Actualité
Appels à contributions

"L'anomalie en question(s)" (Revue TRANS-, n°26 )

Publié le par Université de Lausanne (Source : Revue TRANS-)

Appel à contributions

L'anomalie en question(s)

Revue TRANS-, n° 26

*

DESCRIPTION :

[English and Spanish versions below]

Lorsque Gregor Samsa et son entourage réalisent que le héros kafkaïen de La Métamorphose est devenu une blatte, leur monde n’est pas secoué parce qu’il n’est plus un homme mais parce qu’il ne peut plus aller travailler. La métamorphose de Gregor n’a donc d’intérêt pour la fiction qu’à partir du moment où l’irruption d’une nouvelle manière de percevoir les choses met en évidence les carcans d’une société emprisonnée dans des préoccupations matérielles. Il en est de même avec le sable qui monte graduellement au fil des actes dans Oh les beaux jours ! de Beckett : l’absence de réaction du personnage sur le point d’être enseveli oblige le spectateur à déplacer les questionnements existentiels soulevés par le monologue et à leur donner une signification autre, peut-être encore plus radicale. Dans les deux cas, c’est un écart par rapport à la régularité qui permet au lecteur de remettre en question le monde dans lequel il vit. Ces textes tirent leur puissance de l’anomal. Dans l’extrême liberté que possède la littérature à imaginer du nouveau, l’anomalie est sans doute l’outil le plus radical qu’elle puisse exploiter. Cependant, l’anomal a souvent été caractérisé comme l’infraction, volontaire ou involontaire, des normes et des règles, et ce concept a été rattaché à l’« anormal ». La confusion terminologique qui s’en est ensuivie a longtemps entravé toute réflexion précise sur les caractéristiques intrinsèques au concept d’anomalie.

C’est Georges Canguilhem qui, dans Le normal et le pathologique (1966), attire l’attention sur cette confusion étymologique : l’anomalie n’est pas l’antonyme de « nomos », de la norme, mais un substantif dont l’étymologie grecque, « anomalia », s’oppose donc à ce qui est régulier, égal, lisse (omalos). De ce fait, l’antonyme d’anomal ne serait pas le normal, mais ce qui est uniforme, ce qui n’a pas de sursaut, pas de perturbation, car il est régulier. L’apparition de l’anomalie bouleverse ainsi la linéarité des événements connus et reconnus, non en opposant à ceux-ci l’irruption d’une transgression des normes, mais en plaçant auprès d’eux un phénomène autre, possible certes, mais improbable.

Brisure, relief ou hiatus dans la linéarité des choses, l’anomalie pourrait aussi bien être source d’inquiétude que manifestation salutaire du « trouble qui naît à la longue de la permanence de de l’état normal ». (Canguilhem, 1966 : 216)

Aujourd’hui, il y aurait vraisemblablement deux difficultés à penser l’anomalie en tant qu’outil de réflexion ou d’analyse littéraire. La première relève de la symbiose qui s’est opérée au fil du temps avec l’« anormalité ».

En toute rigueur sémantique, anomalie désigne un fait, c’est un terme descriptif, alors que anormal implique référence à une valeur, c’est un terme appréciatif, normatif ; mais l’échange des bons procédés grammaticaux a entraîné une collusion des sens respectifs d’anomalie et d’anormal. Anormal est devenu un concept descriptif et anomalie est devenue un concept normatif. (Canguilhem, 1966 : 81).

Il aurait donc un travail à faire pour penser l’anomalie comme indépendante en tant qu’expérience extrême en soi, confrontée aux limites du cadre où elle surgit, dans le but de mettre en avant la perception épistémique renouvelée du monde qui se dégage.

