vivre en ce monde et de l’arrachement à la finitude par l’intuition d’un horizon qui à la fois se dérobe et se dévoile. Loin du sentiment de carence ou d’absence, elles expriment l’assentiment à ce qui apparaît, et la victoire sur la négativité.

Ce colloque examinera la manière dont l’émerveillement est thématisé, suggéré, suscité  dans des œuvres poétiques et narratives des XIXe et XXe siècles. Il conjuguera plusieurs perspectives :

 - Une perspective d’histoire littéraire  et d’histoire des mentalités qui confronte la montée en puissance d’un « rationalisme étroit et positif » (Nodier) avec la réhabilitation de l'émotion et le besoin d’admiration inclus dans l'émerveillement.

- Une perspective thématique et phénoménologique. On distinguera les états de conscience et les expériences affectives liés à l’émerveillement (l’étonnement, la stupeur, l’effroi, le ravissement, l’extase, le sentiment du sublime…), tels qu’ils se manifestent chez les personnages, le narrateur ou l’énonciateur. Quelle relation est tissée entre le monde du texte et le monde de la vie ? Comment engager avec le lecteur un contrat fondé sur l’émotion et l’empathie ?

- Une perspective poétique. Comment l’écriture narrative, « fabrique du continu » (Jean-Paul Goux), vouée à développer une intrigue dans la durée, peut-elle redéfinir sa matière et sa manière à la faveur de l’émotion par définition suspensive qu’est l’émerveillement. Comment organiser la temporalité à partir et autour d’instants d’exception? Après avoir mis l’accent sur la forme du récit, puis sur la tension narrative (Raphael Baroni, 2007) on pourrait étudier sa force impressive. Du côté de la poésie qui, elle, ne cherche pas la crédulité du lecteur, on pourra par exemple interroger l’engouement pour les formes venues d’ailleurs telles que le haïku

Détail du programme dans le document pdf ci-dessous.