Voyager, c’est traduire. Découvrir, désigner et décrire l’œuvre d’art dans la littérature viatique entre France et Italie, XVIe-XVIIe s. (Paris Sorbonne)
Journée d’étude organisée par
Julia Castiglione (Sorbonne nouvelle), Adeline Lionetto (Sorbonne Université)
et Anna Sconza (Sorbonne nouvelle), dans le cadre de l’ANR ArTerm.
Le 27 novembre 2024 – de 9h à 18h Salle des Actes, Sorbonne Université.
L’expérience du voyage place l’individu en situation de découvrir, d’observer et éventuellement de décrire des réalités qui n’ont pas d’équivalent strict dans la contrée d’où il vient. Dans la période qui suit les guerres d’Italie et précède le développement du Grand Tour, c’est le plus souvent à partir de connaissances livresques préalables que les voyageurs transalpins se trouvent confrontés aux paysages, aux monuments et aux œuvres, et vivent une expérience sensible et directe qui peut être médiatisée, informée et altérée par leur érudition. L’essor de ces voyages entre France et Italie suscite alors une production de récits et de descriptions proportionnelle à l’horizon d’attente construit par la circulation des savoirs et des images entre ces deux espaces géographiques. C’est ainsi le rapport entre l’imaginaire des lecteurs et l’expérience effective des spectateurs face à des œuvres antiques ou modernes, de peinture, de sculpture ou d’architecture, qui sera l’objet de cette journée d’étude.
Parler de « littérature viatique » plutôt que de « récits de voyage » permet de prendre en compte non seulement les récits de voyage au sens propre (pèlerinages, ambassades, voyages d’agrément…), mais aussi des lettres ou des textes poétiques visant à évoquer, par les moyens propres des écritures épistolaire et poétique, les spécificités du lieu visité ainsi que les singularités de l’expérience viatique[1]. En somme, nous souhaitons nous intéresser à toute production textuelle effectuée en vue de traduire en mots une expérience de déplacement d’un côté et de l’autre des Alpes, de pérégrination dans un espace inconnu dont il s’agit de transmettre les particularités, quel que soit le genre littéraire dans lequel elle s’inscrit. Une attention particulière sera portée à tout ce qui, dans les textes, relève de l’autopsie, c’est-à-dire le fait d’observer les monuments, les œuvres, les paysages par soi-même et de pouvoir accréditer son discours par cette qualité de témoin oculaire : cette règle de l’autopsie caractérise en effet bon nombre de récits de voyage et se voit érigée par les auteurs en véritable garantie d’authenticité. C’est la connaissance directe et le témoignage oculaire qui donnent au récit de voyage sa valeur et son intérêt.
Programme
9 h 15-9h30 Introduction des organisatrices
9 h30-9h50 Concetta Cavallini , Montaigne en Italie et l’art . Langue, description et danger d’anachronisme
10h-10h20 Jean Balsamo, La description des jardins d’Italie par les voyageurs français (1570-1620)
11h-11h20 Lisa Pochmalicki , Observer, décrire, dessiner : regards de voyageurs de la Renaissance sur l’architecture des villas italiennes
11h30-11h50 Nathalie Godnair, Ce que le genre du Voyage d’Italie fait à l’ekphrasis : quelques exemples dans le Voyage d’Italie de Nicolas Audebert, Les Voyages de Jacques de Villamont et les Voyages en Italie de Pierre Bergeron
12h-12h20 Jean Potel , “Plusieurs de ces palais sont de Palladio , c’est-à-dire les meilleurs.” Perception et réception de l ’architecture palladienne dans les carnets de voyage des architectes français du XVIIe siècle
Pause déjeuner
14h-14h20 Diletta Gamberini , Un chierico, un mercante e l’esperienza dell ‘alterità artistica a inizio Cinquecento : Gotico e Rinascimento francesi nei resoconti di viaggio di Antonio de’ Beatis e di un anonimo milanese
14h30-14h50 Chiara Lastraioli , Pigafetta e la relazione durante l ‘assedio di Parigi (1590)
15h30-15h50 Maria Giulia Aurigemma, “di poi in Francia per la pace”, découvrir la France en 1600
16h-16h20 Julia Castiglione, Vincenzo Giustiniani collectionneur et voyageur : théorie et pratique de l’itinéraire artistique en France (1606)
Discussion finale