La seconde difficulté, résultante de la première, serait celle d’établir un cadre explicatif critique permettant l’application du concept d’anomalie en littérature d’une manière qui ne soit pas restrictive. Or, il arrive souvent que les « irrégularités », en littérature, soient incluses dans des catégories qui appartiennent aux « écarts » attendus par les discours et les croyances expliquant le monde, à moins d’être l’élément d’une « disruptivité » dans l’ordre de la narration (Raphaël Baroni ou Jean-Michel Adam). L’anomalie a ainsi été intégrée dans des genres spécifiques qui, d’après la critique, comportent leurs propres « irrégularités régulières », tels le fantastique (Todorov dans son Introduction à la littérature fantastique), le merveilleux ou le magique (par exemple avec les variantes du « réel merveilleux » ou du « réalisme magique », présentes dans la littérature du Boom latino-américain au siècle dernier) : cases du discours officiel qui amenuisent et qui déminent le côté problématique – et problématisant – du surgissement même de l’anomal au sein d’un imaginaire (qui finit, lui, par voler en éclats).

Quel cadre concevoir pour ces irrégularités ? Comment bâtir un discours qui veille à ne pas réduire l’individualité de l’écart que l’anomalie oppose – et appose – aux normes, à la normalité, sans être, pour autant, « anormal » ? Quelles ruptures produit l’irruption de l’anomalie vis-à-vis des préjugés sociaux, psychologiques et/ou artistique et des cadres établis ? Quel champ ouvre-t-elle à la limitation de notre horizon d’attente et de nos expériences ?

Les propositions d’article (3000 signes), accompagnées d’une brève bibliographie et en comportant uniquement le titre, doivent être envoyées au 6 janvier 2020 au plus tard en fichier .DOC ou .RTF à l’adresse lgcrevue@gmail.com. En fichier séparé, le/la collaboratrice enverra sa présentation personnelle. Les articles retenus seront à envoyer pour le mercredi 25 mars 2020. Nous rappelons que la revue de littérature générale et comparée TRANS- accepte les articles rédigés en français, anglais, espagnol et italien. Le Comité évalue les propositions selon leur pertinence par rapport à l’appel, l’originalité de leur corpus, leur approche comparatiste ou leur qualité de réflexion théorique sur le thème proposé. Les articles ayant fait l’objet d’une publication antérieure (article, ouvrage, chapitre d’ouvrage), y compris dans une autre langue, ne seront pas retenus. Une feuille de style détaillant les normes de présentation des propositions est disponible sur notre site : https://journals-openedition-org.ezproxy.univ-paris3.fr/trans/2657

[ENGLISH VERSION]

The anomaly in question(s) :

When Gregor Samsa and his relatives realize that the protagonist of The Metamorphosis has become a cockroach, their world is shaken not because he is no longer a man, but rather because he cannot go to work anymore. Therefore, Gregor’s metamorphosis is only relevant for fiction from the moment new ways of perceiving things irrupt and highlight the shackles of a society imprisoned in its material concerns. Beckett’s Happy days fits into the same scheme: as the sand gradually rises throughout the play, the character’s lack of reaction when she is about to be buried forces the viewer to shift the existential questions raised by the monologue and to give them another meaning, perhaps a more radical one. In both cases, it is a deviation from regularity that allows the reader to reassess the world he lives in. The anomaly is therefore a major force in these texts: of all the imaginative freedoms literature has to offer, the anomaly is certainly the most radical tool that fiction can exploit. However, the anomaly has often been described as a voluntary or involuntary infraction of norms and rules, and this concept has been linked to the “abnormal”. For a long time, the terminological confusion that resulted has hindered a precise reflection on the intrinsic characteristics of the concept of anomaly.

In Le Normal et le pathologique1 (1966), Georges Canguilhem focuses on this etymological confusion: according to him, the anomaly is not an antonym for the word “nomos”, the norm. Its Greek etymology, “anomalia”, is rather the opposite of what is regular, even, smooth (omalos). As a result, the antonym of the “anomalous” is not the “normal”, but rather what is “uniform”, what does not have any bursts, any disruptions, because it is regular. Thus, the irruption of the anomaly shakes the linearity of events that are commonly accepted and recognized, not by opposing to them the transgression of norms, but rather by adding to them a phenomenon that is different, certainly possible, but improbable.

