"Le sujet qui parle ici doit reconnaître une chose : il aime à sortir d’une salle de cinéma". Ainsi s'ouvrait l'article publié par R. Barthes en 1975 sous le titre "En sortant du cinéma". L'auteur de La Chambre claire qui déclarait aimer "la photographie contre le cinéma" n'a pourtant pas cessé de dialoguer avec le septième art, dont il fut au moins une fois l'un des acteurs (dans Les Sœurs Brontë de Téchiné,1977). Deux livres paraissent coup sur coup pour prendre la mesure de ce qui a peut-être été pour Barthes la "question du cinéma" : dans La Nuit sera noire et blanche (Les Prairies ordinaires), J. Narboni relit La Chambre claire, parue sous triple pavillon (Gallimard, Cahiers du cinéma, Seuil), pour relever les traces d'une confrontation secrète du théoricien de la photographie avec la pensée d'A. Bazin. Le livre posthume de Philip Watts, Le Cinéma de Roland Barthes (De l'incidence éd.) montre comment le cinéma a constitué pour Barthes un terrain d’expérimentation privilégié ; l'édition française est suivie d’un entretien avec J. Rancière, où le philosophe revient sur sa propre relation à Roland Barthes et sur le rapport de ce dernier au cinéma. Barthes en sortant du cinéma, c'est aussi le titre choisi par M. Gil, É. Marty et A. de Baecque pour une triple manifestation parisienne : un cycle de rencontres au Centre Georges Pompidou (entre le 14 et le 23 oct.), une série de projections au cinéma Le Champo (du 30 sept. au 13 oct.), et un colloque à l’ENS (14-16 oct.) à l'initiative du Département Histoire et Théorie des Arts. Le Collège de France rendra lui aussi hommage à l'un de ses grands professeurs : le colloque "Avec Roland Barthes" (13-14 nov.) se propose d' examiner les diverses manières dont son œuvre a pu inspirer recherches, travaux et créations, non seulement dans le domaine littéraire, mais aussi en philosophie, sociologie, architecture, dans les arts et la musique.