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Appels à contributions
Lecteurs et lectrices/Théories et fictions

Lecteurs et lectrices/Théories et fictions

Publié le par Marc Escola (Source : Sébastien Hubier)



Appel à contribution
Lecteurs et lectrices / Théories et fictions.

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Il s'agit, en deux journées d'études – dont l'une se tiendra à Reims, sous l'égide du Centre de Recherche sur les Langues, les Littératures, la Lecture et l'Elaboration de la Pensée, à le 4 novembre 2005 et l'autre à Dijon, sous l'égide du Centre Interférences Culturelles Européennes, en mars 2006 – d'explorer successivement deux perspectives complémentaires. Les travaux s'inscriront à la croisée des théories de la lecture et de l'histoire culturelle des représentations, qui a ceci de commun avec le comparatisme qu'elle prend en compte les facteurs économiques, sociaux, politiques et idéologiques déterminant les productions esthétiques, sans négliger pour autant l'examen des genres et des formes. Ces deux journées ont pour ambition de jeter les bases de travaux à venir.


1) Lecteurs/Lectrices : théorie et pratique (Reims)
Parmi les réflexions théoriques sur la lecture, certaines, à la suite de Michel Picard, s'attachent au lecteur réel. Pourtant le lecteur réel reste une catégorie générale englobant sans réellement les distinguer lecteurs et lectrices.
De même qu'on a pu envisager des traits d'écriture féminine, existe-t-il objectivement des traits de lecture féminine, ou encore, pour paraphraser Julia Kristeva, un " génie féminin " de la lecture ?
La lectrice, si elle doit être distinguée du lecteur, présente-t-elle des particularités psychoaffectives en partie tributaires de sa constitution biologique ? Il s'agirait de se demander si les différences entre les organisations psychiques masculine et féminine décrites par Freud, notamment en ce qui concerne la castration et l'Oedipe, ont une incidence sur les pratiques concrètes de lecture.
Ou bien le féminin n'est-il qu'un trait psychosomatique socialement et historiquement déterminé ? Quelle est alors l'incidence des modèles socioculturels en matière de pratique lectrice ? On peut notamment s'intéresser, dans le sillage de l'école de Birmingham, à ce que les womens's studies – et plus généralement, les gender's studies – sont en mesure d'apporter aux théories de la lecture.


2) Théories/Fictions (Dijon)
Il s'agira d'étudier l'influence du développement des différentes théories de la lecture et de l'interprétation sur la production romanesque, ou plus généralement, fictionnelle.
Cette recherche est double : il conviendra d'une part de considérer l'incidence de ces théories sur la composition même des fictions qui s'en inspirent, les intègrent, les simplifient ou, a contrario, en indiquent les limites et les moquent. Ainsi, on pourra s'intéresser, par exemple, à la façon dont les préceptes de la déconstruction informent les fictions postmodernes ou dont les théories de la lecture proposées par Umberto Eco éclairent la structure et l'interprétation de ses romans – ou de ceux d'autres auteurs qui brûlent, par la fiction, d'illustrer ou d'attaquer lesdites théories. On pourra s'interroger de même sur la manière dont les fictions du XXe siècle composent avec la propagation de la théorie psychanalytique et les interprétations dont elle est potentiellement porteuse. (Que doivent, par exemple, les nouvelles de D. Kosztolányi aux théories sur l'inconscient et l'art développées par Ferenckzi).
D'autre part, il s'agira d'analyser comment la tradition du personnage de lecteur –récurrent et précisément codifié depuis l'époque romantique, et souvent étudié – s'est trouvée affectée par le fait qu'ainsi que, selon la formule d'Yves Chevrel, " le lecteur est devenu un véritable héros de la recherche littéraire " depuis les années 1970-1980. On pourrait ainsi s'interroger, entre autres exemples, sur la manière dont les différents modèles théoriques pèsent sur la représentation du lecteur et de la lectrice dans Si par une nuit d'hiver un voyageur de Calvino, ou sur ce que la lectrice forcenée du Misery de Stephen King doit aux rapprochements entre les théories de la lecture et les recherches en psychologie. Naturellement, les périodes plus anciennes ne sont pas exclues de ce champ d'études, et l'on pourrait encore se demander comment la représentation fictionnelle de modes de lecture médiévaux antagoniques dans Le Nom de la rose a permis ensuite à U. Eco d'établir ou de préciser un modèle moderne de lecture.


Les propositions de communications sont à envoyer, au format rtf, à alain.trouve@wanadoo.fr ou à SebastienHubier@aol.com, ou, par slow mail, à Alain Trouvé, CIRLLLEP, Université de Reims, 57 rue Pierre Taittinger, 51096 Reims Cedex ou à Sébastien Hubier, Université de Dijon, ICE, 2 boulevard Gabriel, 21 100 Dijon.