A crack, a relief or a gap in the linearity of things, the anomaly could be a source of unquietness as much as a salutary manifestation of the disturbance that arises, in the long run, from the permanency of the normal state. (Canguilhem, 1966: 216)2

Today, when we think of the anomaly as a tool for critical thinking or literary analysis, two challenges seem to emerge. The first one revolves around the symbiosis that linked the “anomalous” to the “abnormal” over time.

With all semantic rigor, anomaly refers to a fact, it is a descriptive word, whereas the abnormal refers to a value, it is an appreciative and normative word; but a grammatical quid pro quo led to a collusion of meanings between these two words. The abnormal has become a descriptive concept and “anomaly” has become a normative concept3. (Canguilhem, 1966: 81).

Thus, it seems important to think about the anomaly as an independent concept, an extreme experience in itself, confronted with the limits of the frame where it appears, in order to highlight the renewed epistemic perception of the world that emerges with it.

The second challenge, which results from the first one, would be to set an explicative and critical framework that could allow us to apply the concept of anomaly to literature in a non-restrictive way. As a matter of fact, in literature, “irregularities” often respond to “deviations” that are expected by discourses and beliefs explaining the world. They sometimes came to be analyzed as “disruptions” in the narrative succession (Raphael Baroni and Jean-Michel Adam). However the anomaly has been integrated into specific genres which have their own “regular irregularities”, such as “fantastic literature” (Todorov in The Fantastic : A Structural Approach to a literary genre (1973)) “fantasy” or the variants of the “marvelous real” and “magical realism” in 20th century’s literature from the Latin-American boom. These categories undermine and defuse the problematic – and problematizing – aspect of the irruption of the anomalous within fictional and imaginary worlds.

Which framework can be designed for these irregularities? How can one build a discourse that preserves the singularity of the “deviation” that the anomaly opposes to norms and normality, without confusing it with the “abnormal”? How does the anomaly violate social, psychological and/or artistic parameters and established frameworks? How does it challenge the reader’s traditional patterns of reception and which new fields does it open to them?

Article proposals (3000 signs), along with a brief bibliography and containing only one title, must be sent by January 6, 2020 at the latest in a .DOC or .RTF file to lgcrevue@gmail.com. In a separate file, the collaborator will send their personal presentation. Selected articles may be sent by Wednesday, March 25, 2020. We remind our collaborators that the journal of general and comparative literature TRANS- accepts articles written in French, English, Spanish and Italian. The journal committee evaluates the proposals according to their relevance, the originality of their corpus, their comparative approach or the quality of their theoretical reflection on the proposed theme. Articles previously published (as an article, book, book chapter), including in another language, will not be accepted. Presentation guidelines for the proposals are available on our website: https://journals-openedition-org.ezproxy.univ-paris3.fr/trans/2657

Notes

1 Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological, trans. Carolyn R. Fawcett & Robert S. Cohen, New York, Zone Books, 1991

2 Our translation. “Brisure, relief ou hiatus dans la linéarité des choses, l’anomalie pourrait aussi bien être source d’inquiétude que manifestation salutaire du « trouble qui naît à la longue de la permanence de de l’état normal”. (Canguilhem, 1966 : 216)

3 Our translation. “En toute rigueur sémantique, anomalie désigne un fait, c’est un terme descriptif, alors que anormal implique référence à une valeur, c’est un terme appréciatif, normatif ; mais l’échange des bons procédés grammaticaux a entraîné une collusion des sens respectifs d’anomalie et d’anormal. Anormal est devenu un concept descriptif et anomalie est devenue un concept normatif”. (Canguilhem, 1966 : 81).

