
Prise de parole, prise d’écriture. Ethnocritique du devenir-écrivaine
Journée d’étude internationale
Lundi 2 juin 2025
EHESS
54 boulevard Raspail, Paris VIe
Salle des Instances
Entrée libre
Cette journée d’étude internationale, qui se déploie au croisement des études littéraires, de l’anthropologie, de la sociologie de la littérature et des études de genre, se donne pour objet d’examiner, corpus d’autrices françaises à l’appui, ce que leurs œuvres disent des processus qui les ont conduites à passer à l’acte d’écrire. L’enjeu consistera plus précisément à éprouver la validité de concepts jadis forgés pour rendre compte d’un devenir-écrivain – en particulier ceux développés par l’ethnologue Daniel Fabre à propos du « corps pathétique de l’écrivain » promu, au gré du transfert de sacralité qui a marqué le champ artistique depuis l’époque romantique, au statut de nouveau roi (au corps symptomatique), de nouveau christ (de souffrance) et d’« androgyne fécond » captant les pouvoirs génésiques des femmes pour s’auto-engendrer en créateur. Il s’agira de se demander ce qui subsiste d’un tel cadre théorique dès lors qu’on explore le versant féminin de la création littéraire et d’ouvrir de nouvelles perspectives d’analyse, plus aptes à rendre compte des spécificités du devenir-écrivaine d’autrices reconnues, de George Sand à Virginie Despentes en passant par Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et Christine Angot.
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Programme
9h – Café de bienvenue
9h30 – Mot d’accueil
Introduction
9h45-10h30 – Marie Scarpa (Université de Lorraine-Crem) : « De l'anthropologie de la vie de l'écrivain à l'ethnocritique du devenir-écrivaine »
Première session
10h30-11h – Sophie Ménard (Université de Montréal-LEAL) : « Savoir-faire féminins et vocation sandienne : ethnocritique des “romans entre quatre chaises” »
11h-11h30 – Damien Zanone (Université Paris-Est Créteil-LIS) : « “La maison déserte”, ou la chambre à soi de George Sand »
11h30-12h – Discussion avec Christine Planté (Université Lumière-Lyon 2-IHRIM) et Judith Lyon-Caen (GRIHL-EHESS)
12h – Pause déjeuner
Deuxième session
13h30-14h – Claudia Bouliane (Université d’Ottawa-CRIST) : « Survivre à l’amie : l’écriture en héritage, ou le devenir-écrivaine de Beauvoir »
14h-14h30 – Savannah Kocevar (Université de Lorraine-Crem) : « De sang et d’encre : le devenir-écrivaine dans le cycle indochinois de Duras »
14h30-15h – Discussion avec Véronique Montémont (Université de Lorraine-ATILF) et Christelle Reggiani (Sorbonne Université-STIH)
15h – Pause
Troisième session
15h15-15h45 – Véronique Cnockaert (Université du Québec à Montréal-LEAL) : « Virginie Despentes, s’affranchir ou faire ce qu’il ne faut pas faire »
15h45-16h15 – Charlotte Lacoste (Université de Lorraine, CRAL-Crem) : « Témoigner du crime ou faire œuvre littéraire ? Le devenir-Écrivain de Christine Angot »
16h45-17h15 – Discussion avec Jean-Marie Privat (Université de Lorraine-Crem) et Tiphaine Samoyault (CRAL-EHESS)
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Lien Zoom : https://cnrs.zoom.us/j/99789092051?pwd=q1bCS6MxUFoPaMmwgQ6zaHPBbeYlqv.1
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Organisation
Charlotte Lacoste (CRAL-EHESS, Crem-Université de Lorraine), Sophie Ménard (LEAL-Université de Montréal) et Marie Scarpa (Crem-Université de Lorraine)
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Argumentaire complet :
Cette journée d’étude internationale, qui se déploie au croisement des études littéraires, de l’anthropologie culturelle, de la sociologie de la littérature et des études de genre, se donne pour objet d’examiner, corpus d’autrices françaises à l’appui, ce que leurs textes nous apprennent des processus qui les ont conduites à devenir écrivaines. L’enjeu consistera plus précisément à tenter de renouveler la lecture d’œuvres de femmes en éprouvant la validité d’analyses anthropologiques forgées pour rendre compte d’un « devenir-écrivain » (et des « formes de vie » afférentes) afin de mieux cerner les spécificités du « devenir-écrivaine » et ses évolutions depuis le XIXe siècle.
