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André Antoine, du théâtre au cinéma

André Antoine, du théâtre au cinéma

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Célèbre dans l’histoire du théâtre pour avoir fondé en 1887 le Théâtre-Libre qui révolutionna la mise en scène moderne, André Antoine consacra la dernière partie de sa vie au cinéma et à la critique, tournant huit ­films entre 1915 et 1922. Inspiré par les théories naturalistes d’Émile Zola, il appliqua au nouvel art une méthode rigoureuse reposant sur l’expérience du milieu, dans la continuité de sa pratique théâtrale. Dans André Antoine au cinéma. Une méthode expérimentale (Mimésis éd.), Manon Billaut analyse l’opération cinématographique qu’Antoine mobilise à chacun de ses films selon le protocole expérimental qui lui est propre : investigation, écriture, tournage et direction d’acteurs.

Rappelons l'essai de Philippe Esnault, Antoine cinéaste (L'Age d'Homme, 2012), pour introduire à une œuvre cinématographique largement méconnue, qui se proposait de prendre sur le fait la vie naturelle et sociale pour que le public s’y réfléchisse, et de promouvoir un cinéma comme un théâtre également populaires. Il y retraçait notamment l'histoire du chef-d’œuvre d'Antoine, resté longtemps inédit et montré en 1984 seulement : l’Hirondelle et la Mésange (1920), resté à l’état de rushes par la volonté du producteur Charles Pathé et reconstitué par Henri Colpi, avec la collaboration de Philippe Esnault – sortie qui consacra la "réhabilitation" d’Antoine cinéaste, négligé depuis soixante ans par l’histoire du cinéma. Ce film, tourné sur les canaux du Nord, parmi les mariniers, au gré des écluses et des villes qui s’échelonnent sur l’itinéraire, mêle les acteurs aux populations et aux travailleurs, offrant ainsi un cadre documentaire à un récit dramatique devenu presque naturel.

(Illustr.: A. Antoine, L'Hirondelle et la mésange, 1920)