[ESPAGNOL]

La anomalia puesta en cuestion(es) :

Cuando Gregor Samsa y su entorno se dan cuenta de que el héroe kafkiano de La metamorfosis se ha convertido en una cucaracha, su mundo no se ve perturbado porque él ya no es un hombre sino porque ya no puede ir a trabajar. Por eso la metamorfosis de Gregor sólo interesa a la ficción a partir del momento en que la irrupción de una nueva manera de percibir las cosas pone en evidencia los escollos de una sociedad encarcelada en preocupaciones materiales. Sucede lo mismo con la arena que aumenta paulatinamente de nivel conforme avanzan los actos en Oh les beaux jours ! de Beckett: la ausencia de reacción del personaje que está a punto de ser sepultado obliga al espectador a desplazar las interrogantes existenciales generadas por el monólogo y a darles una significación distinta, acaso aún más radical. En ambos casos, un distanciamiento con respecto a la realidad permite al lector cuestionar el mundo en el que vive: ambos textos obtienen toda su fuerza de lo anómalo. En la extrema libertad que posee la literatura para imaginar algo nuevo, la anomalía es quizá la herramienta más radical que se puede explotar. No obstante, se ha caracterizado a menudo lo anómalo como una infracción, voluntaria o involuntaria, de las normas y las reglas, y este concepto ha sido asociado a lo “anormal”. La confusión terminológica ulterior ha impedido durante mucho tiempo cualquier reflexión precisa sobre las características intrínsecas al concepto de anomalía.

Georges Canguilhem, en Le normal et le pathologique, nos hace prestar atención a esta confusión etimológica: la anomalía no es el antónimo de “nomos”, de la norma, sino un substantivo griego cuya etimología, “anomalia”, se opone así a lo que es regular, igual, liso (omalos). De tal modo, el antónimo de anómalo no sería lo normal, sino lo que es uniforme, lo que no conoce sobresaltos ni perturbaciones puesto que es regular. La aparición de la anomalía altera entonces la linealidad de los acontecimientos conocidos y reconocidos, no al oponerles la irrupción de una transgresión de las normas, sino al colocar cerca de ellos un fenómeno distinto, posible, es verdad, aunque improbable.

Quebradura, relieve o hiato, en la linealidad de las cosas, la anomalía podría ser no sólo una fuente de inquietud, sino también la manifestación salvadora de la “perturbación que nace a la larga de la permanencia del estado normal”. (Canguilhem, 1966 : 216)

Hoy habría probablemente dos dificultades a la hora de pensar la anomalía como herramienta de reflexión o de análisis literario. La primera tiene que ver con la simbiosis que se operó al cabo del tiempo con la “anormalidad”.

Con todo rigor semántico, anomalía designa un hecho, es un término descriptivo, mientras que anormal implica referirse a un valor, es un término apreciativo, normativo; pero el intercambio de los buenos procedimientos gramaticales originó una colusión de los sentidos respectivos de anomalía y de anormal. Anormal se convirtió en un concepto descriptivo y anomalía en un concepto normativo. (Canguilhem, 1966 : 81)

Se necesitaría entonces obrar para pensar la anomalía como algo independiente en tanto que experiencia extrema en sí, confrontada a los límites del marco en que surge, con el objetivo de poner en primer plano la renovada percepción epistémica del mundo que se desprende.

La segunda dificultad, resultante de la primera, sería la de establecer un marco explicativo crítico que permita la aplicación del concepto de anomalía en literatura de un modo que no sea restrictivo. No obstante, suele suceder que las “irregularidades”, en literatura, sean incluidas en categorías que pertenecen a los “distanciamientos” previstos por los discursos y las creencias que explican el mundo, elementos de una “disruptividad” en el orden de la narración (Adam, Baroni). La anomalía ha sido integrada de tal modo en géneros específicos que, según la crítica, conllevan sus propias “irregularidades regulares”, como lo fantástico (Todorov en su Introducción a la literatura fantástica), lo maravilloso o lo mágico (por ejemplo con las variantes de lo “real maravilloso” o del “realismo mágico”, presentes en la literatura del Boom latinoamericano del siglo pasado): casillas del discurso oficial que disminuyen y neutralizan la parte problemática – y problematizadora – del surgimiento mismo de lo anómalo al interior de un imaginario (el cual acaba por volar en pedazos).