Alors que les études de genre connaissent depuis quelques années un regain de vigueur dans la recherche en littérature française[1], qu’un grand travail de désinvisibilisation des autrices est en cours (Planté 2003 et 2015 [1989], Lasserre 2010, Reid 2010 et 2020, Thérenty 2023), et que l’écriture des femmes fait elle-même l’objet d’un intérêt croissant[2], il nous a paru pertinent d’apporter notre pierre à cet édifice en abordant le devenir-écrivaine sous l’angle de l’ethnocritique – une discipline qui articule poétique des œuvres et anthropologie du symbolique[3] –, pour poser les jalons d’une ethnopoétique de la création littéraire au féminin.
Cette approche se justifie d’autant plus que sur cette question, qui touche à la fois à celle des positions et dispositions des autrices dans le champ littéraire (Naudier 2000 et 2010, Sapiro 2007), des postures auctoriales (Meizoz 2007 et 2011), de l’identité écrivaine (Heinich 2000) et de « l’écriture-femme » (Cixous 1975, Didier 1981, Naudier 2004), l’anthropologie n’est souvent convoquée que pour qualifier le rapport (systématiquement établi à propos des femmes) entre le corps et l’écriture. Un rapport qui reposerait en premier lieu sur les liens entre création et procréation – qu’il s’agisse de traiter de l’apartheid éducatif puis scolaire (aux uns les choses de l’esprit, aux autres, moins lettrées, celles du corps), des espaces et des temps à trouver pour écrire (un « lieu à soi »…) une fois accomplies ou transgressées leurs fonctions « naturelles », ou d’une écriture qui s’appuie sur « la valence différentielle » (Héritier 1996) des sexes et des corps, de la naissance à la mort, en passant par la sexualité, l’enfantement, la maladie, le vieillissement. Pour la période la plus récente (à partir des années 1980), les autrices, nombreuses à traduire « l’impératif autobiographique » de la littérature contemporaine en mises en scène spectaculaire d’un corps – et d’un corps souffrant – auraient retourné le stigmate en atout et fait de leurs particularités physiques « la matrice d’un territoire littéraire spécifique[4] ».
Nous partons du même « principe anthropologique » (le rapport, complexe, entre le corps et l’écrire), dont nous voudrions faire l’exploration systématique en nous appuyant sur les travaux de l’ethnologue Daniel Fabre qui portent sur la question du devenir-écrivain (conçu comme un long processus de mise au monde de soi par soi en écrivain) et des « formes de vie » qui en procèdent (où le vivre et l’écrire font littéralement corps). Fabre a bien montré, comment le « transfert de sacralité » qui a accompagné le processus d’autonomisation du champ esthétique à partir du moment romantique (Bénichou 1996), a pu concourir à faire du corps de l’écrivain un « corps pathétique », et de l’écrivain un nouveau christ de souffrance (Fabre 1999), projetant la création en véritable « travail » d’enfantement : « androgyne fécond[5] », il neutralise en quelque sorte la différence des sexes pour capter les pouvoirs génésiques du féminin (Fabre 2000). Ce rêve de captation de la puissance féminine est au centre des initiations à la masculinité, des « passages à l’âge d’homme », étant entendu que, pour Fabre (2022), toute entrée en écriture, qu’elle soit « ordinaire » ou littéraire, fait jouer les deux grands modèles d’apprentissage de nos sociétés européennes, le pédagogique (officiel) et l’initiatique (plus « invisible »). Voilà le cadre[6] duquel nous partons pour nous intéresser à son versant féminin puisque, si une histoire anthropologique s’est constituée autour du difficile accès des femmes au monde de l’écrit et de son rapport aux « passages » existentiels (Verdier 1979, Fine 2000, Desideri 2003,), elle n’a pas vraiment pris en compte le « devenir-écrivaine » en tant que tel. Ainsi, la question se pose, d’une part, de savoir ce qui subsiste de ce modèle dès lors qu’on le tire du côté des autrices, et la nécessité s’impose, d’autre part, d’en esquisser un qui soit plus attentif encore aux spécificités de l’écriture littéraire.
