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Pétition et débat pour le prêt gratuit en bibliothèques

Pétition et débat pour le prêt gratuit en bibliothèques

Publié le par Alexandre Gefen

L'écrivain François Bon nous fait parvenir cette pétition centralisée par la librairie Le Point du Jour, Paris 75 005 pour le prêt gratuit dans les bibliothèque françaises.


Pétition de principe pour le prêt gratuit dans les bibliothèques

Auteurs, professionnels de l'édition, libraires et bibliothécaires, nous tenons à réaffirmer ensemble notre attachement au prêt gratuit dans les bibliothèques publiques. Pour ce motif élémentaire : sans elles, nombre d'entre nous n'auraient jamais lu ni trouvé leur voie dans les métiers du Livre. Nous exprimons aussi par là notre fidélité à l'effort d'alphabétisation laïque et à l'esprit des Bourses du travail qui contribuèrent à l'aube du XXe siècle à développer des lieux de libre accès aux cultures livresques sous cette simple appellation : " bibliothèques pour tous ". Aujourd'hui comme hier nous nous sentons fidèles à ce principe : la gratuité est un service que la collectivité se rend à elle-même.

Le succès grandissant des bibliothèques auprès d'un public souvent jeune et majoritairement peu argenté nous paraît la meilleure réponse aux prophètes de malheur qui rêvent à voix haute de la fin de l'ère Gutenberg. On s'étonne donc de voir le Syndicat national de l'edition et la Société des gens de lettres envoyer une adresse au ministre de la Culture dont le ton général tend à présenter l'accroissement du nombre d'emprunts en bibliothèques sous ce seul aspect négatif : les auteurs seraient spoliés de leurs droits. Pas un seul mot pour se réjouir de la popularité maintenue de la lecture. En lieu et place, une attaque, rédigée en termes procéduriers, contre la gratuité d'un des derniers services municipaux rescapés de la privatisation.
À en croire cette lettre ouverte, les écrivains ne bénéficieraient pas de la "moindre rémunération". C'est oublier que les bibliothèques font d'abord l'acquisition des ouvrages du catalogue (souvent en plusieurs exemplaires). Quant à payer chaque auteur à proportion des sorties de ses oeuvres hors des rayons, certains peuvent en défendre l'idée, mais pourquoi privilégier la taxation des usagers et remettre à l'ordre du jour ce vieil adage : "On ne prête qu'aux riches" ?

Enfin, notons que si la lettre ouverte de la SGDL et du SNE accuse de "contrefaçon" les bibliothèques publiques, elle passe sous silence d'autres périls, autrement plus inquiétants pour l'avenir des librairies de quartier, des petits et moyens éditeurs indépendants et des écrivains peu lucratifs. Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur les centrales d'achat en hypermarchés et ailleurs, sur l'homogénéisation des politiques d'acquisition en bibliothèques, sur le jeu des marges consenties aux libraires, sur la quote-part du diffuseur-distributeur, sur la précarité sociale des intermittents sans statut que sont les auteurs, sur l'OPA agressive des promoteurs du e-book contre le "support-papier", sur la concentration de l'édition aux mains de deux groupes monopolistiques, etc.
D'où notre conviction répétée que les professionnels se tromperaient d'ennemis en s'en prenant aux amateurs de livres, quels qu'ils soient.

Si vous souhaitez vous associer à cette pétition, vous pouvez transmettre vos nom, prénom et profession par l'un ou l'autre des moyens suivants :

Répondeur téléphonique : 01 43 36 11 45
Télécopie : 01 43 26 20 17
Adresse postale : "Pour le prêt gratuit", c/o Librairie Le Point du jour, 58 rue Gay-Lussac, 75005 Paris.
e-mail : pretgrat@yahoo.fr