¿Qué marco concebir para tales irregularidades? ¿Cómo construir un discurso que vele a no reducir la individualidad de la separación que la anomalía opone a –e inscribe en– las normas, a la normalidad, sin ser, por lo mismo, “anormal”? ¿Qué rupturas produce la irrupción de la anomalía frente a los prejuicios sociales, sociológicos y/o artísticos y frente a los marcos establecidos? ¿Qué campo abre a la limitación de nuestro horizonte de expectativas y de nuestras experiencias?

Las propuestas de artículos (3000 caracteres), acompañadas de una breve bibliografía mencionando únicamente el título, deberán enviarse antes del 6 de enero de 2019 en un archivo .doc o .rtf a la dirección lgcrevue@gmail.com. En un archivo aparte, el/la autora enviará su presentación personal. Los artículos seleccionados deberán ser remitidos el 25 de marzo de 2020. Recordamos que la revista de literatura general y comparada TRANS- acepta artículos redactados en francés, inglés, italiano y español. El Comité evalúa las propuestas dependiendo de su pertinencia con respecto a esta convocatoria, a la originalidad del corpus¸ la perspectiva comparatista o la calidad de reflexión teórica sobre el tema propuesto. Los artículos publicados anteriormente (artículos, libro o capítulo de colección), incluso en otra lengua, no serán tomados en cuenta. La hoja de estilo con los detalles de las normas de publicación de las propuestas se encuentra disponible en nuestro sitio: https://journals-openedition-org.ezproxy.univ-paris3.fr/trans/2657.

L'anomalia in question(i) (italien)

Non appena Gregor Samsa e le persone che lo circondano realizzano che l’eroe kafkiano de La Metamorfosi è diventato una blatta, il loro mondo non è scosso tanto dal fatto che questi non sia più un uomo quanto dal fatto che non può più andare a lavorare. La metamorfosi di Gregor non è dunque interessante per la fiction che a partire dal momento in cui l’irruzione di un nuovo modo di percepire le cose mette in evidenza le costrizioni di una società imprigionata da preoccupazioni materiali. Lo stesso discorso vale per la sabbia che aumenta gradualmente atto dopo atto in Giorni felici di Beckett: l’assenza di reazione da parte del personaggio sul punto di essere seppellito obbliga lo spettatore a spostare i termini degli interrogativi esistenziali sollevati dal monologo e a dar loro un significato altro, forse ancora più radicale. In entrambi i casi, c’è uno scarto relativamente a una regolarità che permette al lettore di rimettere in questione il mondo in cui vive. Questi testi traggono il loro potere dall’anomalia. Nell’estrema libertà che ha la letteratura di immaginare il nuovo, l’anomalia è senza dubbio lo strumento più radicale di cui possa servirsi. Al contempo, l’anomalo è spesso stato caratterizzato come infrazione, volontaria o involontaria, di norme e di regole, ed è stato legato all’“anormale” La confusione terminologica che ne è conseguita ha a lungo ostacolato qualsiasi riflessione precisa sulle caratteristiche intrinseche del concetto di anomalia.

È Georges Canguilhem che, ne Il normale e il patologico, porta l’attenzione su questa confusione etimologica: l’anomalia non è il contrario di «nomos», della norma, ma un sostantivo la cui etimologia greca, «anomalia», si oppone a ciò che è regolare, uguale, liscio (omalos). Di conseguenza, il contrario di anomalo non sarebbe il normale, bensì ciò che è uniforme, ciò che non ha sbalzi o perturbazioni, perché è regolare. L’apparizione dell’anomalia sconvolge così la linearità degli eventi conosciuti e riconosciuti, non opponendo loro l’irruzione di una trasgressione della norma, ma situando in prossimità un fenomeno altro, possibile certo, ma improbabile.

Rottura, rilievo o iato nella linearità delle cose, l’anomalia potrebbe anche essere al contempo fonte di inquietudine e manifestazione salutare del «problema che nasce a lungo andare dalla permanenza dello stato normale»1.

Oggi ci sarebbero verosimilmente due difficoltà a pensare l’anomalia come strumento di riflessione o di analisi letteraria. La prima deriva dalla simbiosi che nel corso tempo si è operata con l’«anormalità».

