
Lorsqu’il est appelé à combattre en Algérie en 1960, Bernard Ponty se promet de fuir l’action et de fermer les yeux. Mais face à la misère, à la torture, ses espoirs et convictions s’effondrent. Dans les montagnes du Constantinois, endossant tour à tour le rôle d’infirmier, d’instituteur pour les petits villageois, et d’artilleur, le jeune homme se retrouve confronté au pire des dilemmes.
D’un côté, ses pairs lui opposent la logique implacable du colonisateur, les certitudes bornées, le désenchantement et la résignation. Il peine à percer leur humanité et s’en isole peu à peu. De l’autre, il y a Yazid, cet Algérien du contingent auquel il se lie, et puis Tahar, l’enfant qui l’interpelle. Mais pour eux, peut-il représenter autre chose que l’ennemi ?
Dans le silence et l’immensité du désert, le jeune homme prend la mesure de sa solitude. Et se met à écrire.
Des décennies plus tard, alors qu’il vient de s’éteindre, ses filles retrouvent son journal. Jamais de son vivant leur père n’avait accepté d'évoquer cette époque douloureuse. Comment dès lors interpréter ce manuscrit-testament, ce don décalé ?
Venant rompre le mutisme et l’oubli qui ont marqué toute une génération d’appelés et leurs familles, ce témoignage est non seulement magnifiquement écrit (Bernard Ponty devint écrivain), mais constitue également un document historique exceptionnel auquel Raphaëlle Branche, spécialiste de la guerre d’Algérie, consacre une préface.
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Raphaëlle Branche, professeure d'histoire contemporaine à l'université de Paris-Nanterre, est notamment l'auteure de La Torture et l'Armée pendant la guerre d'Algérie, 1954-1962 (Gallimard, 2001), L'Embuscade de Palestro, Algérie 1956 (La Découverte, 2018 ; première édition : 2010) et Papa, qu'as-tu fait en Algérie ?, (La Découverte, 2020, 2022).
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On peut lire sur en attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"La sale guerre", par Jean-Yves Potel (en ligne le 20 décembre 2024)
Cette année encore, la commémoration du début de la guerre d’Algérie (soixante-dixième anniversaire à la Toussaint) est restée discrète. L’Élysée, si féru de mémoire nationale, s’est limité à la reconnaissance de l’assassinat par la France d’un des fondateurs du FLN, Larbi Ben M’hidi. Heureusement, la publication de multiples documents et témoignages, les documentaires et les travaux historiques, entretiennent la mémoire et rappellent les crimes de l’armée française, notamment pendant la période dite de « pacification ». Un soldat du contingent, Bernard Ponty, a laissé un Journal saisissant sur cet épisode, dont on ne peut que conseiller la lecture.