De cette ethnopoétique des processus créateurs, l’ethnocritique a posé les premières pierres en forgeant des outils propres (Ménard 2019 et 2020, Kocevar 2023, Privat 2024). Elle fait sienne l’hypothèse que, du côté des autrices, le devenir-écrivaine a sans doute partie liée en effet avec l’initiation au sens anthropologique du terme (le devenir-femme dans les apprentissages des différences de sexe, d’état et de statut). Une des pistes qu’elle propose est d’explorer la difficile question de l’équivalence symbolique des « substances » et, pour celles qui écrivent, de la « conversion » du sang en encre. Si la question du « corps pathétique » de l’écrivaine se pose, elle doit donc aussi peut-être tenir compte des apports d’une anthropologie de la sainteté au féminin quand celle-ci entre en é/Écriture. J.-P. Albert l’a montré (1997), les saintes mystiques opèrent pour écrire une série de conversions : les pénitences et blessures qu’elles s’infligent comme autant de stigmates les conduisent au blanchiment de leur sang (anorexies, aménorrhées etc.) et à sa sublimation en encre. La question perdure : dans Mémoire de fille d’Annie Ernaux (2016) la violence de l’initiation sexuelle, l’aménorrhée qu’elle entraine et la « vocation » d’écrivaine entrent en système. Une autre sortie du « cycle du sang », la ménopause, peut jouer son rôle également : la comtesse de Ségur commence son œuvre après cinquante ans (et ses enfants élevés). Bref, le sang qui coule (ou ne coule plus) fait couler l’encre[7].
L’hypothèse d’une écriture au féminin comme traversée initiatique semble donc pertinente a priori et permettrait de penser la spécificité des lieux (entre domus, saltus, campus) et des moments (de vulnérabilité, de transition, d’entre-deux) de la création. Quelle part des rites qui conduisent à l’âge de femme est récupérée, réinventée, réagencée par les récits d’entrée en écriture ? Y a-t-il une « mètis » propre aux femmes qui écrivent (Cnockaert 2023) ? Y a-t-il des récits de vocation, de transmission et d’inspiration (Zanone 2006) au féminin dans lesquels se manifestent les signes d’un destin « exceptionnel » ? Par ailleurs, les autrices en passent (elles aussi) parfois par des formes de neutralisation de la différence sexuée. La prise d’écriture semble donc osciller entre exhibition du corps « sauvage » des filles et domestication de leur corporalité[8]. La critique contemporaine rappelle que l’oralisation est une des caractéristiques de l’écriture dite féminine ; l’ethnocritique peut nous aider à penser ce qui rapproche la prise d’écriture au féminin d’une prise de parole et ce que l’oralisation gagnerait à être dite en termes d’« oralité » (Masseron et Privat 2019). Pour compenser cette forme d’illégitimité (avoir une voix plutôt qu’une plume), d’aucunes pourront s’interdire certains genres ; ainsi de Christine Angot qui, pour dire l’inceste, opte pour le roman au détriment du témoignage. Et le fait que la levée des inhibitions (à parler et à écrire) en passe par des formes de « masculinisation » (Sapiro 2007, Martens 2019, Reid 2003) est-il encore déterminant en littérature contemporaine ? En tout cas, des autrices résistent encore à la féminisation du mot « écrivain » et d’autres, comme Virginie Despentes, sortent des assignations genrées en s’autorisant les droits longtemps assignés à l’autre sexe – la mise en danger et les excès[9]. Notre anthropologie littéraire rejoint ici la sociologie des ethos, des scénographies et des postures (qu’elle pourrait renouveler à sa manière).
Elle s’aventure aussi dans l’envers du modèle fabrien. L’androgynie féconde poursuit un fantasme d’auto-engendrement : il serait étonnant que la question de la création se pose en ces termes pour des préposées à la procréation. Le devenir-écrivaine ne soulève-t-il pas plutôt la question de la transitivité ? Celle du tiers en somme : leur habitude de la marge et de l’entre-deux – leur « liminarité » (Scarpa 2021 et 2009) – construit les femmes en « autres proches » d’une société phallocentrée, donc en « spécialistes » d’une altérité à propos de laquelle elles n’ont pas la même expérience que ces experts d’une marge souvent revendiquée que sont les artistes masculins. Le devenir-écrivaine, non tant comme une mise au monde de soi en écrivaine (ce qu’il est aussi), que comme rapport au tiers (masculin, enfantin, collectif, animal, fou, exilé, mort, etc.), que ce rapport soit fait de sollicitude ou d’émancipation. C’est ce qu’on lit, par exemple, dans le corps « puissant » et « compact » de l’héroïne au travail dans La Cheffe de Marie NDiaye (2016) – c’est un leitmotiv dans le roman, à rebours donc du « corps pathétique » – et dans son art de la cuisine décrit comme une rhétorique de la justesse, dont l’inventivité abstraite ne cesse d’être (dé)réglée par la présence ou l’absence de sa fille. Ou dans Croire aux fauves de Nastassja Martin (2019), un récit qui réfère l’expérience vécue – la rencontre d’une femme et d’un ours – au continuum ontologique entre les règnes du vivant[10]. Un continuum que l’on peut prolonger du côté des relations entre les vivant·es et les mort·es : peut-être les femmes entrent-elles spécifiquement dans ces fonctions de porte-parole (parler de/pour l’autre) et de « gardeuses de la mémoire » individuelle, familiale et collective, qu’elles assument souvent dans la vie ordinaire (Lacoste 2025). Dans cette écriture de la littérature comme transaction énonciative et symbolique (Privat 2021), la part des autrices ne paraît pas être du même ordre que celle des auteurs.