A rigore semantico, l’anomalia designa un fatto, è un termine descrittivo, mentre anormale implica il riferimento a un valore, è un termine valutativo, normativo; ma lo scambio dei buoni procedimenti grammaticali ha portato a una collusione dei rispettivi sensi di anomalia e di anormale. Anormale è diventato un concetto descrittivo e anomalia è diventato un concetto normativo2.

Bisognerebbe dunque fare un lavoro per arrivare a pensare l’anomalia come indipendente e in quanto esperienza estrema in sé, confrontata ai limiti del quadro da cui sorge, con l’obiettivo di mettere in primo piano la percezione epistemica rinnovata del mondo che si sprigiona da essa.

La seconda difficoltà, derivante dalla prima, consisterebbe nello stabilire un quadro esplicativo critico che permetta di applicare il concetto di anomalia in letteratura in una maniera non restrittiva. Ora, accade spesso che le « irregolarità », in letteratura, vengano incluse nelle categorie che appartengono agli «scarti» attesi dai discorsi e le credenze che spiegano il mondo, anche come elemento “disturbante” nel ordine della narrazione (Jean-Michel Adam, Raphaël Baroni). L’anomalia è così stata integrata in alcuni generi specifici che, secondo la critica, comportano le loro proprie « irregolarità regolari », come il fantastico (Todorov nella sua Introduzione alla letteratura fantastica), il meraviglioso o il magico (per esempio con le varianti del «reale meraviglioso» o del «realismo magico», presenti nella letteratura del Boom latino-americano del secolo scorso) : casi del discorso ufficiale che sminuiscono e semplificano il lato problematico – e problematizzante – del sorgere stesso dell’anomalo nell’ambito di un immaginario (che finisce per andare in pezzi).

Che quadro di riferimento concepire per queste irregolarità? Come costruire un discorso che badi a non ridurre l’individualità dello scarto che l’anomalia oppone – e appone – alle norme, alla normalità, senza essere, per questo, «anormale»? Quali rotture produce l’irruzione dell’anomalia di fronte ai pregiudizi sociali, psicologici e/o artistici e dei quadri stabiliti? In che modo forza la limitatezza del nostro orizzonte di attesa e delle nostre esperienze?

Le proposte di contributo (3000 battute), accompagnate da una breve bibliografia e includendo unicamente il titolo, devono essere inviate entro il 6 gennaio 2020 in formato .DOC o .RTF all’indirizzo lgcrevue@gmail.com. In un file a parte, la collaboratrice o il collaboratore invieranno la propria presentazione personale. Gli articoli selezionati dovranno essere inviati entro mercoledì 25 marzo 2020. Ricordiamo che la rivista di letteratura generale e comparata TRANS- accetta articoli scritti in francese, inglese, spagnolo e italiano. Il Comitato valuta le proposte in base alla loro pertinenza all’appello, all’originalità del corpus scelto, all’approccio comparatista o alla qualità della riflessione teorica sulla tematica proposta. Gli articoli già oggetto di una pubblicazione precedente (articolo, monografia, capitolo di libro), compreso in un’altra lingua, non saranno accettati. Un testo contenente le norme redazionali riguardanti le proposte e gli articoli è disponibile sul nostro sito all’indirizzo:

Notes

1 Traduciamo. « Brisure, relief ou hiatus dans la linéarité des choses, l’anomalie pourrait aussi bien être source d’inquiétude que manifestation salutaire du ‘ trouble qui naît à la longue de la permanence de de l’état normal ’ », (Canguilhem, 1966 : 216).

2 Traduciamo. « En toute rigueur sémantique, anomalie désigne un fait, c’est un terme descriptif, alors que anormal implique référence à une valeur, c’est un terme appréciatif, normatif ; mais l’échange des bons procédés grammaticaux a entraîné une collusion des sens respectifs d’anomalie et d’anormal. Anormal est devenu un concept descriptif et anomalie est devenue un concept normatif », (Canguilhem, 1966 : 81).