Édition
Nouvelle parution
A. Flouquette, Les affaires du club de la rue de Rome

A. Flouquette, Les affaires du club de la rue de Rome

Publié le par Marc Escola

LES AFFAIRES DU CLUB DE LA RUE DE ROME

ADORÉE FLOUPETTE

Une aventure imaginée par Raphaël Eymery, luvan, Léo Henry et Johnny Tchekhova

La Volte éd.

Illustrations intérieures et de couverture par Ambre

Broché – 400 pages – 19 €

ISBN : 978-2-37049-086-5

Parution le 23 janvier 2020

 

Jamais sans doute n’a-t-on connu personnalité plus énigmatique qu’Adorée Floupette, ni ouvrage plus mystérieux encore que son propre auteur que ces Affaires du club de la rue de Rome écrites par cette même Adorée Floupette. Ces enquêtes composent une saga d’aventures historiques prenant place dans le Paris fin-de-siècle, entre les brumes de la gare Montparnasse et les berges de Seine encombrées par les bouquinistes d’époque. Jadis intitulé M***, 1890’s, ce recueil de mystères policiers met en scène Stéphane Mallarmé, Pierre Louÿs ou Octave Mirbeau, sur la piste de disparitions inexpliquées ou de crimes surnaturels. Autour d’eux règne un Mal ambigu, indéfinissable et effroyable, dont on ne sait s’il se joue des détectives ou du lecteur.

SUIVRE LE CLUB DE LA RUE DE ROME, C’EST ENTRER DANS UN DÉDALE MYSTIQUE DONT ON NE RESSORT PAS TOUJOURS SAUF. ET PAS TOUJOURS TRÈS SAIN : VOUS VOILÀ PRÉVENUS.

Une inquiétante épidémie aux symptômes mortels qui frappe les jeunes filles. Un Pierrot lunaire s’évaporant sous les yeux de ses poursuivants. Une tête qui trône sans corps à la manière d’un sphinx d’outre-tombe.

Seuls d’authentiques enquêteurs, familiers de l’horreur et du fantastique, sauraient résoudre ces affaires qui nous plongent chacune à sa manière dans une surprenante spirale macabre.

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Voir le livre sur le site de l'éditeur…

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On peut lire sur en-attendant-nadeau un billet de S. Omont sur cet ouvrage :

À la fin du XIXe siècle, Adorée Floupette publia Les Déliquescences, poèmes décadents, œuvre dans laquelle certains virent une parodie et une imposture littéraire. Dans la préface aux Affaires du club de la rue de Rome, Léo Henry explique comment il a retrouvé par hasard ses notes préparatoires à une « saga d’aventures surnaturelles ». Avec Raphaël Eymery, luvan et Johnny Tchekhova, il a décidé de rédiger quatre de ces histoires mort-nées.

Le premier intérêt des Affaires du club de la rue de Rome est de donner chair à des figures artistiques du Paris de 1891, regroupées autour de M*** – lequel se  dévoile rapidement comme le Mallarmé des mardis – pour combattre le mal. « L’Étrange Chorée du Pierrot blême » nous plonge dans les music-halls et les bals, où dansent la Goulue, Valentin le Désossé, Fregoli, et surtout Jane Avril, héroïne complexe de ce récit à l’atmosphère particulièrement réussie. Le Moulin Rouge, Le Chat Noir revivent ; comme le XIIIe arrondissement, zone intermédiaire entre ville et campagne, quartier populaire propice aux faits divers, entre « noces ardentes de la Bièvre » et « étrangleurs des Gobelins ». « L’Étrange Chorée du Pierrot blême », à l’instar des autres nouvelles, fait la part belle aux femmes, danseuses de Nini Patte-en-l’air ou pétroleuses de la Commune, dont Eulalie Papavoine, de retour de dix ans de bagne à l’île des Pins.

Le décadentisme irrigue les images sordides de « L’Effroyable Affaire des souffreuses » : l’absinthe et le corps malade échangent leur descriptions : « l’absinthe – verte, émeraude, opaline comme l’intérieur morveux d’une vieille déesse ou d’une aïeule qu’on vient d’ouvrir du sexe à la gorge ». C’est le quartier Mouffetard, « fétide et froid », qui se tient au centre d’une action où interviennent plusieurs écrivains anglais, et, comme la nouvelle précédente et la suivante, cette histoire se termine sous terre. « Les Plaies du ciel », qui se déroule principalement à l’air libre et qui sort de Paris, est d’ailleurs le moins convaincant des quatre textes. L’intrigue y souffre d’improbables grincements, mais on y suit un intéressant Octave Mirbeau, hésitant anarchiste, et la nouvelle, comme les autres, franchit les limites de l’humain. Les consciences sont engourdies, les cadavres animés, les volontés captives.

« Coquillages et crustacés », par son écriture elliptique, son mystère préservé, son folklore russe et juif, crée un fantastique enthousiasmant. Les protagonistes en sont Gustave Moreau et deux personnalités moins connues de la peinture, Berthe Weill, première femme à ouvrir une galerie à Paris, et Maria Iakountchikova, jeune peintre morte précocement. Ici, elles mènent avec Moreau une enquête aquatique qui les conduit, entre carnaval et ravissement, à un combat souterrain opposant fées vertes et « ondins putrides », « rusalki » et « bannik, bolotnik et vodyanoy ». Mais c’est surtout la féminité qui se trouve au cœur du récit : les jeunesses de Berthe et de Maria contre l’obscurité d’une Lilith noire, qui étouffe, à la fois poulpe, serpent et Léviathan. Bien qu’inégales, les nouvelles des Affaires du club de la rue de Rome représentent de façon frappante l’époque et la vision des décadents et des symbolistes, leur ébullition comme leurs outrances. Une époque qui correspond peut-être aux derniers feux du surnaturel en art.