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Événements & colloques
Cocteau journaliste

Cocteau journaliste

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Pierre-Marie Héron)

 

Programme

 

Jeudi 31 mai

Matinée

Site Saint-Charles de l'université Paul-Valéry

Salle des colloques 1

 

9h15 Accueil des participants par Pierre-Marie Héron et Marie-Eve Thérenty

 

Présidence : Pierre-Marie Héron (Montpellier III)

 

9h30   Guy Ducrey (Strasbourg II)

            Haine du journalisme

Pour le lecteur féru du journal tenu par Cocteau depuis les années 1940, rien de plus saisissant que d'y voir s'exprimer, jour après jour, une détestation inlassable des journalistes et du journalisme. D'où vient-elle, chez celui qui avait tant rendu compte de spectacles, de livres, de voyages, de musique dans la presse? Chez celui que les revues, les journaux n'avaient pourtant guère rebuté? A soulever cette question, sans doute paradoxale dans un colloque sur Cocteau journaliste, c'est une vérité  très profonde que l'on rencontre: l'idée même de la poésie, telle que Cocteau la conçoit et l'exige. Et qui, en effet, réclame l'éloignement impitoyable du journalisme moderne.

 

10h     Jean Touzot (Paris-Sorbonne)

            Cocteau attaché de presse

Ce rôle, ordinairement dévolu à une femme, au sein d'une maison d'Éditions ou d'une entreprise de spectacles, et qui consiste à attirer l'attention des journalistes sur une publication ou sur l'imminence d'un événement culturel, Cocteau n'a pas hésité à le jouer, d'abord au profit de ses amis : comédiens, poètes, musiciens, puis à son propre bénéfice, comme s'il craignait d'être défiguré ou trahi par les spécialistes de la communication. Il lui arrivera même d'utiliser des prête-noms pour habiller sa prose des apparences de l'objectivité. Cet office atteindra son comble à la fin des années trente, avant la représentation des Parents terribles, puis, un peu plus tard, au moment de la reprise de la pièce. En 1938, on comptera presque une dizaine de textes signés de son nom, donnés à des journaux différents et dont le contenu est souvent adapté à la couleur politique du périodique ou aux intérêts supposés de son lectorat.

Ces écrits relèvent du paratexte, mais pour rendre compte de cette activité singulière, Cocteau usait d'un néologisme : faireparisme, dont le contraire, la lassitude venue, s'intitulerait : àquoibonisme.

 

10h30 Discussion

 

10h45 Pause

Présidence : Pierre Caizergues (Montpellier III, IUF)

 

11h15 Pierre-Marie Héron (Montpellier III)

Les « articles de clan » dans la série de presse Carte blanche

Première collaboration suivie de Cocteau à la presse grand public, Carte blanche se propose, au sortir de la Grande guerre, d'initier le public à « l'esprit nouveau » qui « agite toutes les branches de l'art ».  Mais la série entre aussi dans la stratégie de tracts, d'occupation et de délimitation de territoires artistiques qui mobilise intensément les avant-gardes à cette époque. La communication s'intéresse aux « articles de clan » qui, de mars à août 1919, y alternent avec des « articles d’intérêt général ».

 

11h45 Patrick Suter (Genève)

            Le Coq / Le Coq parisien

Le Coq, dont le titre devient Le Coq parisien à partir du troisième numéro, est une revue de Cocteau et du groupe des Six publiée en 1920, et qui porte essentiellement sur la littérature et la musique. Par rapport aux principales revues d’avant-garde parues au cours des années 1916-1920, et en particulier par rapport aux revues dada, Le Coq se situe dans un rapport ambigu, à la fois de différenciation et d’analogie. Aussi cette revue sera-t-elle abordée ici, sur les plans formel et esthétique, à partir d’une comparaison avec ces revues – et en particulier avec Dada, la revue de Tzara (lequel est du reste l’une des figures importantes du Coq).

