Collectif
Nouvelle parution
Sabine Frommel, Juliette Ferdinand, Giulia Cicali (dir.), Suspendre l'éphémère : l'art de la fête en Europe à l'époque moderne

Sabine Frommel, Juliette Ferdinand, Giulia Cicali (dir.), Suspendre l'éphémère : l'art de la fête en Europe à l'époque moderne

Publié le par Eloïse Bidegorry

L’art de l’éphémère à l’Époque moderne présente un paradoxe dans son essence, si l’on considère d’une part les moyens considérables qu’il mobilise – de la réalisation minutieuse des œuvres à leur coût exorbitant – et d’autre part son caractère transitoire.

Un tel contraste doit être envisagé en tenant compte du rôle des fêtes pour lesquelles de telles créations virent le jour  : un rôle fondamental dans la construction de l’image des maisons dirigeantes, des élites de gouvernement, des autorités ecclésiastiques ou des libres républiques qui en furent les promotrices. En outre, les inventions mises en œuvre le temps d’une entrée triomphale ou d’une fête de palais ont souvent connu une seconde vie grâce aux gravures, aux chroniques, aux livrets les décrivant minutieusement avec l’intention de «  suspendre l’éphémère  » dans le temps et dans l’espace, afin d’en immortaliser les mécènes.

Ce volume interroge les caractéristiques des créations éphémères, les relations et les différences qu’elles entretiennent avec les œuvres pérennes, qu’elles surpassent parfois et inspirent souvent. Si ce phénomène est particulièrement évident dans plusieurs régions de l’Italie, notre objectif est d’élargir notre horizon de recherche vers d’autres pays européens comme la France, la République tchèque, la Pologne, les Pays-Bas et l’Espagne, afin de mieux comprendre les dynamiques des échanges artistiques à travers le continent.

Le présent essai étudie les contextes dans lesquels sont nées ces manifestations, leurs finalités, le dialogue établi entre clients, artistes et public. Le rôle du temps est un autre élément au cœur de notre réflexion  : quelle trace reste-t-il des inventions conçues pour des fêtes ? Quelles stratégies ont été mises en œuvre pour en transmettre la mémoire ?

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Sabine Frommel est directrice d’études en Histoire de l’art de la Renaissance à l’École pratique des hautes études-PSL. Ses recherches couvrent un large éventail de thèmes transversaux : les grands architectes de la Renaissance italienne, l’évolution des typologies et des langages architecturaux aux XVe et XVIe siècles, les processus de migration en Europe, la repré sentation de l’architecture dans la peinture, la naissance et le développement de la discipline d’histoire de l’architecture. Parmi ses dernières publications, Forma Ideale durante il Rinascimento (avec U. Pfisterer, 2012) ; Peindre l’architecture durant la Renaissance. Origines, évolution, transmission d’une pratique polyvalente (Chaire du Louvre 2020)

Juliette Ferdinand est titulaire d'un doctorat en histoire de l'art et enseigne à l'université de Vérone. Spécialiste du céramiste français Bernard Palissy, ses recherches portent sur l'art de la Renaissance en Europe, avec une approche interdisciplinaire couvrant la littérature artistique, l'art des jardins, le rôle des artisans dans le développement des sciences, l’impact de la Réforme protestante sur les arts. Parmi ses publications les plus récentes: “Renaissance Gardens and Tapestry as a Microcosm”, in Eternal Spring Gardens and Tapestries in the Renaissance, cat. d’exposition (Mechelen 2024-2025); “Metamorfosi e ibridazioni artistiche fra l’Italia e la Francia nel Cinquecento”, in Bosch e l’altro Rinascimento, cat. d’exposition (Milano, 2022); Artisan des réformes. Bernard Palissy entre dans l'art, science et foi (Munich 2019). Avec Carlo Corsato, elle a dirigé le numéro spécial Art and Culture North and South of the Alps from the Fifteenth to the Eighteenth Century. Essays in Honour of Bernard Aikema, Artibus et Historiae, 78 (XXXIX), 2018.

Giulia Cicali est une historienne de l’art moderne, spécialisée dans l’étude des dynamiques artistiques et culturelles qui lient la Toscane et la France (XVIe-XVIIIe siècle), ainsi que dans l’évolution de la sculpture monumentale et l’intégration de la statuaire dans l’espace urbain et les jardins palatiaux. Chercheuse à l’École pratique des hautes études (PSL), elle est affiliée à l’équipe HISTARA ; elle contribue activement à la recherche en publiant des études innovantes sur l’œuvre du sculpteur Francesco Bordoni et sur la circulation des artistes italiens à la cour française ; elle est organisatrice de colloques internationaux et de travaux collectifs sur la représentation du pouvoir à travers l’art permanent et éphémère, avec une attention particulière aux contextes médicéens et à leur influence en Toscane et en Europe.