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Fabulae insularum

Fabulae insularum

Publié le par Marc Escola

Bilbo le Hobbit, les Chroniques de Narnia et Le Seigneur des anneaux ont habitué leurs lecteurs à rencontrer dans le livre une ou plusieurs cartes des territoires qu'ils décrivent. En allait-il de même pour les lecteurs des fictions de la première modernité, entre les XVIe et XVIIIe siècles ? Dans Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle), qui paraît dans quelques jours aux éditions du Collège de France, Roger Chartier nous fait arpenter ces terres imaginaires, des itinérances de don Quichotte et menant jusqu’aux éditions vénitiennes d’œuvres de L’Arioste et de Pétrarque. L'enquête s’attache principlament à deux généalogies. La première, anglaise, donne à voir les périples d’un voyageur imaginaire présenté comme bien réel : elle conduit des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift à L’Utopie de Thomas More. La seconde, française et allégorique, a pour origine la Carte de Tendre, insérée dans la Clélie de Mademoiselle de Scudéry, et inclut les cartes galantes ou polémiques qui l’ont imitée. Selon les époques et les lieux, les cartes des fictions ont représenté des mondes à l’envers, satiriques, critiques ou utopiques ; elles ont brouillé la distinction entre le monde du livre et celui du lecteur ; elles ont aussi nourri la raison et les rêves, au-delà même de la lettre du texte.