 

12h15 Discussion

 

Pause

Après-midi

Site Saint-Charles de l'université Paul-Valéry

Salle des colloques 1

 

Présidence : Jean Touzot (Paris-Sorbonne)

 

14h30 Olivier Bara (Lyon II)

            La collaboration de Cocteau à Comoedia dans les années 1910

 

15h Yoan Vérilhac (Nîmes) et Eléonore Antzenberger (Paris)

Le Mot

 

15h30 Discussion

           

16h     Pause

 

Présidence : Philippe Baudorre (Bordeaux III)

 

16h30 Marie-Ève Thérenty (Montpellier III, IUF)

            Retrouvons notre enfance : la pratique du reportage par Cocteau

 

17h     Michel Collomb (Montpellier III)

La séquence asiatique de Mon premier voyage : croisière dans le peu de réalité

Mon premier voyage, paru en feuilleton dans Paris-Soir en août et septembre 1936, a contribué à bâtir la réputation d’un Cocteau journaliste. Ce récit consacre quelques chapitres aux pays d’Asie du Sud-Est, alors sous domination britannique. Jamais, sans doute, leur auteur ne s’est senti aussi étranger, aussi démuni de prises sur la culture et le mode de vie des peuples qu’il côtoyait, aussi décontenancé devant une réalité qui l’ignorait comme blanc et comme Européen. À sa manière, Cocteau retourne cet handicap en avantage et prétend tirer de ces “courtes habitudes” une méthode de reportage journalistique. Lues aujourd’hui, ces pages paraissent étonnamment pauvres en informations, sans même les notations pittoresques qui sauvent d’autres séquences de ce récit de voyage. Il s’en dégage pourtant un charme, pour peu qu’on les lise comme un autoportrait éclaté, un relevé de traces répandues sur le peu de réalité.

 

17h30 Projection du film-dvd de David Gullentops et Ann Van Sevenant : La Poétique de Jean Cocteau, durée : 55 mn.

En contrepoint du thème du colloque, un film sur la création chez Cocteau à partir de ce qui en forme le  coeur : ses poèmes. David Gullentops analyse ici ses textes poétiques à partir de leurs manuscrits. L'approche génétique, qui révèle l’utilisation d'un ensemble de techniques et contraintes d’écriture occultées dans les versions publiées, permet de dégager trois principes de création (le temple, l’envers et l’endroit, l’intermédiaire) valables autant pour sa poésie que pour ses réalisations plastiques (dessins, peintures) et son cinéma.

Film édité dans : David Gullentops et Ann Van Sevenant, Les Mondes de Jean Cocteau. Poétique et Esthétique. Jean Cocteau's Worlds. Poetics and Aesthetics, Paris, Éditions Non Lieu, 2012. Un ouvrage de 384 pages avec 110 illustrations en couleur, et 2 DVD – 120 minutes (version française et anglaise) incluant 520 illustrations en couleur et de nombreux extraits de films.

 

Vendredi 1er juin

Matinée : auditorium du musée Fabre

 

Présidence : Myriam Boucharenc (Paris X)

 

9h30   Serge Linares (Versailles Saint-Quentin)

            Mémoriaux en éclats (sur Portraits-Souvenir)

Destinés, selon toute apparence, à restituer l’atmosphère culturelle de la Belle Époque, les articles de Cocteau que Le Figaro publia en 1935 sous le titre Portraits-souvenir ne prennent pas par accident des accents autobiographiques. Ils sont pour l’auteur une façon de reconsidérer ses débuts littéraires, désavoués après Le Potomak, notamment dans La Noce massacrée (1920) et Les Mariés de la tour Eiffel (1921). Rien d’étonnant si l’image de la photographie vient couronner cette entreprise mémorielle dans l’intitulé : Cocteau s’apparente au photographe des Mariés de la tour Eiffel et feint d’« être l’organisateur » des « mystères [qui le] dépassent ». Sous la résurrection de la France d’avant-guerre, c’est le fantôme de lui-même, obsédant et fuyant, qui vient hanter Cocteau et le rappeler à ses origines, bien avant le jugement mitigé qu’il prononcera en 1963 sur son passé, dans La Comtesse de Noailles, oui et non.

 

10h     David Gullentops (Université de Bruxelles-VUB)

            « Jean est un autre » ? Cocteau et Les Lettres françaises

Avant d’aborder la collaboration de Jean Cocteau aux Lettres françaises (1944-1963), nous tenons à déterminer les caractéristiques majeures de son activité journalistique à cette époque. Ce cadre général établi, nous examinons l’émergence et l’évolution de la présence du « poète critique » dans le périodique, étudions les différents types de contributions qu’il y a livrées, et nous interrogeons sur la motivation et sur la finalité de sa participation à ce journal communiste.

 

10h30            Discussion

 

Pause

 

Présidence : Marie-Ève Thérenty (Montpellier III, IUF)

 

11h     Présentation du DVD-Rom Jean Cocteau unique et multiple, Pierre-Marie Héron (dir.), préface de Pierre Bergé, Montpellier, Éditions L’Entretemps, mai 2012.

