Questions de société
Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle

Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Traduit de l'espagnol par Mikaël Faujour et Pierre Madelin

Avant-propos de Mikaël Faujour

Le capitalisme et la modernité seraient intrinsèquement liés à un racisme d’essence coloniale et à la domination de l’Occident sur le Sud global : tel est le postulat des décoloniaux. Face à une rationalité considérée comme eurocentrique, face à un système de pouvoir qui chercherait à maintenir les « non-Blancs » dans une position subalterne, ils prônent un retour aux formes de savoir et aux visions du monde des peuples indigènes.

À l’heure où les théories décoloniales, nées en Amérique latine, gagnent du terrain dans les milieux universitaires et militants, les auteurs de ce livre, ancrés eux aussi dans ce continent, font entendre une autre voix. Ils démontrent comment ces théories propagent une lecture simpliste de l’histoire et des rapports de pouvoir, et comment leur focalisation sur les questions d’identité ethno-raciale relègue au second plan l’opposition pourtant fondamentale entre riches et pauvres. À l’horizon, une conviction : seul un anticolonialisme fondé sur une critique radicale du capitalisme permettra de sortir de cette impasse, en dépassant toute soif de revanche pour retrouver le contenu universel des luttes d’émancipation.

Les auteurs de ce recueil (Pierre GaussensGaya MakaranDaniel InclánRodrigo Castro OrellanaBryan Jacob Bonilla AvendañoMartín Cortés et Andrea Barriga) sont des universitaires qui travaillent au carrefour de la sociologie, de la philosophie et de l’histoire.

Sommaire

Avant-propos

Mikaël Faujour

Peau blanche, masques noirs
Les études décoloniales :
autopsie d’une imposture intellectuelle Pierre Gaussens & Gaya Makaran,

L’histoire en débat
Le problème de l’intelligibilité du passé Daniel Inclán

Le côté obscur de la décolonialité Anatomie d’une inflation théorique Rodrigo Castro Orellana

Critiques de la colonialité L’eurocentrisme et l’épistémologie de Ramón Grosfoguel
Bryan Jacob Bonilla Avendaño

Contre l’ontologie de l’origine et de la pureté Sur Marx, les marxismes et la critique décoloniale Martín Cortés

Aníbal Quijano et la colonialité du pouvoir Quand tout ce qui était solide s’en va en fumée Andrea Barriga.

Les auteurs

Pierre Gaussens

Né en France (Ariège), Pierre Gaussens est enseignant-chercheur au Col- lège du Mexique. Sociologue spécialiste des conflits sociaux et des violences politiques en Amérique latine, il a enseigné dans plusieurs universités en Équateur et au Mexique, et publié trois livres en espagnol, dont La Izquierda latinoamericana contra los pueblos («La gauche latino-américaine contre les peuples»), aux Presses de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), en 2018.

Gaya Makaran

Docteure de l’Université de Varsovie, Gaya Makaran est chercheuse au Centre de recherches sur l’Amérique latine et les Caraïbes (CIALC) de l’UNAM, à Mexico. Ses recherches portent sur l’État et les peuples indigènes dans la Bolivie et le Paraguay contemporains, et plus largement le natio- nalisme, l’autonomie et l’émancipation sociale en Amérique latine.

Daniel Inclán

Titulaire d’un doctorat en études latino-américaines, Daniel Inclán est chercheur au sein de l’Institut de recherches économiques (IIEc) à l’UNAM, à Mexico. Il a coordonné plusieurs ouvrages, dont La Brutalidad utilitaria. Ensayos sobre economía política de la violencia («La brutalité utilitaire. Essais sur l’économie politique de la violence»), et Cuál es el futuro del capitalismo (« Quel futur pour le capitalisme ? »), tous les deux aux éditions Akal en 2021.

Rodrigo Castro Orellana

Titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université Complutense de Madrid et d’une maîtrise en philosophie de l’Université du Chili, Rodrigo Castro Orellana est professeur de philosophie et directeur adjoint du département Philosophie et société de l’Université Complutense. Ses recherches portent sur Michel Foucault, les études postcoloniales et la pensée latino- américaine. Il a notamment publié Dispositivos neoliberales y resistencias («Dispositifs néolibéraux et résistances»), aux éditions Herder, en 2023.

Bryan Jacob Bonilla Avendaño

Titulaire d’un doctorat en études latino-américaines à l’UNAM, Bryan Jacob Bonilla Avendaño est professeur en communication et culture à l’Univer- sité autonome de la ville de Mexico (UACM). Ses recherches, publiées dans plusieurs revues universitaires et ouvrages collectifs, portent essentiellement sur les études culturelles, postcoloniales et décoloniales.

Martín Cortés

Titulaire d’un doctorat en sciences sociales de l’Université de Buenos Aires (Argentine) et d’un doctorat en philosophie de l’Université Paris-VIII, Martín Cortés est professeur à l’Université de Buenos Aires et chercheur au Conseil national de la recherche scientifique et technique (l’équivalent argen- tin du CNRS). Ses recherches portent sur le marxisme et les théories politiques latino-américaines.

Andrea Barriga

Andrea Barriga est professeure de sciences sociales, politiques et écono- miques dans des écoles d’enseignement secondaire de la province de Neuquén, en Argentine. Chercheuse indépendante, ses travaux portent sur l’épistémologie, la philosophie et la théorie des sciences sociales. Elle a écrit des articles d’intervention politique et de divulgation dans des médias en ligne. Elle est aussi une militante syndicale et une activiste engagée dans l’accompagnement des demandes de différents mouvements sociaux et du peuple mapuche.