
"L’Amérique latine a produit de grands poètes de langue française", écrivait Aragon en 1936. Émilien Sermier vient nous le rappeler dans son nouvel essai, Diamétralement modernes consacré aux Poètes francophones d'Amérique latine (Les Impressions nouvelles). Déployant une histoire qui mène de Lautréamont et de Laforgue jusqu’à des poètes et des poétesses contemporaines, il revisite surtout la période des avant-gardes de la première moitié du XXe siècle. Il remet au premier plan les trajectoires de Jules Supervielle et de Robert Ganzo, mais aussi celles de poètes translingues comme l’Équatorien Alfredo Gangotena, le Chilien Vicente Huidobro, le surréaliste péruvien César Moro, l’Argentine Gloria Alcorta ou encore le moderniste brésilien Sérgio Milliet. Autant d’écrivains qui ont choisi le français comme langue d’expérimentation poétique, et dont les parcours transatlantiques permettent de mesurer ce que toutes ces œuvres singulières auront pu faire au poème de langue française. Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage et à parcourir le sommaire sur le site de l'éditeur… Deux éditions accompagnent l'enquête d'Émilien Sermier : Horizon carré, et autres poèmes français du Chilien Vicente Huidobro (1893-1948), et Orogénie et autres poèmes français de l’Équatorien Alfredo Gangotena (1904-1944) aux bien nommées éditions L'Oncle d'Amérique. Rappelons le précédent essai d'Émilien Sermier : Une Saison dans le roman. Explorations modernistes : d'Apollinaire à Supervielle, 1917-1930 (Corti), dont on peut lire un compte rendu dans Acta fabula : "À rebours de l’historiographie conventionnelle : comment faire place au roman moderniste ?" par Maxime Deblander.