Conçu à partir des richesses du fonds patrimonial conservé à la BU Lettres de Montpellier III, à l'occasion de l'exposition du fonds au musée Fabre (12 mai – 2 septembre), ce dvd-rom interactif complété d’un livre de 64 pages permet de plonger dans l'univers foisonnant du poète (ses oeuvres célèbres et moins célèbres, ses goûts et singularités, ses amitiés et grandes collaborations artistiques) et de s'immerger avec lui dans une époque dont il a dessiné les pointes et les reliefs.

 

11h15 Myriam Boucharenc (Paris X)

            Cocteau publiciste

« Publiciste » : tel est le mot que se sont partagé un bref laps de temps – le temps d’une vive polémique qui sévit dans les années trente – le journaliste et le publicitaire, pour en fin de compte le rejeter l’un et l’autre, par souci de ne pas se voir confondus. Une confusion pourtant historiquement fondée. Réinvestir ce terme « sensible » vise à rappeler la mitoyenneté, pour ne pas dire la collusion d’intérêts et de supports, qui s’est instaurée, dès le XIXe siècle, entre genres informatifs et commerciaux. Ce vocable tombé en désuétude pourra toutefois sembler, s’agissant de Cocteau, quelque peu décalé, et sans doute inattendu. Sauf à considérer que ce dernier incarne à sa manière, bien à lui, cette limite-non frontière du journalisme et de la publicité et leur porosité. A l’instar de la plupart des écrivains-journalistes, il a en effet joué non seulement sur un double, mais un triple registre, en s’aventurant dans les domaines limitrophes de la presse promotionnelle et de la bibliophilie commerciale (édition publicitaire, house organs, encarts de presse…) où se déployait alors volontiers la publicité triomphante. Cette communication s’efforcera, à la suite des incursions de Pierre Caizergues, de cerner la nature du lien qui, des années 1920 aux années 1960, se tisse entre la marque d’auteur et l’écriture pour les marques. Le parcours de Cocteau étant tout à la fois exemplaire de ce glissement du journalisme vers la publicité et singulier par la manière dont il a su maîtriser le plus « grand écart » qui puisse être entre la littérature « pure » et la littérature « pour ».

 

11h45  Adeline Wrona (Paris-Sorbonne)

            Le portrait de presse dans Le Foyer des artistes

 

12h15 Discussion

 

Pause

Après-midi : auditorium du musée Fabre

 

Présidence : David Gullentops (Université de Bruxelles-VUB)

 

14h30 Philippe Baudorre (Bordeaux III)

            Des articles au volume : Le Foyer des artistes (1947)

« Ce volume emprunte son titre à la seconde série d’articles publiée par Comoedia pendant l’occupation allemande. [...] C’est pourquoi je laisse publier ces articles, véritables Articles de Paris. »  À partir de ces phrases empruntées à l’avant-propos du livre, nous nous proposons de confronter les deux corpus (les textes publiés dans la presse entre 1937 et 1944 et ceux qui constituent le volume) et de réfléchir au geste éditorial de la reprise. 

 

15h     Jean-Paul Morel (Paris)

            Jean Cocteau, critique cinématographique

De ses premiers poèmes à la gloire du “cinématographe” dès 1916 à son dernier entretien donné à Léonce Peillard/Livres de France peu avant sa mort en octobre 1963, c’est quelque 285 articles, préfaces et lettres-préface, réponses à des interviews, consacrés au « ciné », que nous avons pu à ce jour recenser. Travail de journaliste ? travail de critique ? Jean Cocteau répugnait sans doute autant à l’étiquette de l’un ou l’autre de ces deux termes. Il s’est subtilement employé à ne jamais se laisser enfermer dans une revue spécialisée ; une petite part est naturellement employée à la promotion de ses propres oeuvres, mais jamais pour autant, d’articles de complaisance comme il l’a pu faire dans d’autres domaines. De son essai pour faire reconnaître le cinéma naissant comme la « dixième Muse » à sa “promotion” de la « caméra-stylographe », c’est à une autre lecture que son parcours nous invite.

 

15h30 François de la Bretèque (Montpellier III)

Le cinéma dans les recueils de presse de Cocteau

 

16h     Discussion et clôture du colloque

 

16h30 Comédie du Livre : Conférence de Peter Read (University of Kent)

 Cocteau et l'Angleterre

 

 

Accès aux lieux en tramway :

Université Paul-Valéry, site Saint-Charles : ligne 1, arrêt Place Albert 1er

Musée Fabre et Corum : ligne 1, arrêts Corum ou Comédie