Édition de Francesca Guglielmi
Marthe connaît de vagues gloires et de terribles chutes : ouvrière dans un atelier de fausses perles, elle se prostitue, devient vedette du théâtre Bobino, subit les exigences d’un patron jaloux, découvre la médiocrité de la vie de couple. Céline et Désirée Vatard rêvent de grand amour et de sécurité, comme toutes les ouvrières de la manufacture de brochures Débonnaire et Cie. Vapeurs des rues, clameurs des ateliers et ténèbres des maisons closes : le Paris fin-de-siècle est un théâtre étrange, animé et souvent cruel.
Marthe (1876) et Les Sœurs Vatard (1879) sont les premiers romans d’un écrivain épris de réalisme et de modernité, à la recherche de sa voix propre, décryptant ce qui fait le quotidien des femmes des milieux populaires : l’argot, les chansons, les foires, la boisson, l’aspiration à une condition meilleure. Dans le sillage de Zola et des Goncourt, le futur auteur d’À Rebours se prête avec succès au naturalisme, dans un style incisif audacieux, riche d’un vocabulaire tantôt populaire, tantôt recherché. Car ses héroïnes, à contre-courant des sages idoles, portent déjà en elles les germes de la décadence.