
L’artiste allemand Anselm Kiefer a longtemps hésité entre la pratique de l’écriture et celle de la peinture. Si c’est la deuxième qu’il choisit, il reste que la littérature occupe une place prépondérante dans son œuvre ; le livre, par sa matérialité et son esthétique, a été son premier support de création. Les livres d’artiste qu’Anselm Kiefer réalise dès les années 1968 et 1969 sont d’abord un lieu d’expression d’idées et d’associations de pensées, puis deviennent rapidement un lieu d’exploration dans lequel la succession des pages rend possibles la construction d’un récit et son inscription dans une durée. Les sujets qui y sont élaborés sont ensuite redimensionnés dans l’ensemble de son œuvre et notamment dans la xylographie. Cet art de l’impression lui permet d’envisager des formes narratives dans un espace tout autre qu’est celui de la toile. La Fondation Jan Michalski (Montricher, Suisse) consacre une exposition à Anselm Kiefer, Livres et xylographies, qui vient montrer les liens que l’artiste entretient avec la poésie, les mythes, les récits sumériens et bibliques, les contes, l’histoire, la philosophie, la kabbale ou encore l’alchimie, à travers un ensemble de livres datés de 1969 à 2017 accompagné d’un choix de xylographies, les plus récents étant présentés pour la première fois.