Questions de société
Déclaration de la CDUL sur les projets de réforme de la formation des enseignants (16/12/09)

Déclaration de la CDUL sur les projets de réforme de la formation des enseignants (16/12/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Voir aussi: Masterisation: tous les communiqués et toutes les motions (màj 16/12/09)


Déclaration de la conférences des doyensdes universités de Lettres:

Déclaration de la CDUL sur les projets de réforme de la formation des enseignants (16 décembre 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3267

Leschangements et décisions intervenus en mai-juin 2009, suite à unelongue période de blocage et de crise subie par les universités,ouvraient la voie à un réexamen complet du projet de rénovation de laformation des enseignants, à l'élaboration collective d'un projet à lafois ambitieux et réaliste, et surtout partagé. Cette démarche a vuprogressivement se restreindre ses perspectives de réussite, à la suited'une série de décisions unilatérales refermant progressivement lesmarges de réflexion des instances de concertation mises en place :décrets de l'été 2009 sur les conditions d‘accès au recrutement,feuille de route des groupes techniques, décisions sur les stages.

Les premiers éléments d'orientation communiqués le 13 novembre, puisles projets de texte de cadrage sur les masters diffusés ces derniersjours confirment la volonté des ministères concernés d'imposer unschéma exclusivement fondé sur les options affichées il y a un an, etqui ont conduit à la crise que l'on sait, au risque de reproduirecelle-ci. La communauté universitaire, qui, en tant qu'acteur majeur deces formations, avait pris ses responsabilités en développant unensemble de propositions cohérentes et réalistes, se voit ainsinotifiée une fin de non-recevoir, et réduite au rang d'exécutante.

Le résultat, tel qu'il apparaît à travers les informations etdocuments disponibles, est un schéma de master très éloigné descritères et des exigences qualitatives propres à ce type de formationet faisant peu de cas des réalités de terrain. De manière plusinquiétante, les formations qui seraient construites sur ces basesporteraient en elles des risques majeurs pour les étudiants, la qualitéet la cohérence du corps enseignant, donc les usagers du systèmeéducatif, et les universités, sans oublier l'impact social désastreuxdu dispositif envisagé.

– Le cadre proposé ne peut déboucher que sur des cursus incohérents,tant par la désarticulation des contenus de formation que par lesinterférences entre calendrier des concours et calendrieruniversitaire, qui conduisent à une seconde année constituée deséquences en désordre et sans lien, aux allures de patchwork, réduisantce qui relève du master universitaire à la portion congrue.L'incompatibilité de ce schéma avec toute ouverture internationale, enparticulier sous forme de mobilité, est de plus patente.

– L'accumulation des exigences en direction des étudiants sembledéraisonnable : préparation à un, voire deux concours, validation desenseignements de master, réalisation d'un travail de recherche(condition d'un accès ultérieur au doctorat), stage correspondant à sixsemaines d'emploi temps plein, préparation à une insertionprofessionnelle alternative… Elle rend de fait ces formationsinaccessibles à la plupart des étudiants, ne serait-ce qu'en termes degestion du temps, dans un calendrier très contraint.

– La conséquence en sera inéluctablement soit une dissociation dansle temps du master et du concours, donc un allongement du temps deformation défavorable aux étudiants aux ressources modestes ; soit uncontournement par d'autres masters, qui ajoutera à cet inconvénientcelui de produire, en cas de réussite au concours, des enseignantstotalement dépourvus d'expérience du milieu scolaire, avec les effetsque l'on peut imaginer pour les élèves en difficulté.

– Le calendrier de concours est appelé de plus à générer despréparations extra-universitaires par nature socialement sélectives,quand il ne prive pas les étudiants de ressources financières liées auxpériodes de vacances ; il apparaît dès lors que ce dispositif exclut defait du recrutement certaines catégories sociales, et ne peut répondreà l'objectif majeur d'un corps enseignant en adéquation avec ladiversité de notre société.

– La représentation des masters sur laquelle reposent les projetsministériels actuels apparaît par ailleurs totalement déconnectée de laréalité : la notion de master « généraliste » est ainsi encontradiction même avec le concept de master, celle d‘assortir tous lesmasters d'un parcours « enseignement » n'est pas moins absurde.

– Ces projets, qui induisent un effacement de fait de la dimensionprofessionnelle des métiers de l'enseignement scolaire, semblent enfinnier une évidence de bon sens : « enseigner est un métier quis'apprend ».

L'ensemble du dispositif ne peut donc faire l'objet que d'un rejet sans appel par l'ensemble de la communauté universitaire.

Pour le Bureau de la CDULJacques MIGOZZI, président

jacques.migozzi@unilim.fr05 55 43 56 01