L'Etat s'attend à une forte baisse du nombre d'étudiants d'ici à 2017
LE MONDE | 01.01.09 | 11h06 • Mis à jour le 01.01.09 | 11h06
Le nombre d'étudiants devrait baisser sensiblement d'ici à 2017. C'est ce qu'indique une note prévisionnelle du ministère de l'enseignement supérieur, publiée fin décembre. Alors que 2 228 000 étudiants étaient inscrits dans le supérieur à la rentrée 2007, ils ne devraient plus être que 2 074 000 en 2017, soit une baisse de 6,9% en dix ans.
Tous les établissements ne seront pas logés à la même enseigne. L'université perdrait 15,2% d'étudiants en dix ans (–195 700). Mais cette moyenne masque de grandes disparités selon les filières : les sciences et les lettres perdraient chacune près d'un tiers de leur effectif, alors que la santé (+24,2 %) et le droit (+15,1 %) devraient nettement progresser.
La perte au sein des instituts universitaires de technologie (IUT) s'élèverait à 1,1 % et à 3,3 % dans les sections de techniciens supérieurs (STS). Les classes préparatoires aux grandes écoles, en revanche, gagneraient 4,9 % d'élèves. D'autres formations, tels que l'enseignement (les actuels IUFM) ou les écoles de commerce, verraient leurs effectifs gonfler de 9,8 %.
Marché de l'emploi déprimé Ces tendances s'expliquent, selon cette étude, par deux phénomènes cumulés. Un "effet générationnel", tout d'abord : "Le nombre d'élèves de terminale serait en net recul jusqu'en 2012, du fait de la baisse des naissances en France au début des années 1990. Après 2012, leur effectif augmenterait à nouveau régulièrement jusqu'en 2017, sans toutefois retrouver le niveau de 2007." Le taux de réussite au bac (qui dépasse aujourd'hui 80 %) devrait encore progresser, sans compenser la baisse du nombre d'élèves. En dix ans, le nombre de bacheliers (bac général et technologique) baisserait de 4,9 % et resterait quasi stable (+0,5 %) pour le bac professionnel.
Deuxième phénomène, selon l'auteur de l'étude : depuis 1995, "les bacheliers ont de moins en moins tendance à poursuivre leurs études dans l'enseignement supérieur et plus particulièrement à l'université". Ils préfèrent "d'autres formations en France ou à l'étranger, ou alors arrêter leurs études".
Selon la note du ministère de l'enseignement supérieur, certaines mesures gouvernementales – comme le plan pour la réussite en licence – pourraient permettre de ralentir la chute des effectifs attendue à l'université. "En 2017, on devrait compter 167 600 étudiants de moins à l'université par rapport à 2007, au lieu d'une baisse de 195 700 dans le scénario tendanciel", relève l'auteur de l'étude. La crise économique pourrait également contribuer à freiner la baisse du nombre d'étudiants. Chez certains jeunes, la tentation sera grande de poursuivre leurs études plutôt que d'affronter un marché de l'emploi déprimé.
Benoît Floc'h
Questions de société
Publié le par Marc Escola