En somme c’est à une ethno-histoire genrée de la littérature que nous souhaitons nous atteler et, plus précisément encore, à une ethnopoétique des processus d’autorisation et des façons de dire et faire l’écrivaine, qui pourrait se construire à partir d’études de cas et travaillerait, au cœur même de l’œuvre, à « déchiffrer la traversée qui l’a produite » (Fabre 2014 : 11).
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Bibliographie indicative
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[1] Même si beaucoup reste à faire. Sur les hésitations des études littéraires à « s’emparer du genre, en tout cas en France » et sur les évolutions « en réalité assez lentes » dans ce domaine, on renverra à l’argumentaire du colloque à venir « Rétrospectives et perspectives : femmes et genre en littérature, le temps du bilan ? », coorganisé à l’université de Poitiers par Béatrice Bloch, Anne Debrosse, Natacha d’Orlando et Elina Galin (https://www.fabula.org/actualites/123546/retrospectives-et-perspectives-femmes-et-genre-en-litterature-le.html). Voir aussi Zenetti 2022.
[2] Et ce, depuis les travaux pionniers de Christine Planté et de la sociologue Delphine Naudier. Voir notamment le colloque international « Quand une femme s’écrit (XIXe-XXIe siècles) », organisé par Sylvie Ducas et Damien Zanone, qui s’est tenu à l’Université Paris-Est Créteil du 12 au 14 décembre 2024, ou la journée d’étude du 20 mars 2025 « L’écrire-femme. Corps, voix, sujet » coordonnée par Mounira Chatti à l’Université Paris 8, ainsi que plusieurs travaux récents (Reid 2023, Nakamura 2023, Quintin-Rioux 2024).
[3] Pour de plus amples définitions, voir http://www.ethnocritique.com/
[4] Christelle Reggiani (2020 : 438) cite ici la sociologue D. Naudier (2004).
[5] Cette « androgynie féconde » s’éprouverait dans quatre configurations prototypiques : la relation frère-sœur, l’hystérie masculine, l’homosexualité, l’amour fou (Fabre 2000).
[6] D. Fabre a inscrit cette ethnographie de l’écrire dans un ensemble plus large consacré à l’institution et à la patrimonialisation de la culture et de la littérature. Ses travaux, comme ceux de ses collègues qui ont croisé ces questions (N. Adell, Ph. Artières, A. Fine, J. Jamin, V. Moulinié, S. Sagnes, Cl. Voisenat, T. Wendling), méritent d’être mieux connus des « littéraires ».
[7] Cela dit sans que nous versions du côté d’une « écriture féminine » pensée comme écriture des flux et sécrétions physiologiques (c’est l’une des critiques opposées par Wittig aux féministes essentialistes).
[8] Le titre anglais de La Raison graphique (Goody) est The Domestication of the Savage Mind : la venue en écriture prend parfois l’allure d’un « arraisonnement » graphique.
[9] Ajoutons que la réflexion ne peut faire l’impasse sur les mutations contemporaines du devenir-écrivain et de la pensée du genre (fluidité, sortie de la binarité etc.).
[10] Si l’autrice est une anthropologue, formée par Philippe Descola, son récit est publié aux Éditions Verticales, maison d’édition « littéraire ». La littérature de l’anthropocène est hantée par la coupure avec le vivant induite par la rationalité occidentale et les autrices ont pu y jouer un rôle de premier plan, que l’on pense au cyborg transhumain de Donna Haraway ou aux récits de science-fiction d’Ursula Le Guin.