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La science-fiction et ses horizons politiques III (Séminaire Fictions de mondes possibles, Toulouse)

La science-fiction et ses horizons politiques III (Séminaire Fictions de mondes possibles, Toulouse)

Publié le par Marc Escola (Source : Yves Iehl)

Séminaire LLA- Créatis :  

Fictions de mondes possibles - La science-fiction et ses horizons politiques (III) 

Programme de recherche et appel à communication  2024-2025 

Frédéric Sounac (LLA-Créatis), Yves Iehl (CREG), Jean Nimis (Il Laboratorio)

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 1er octobre 2024 

 
Dans la thématique proposée sur les deux « saisons » de 2023 à 2024, le séminaire « Fictions de mondes possibles » s’est attaché à explorer quelques-unes des manifestations du politique dans la science-fiction.

Les représentations proposées par les « fictions spéculatives » – qu’il s’agisse de formes littéraires, de cinéma ou d’arts graphiques – sont en effet à même de révéler aussi bien de possibles évolutions à venir des sociétés que certains traits du présent. De fait, dans ces représentations, les sociétés sont le plus souvent construites sur des allégories de craintes et/ou d’espoirs propres à leur époque de production.

Avec la mise à distance qu’elles mettent en jeu, quelles que soient l’aire géographique et la temporalité historique d’écriture, ces fictions invitent à penser la réalité selon des évolutions hypothétiques, avec d’autres façons de percevoir le monde et son fonctionnement.

L’objectif de la troisième saison du séminaire, en 2024-2025, est de poursuivre les réflexions portant sur les positionnements politiques (au sens le plus large du terme) que permet la fiction spéculative. Là encore, divers types de récits peuvent être envisagés : romans ou nouvelles, films, séries vidéo et bande-dessinée. Ils pourront être étudiés et questionnés notamment dans des optiques historique, politique ou sociologique, en faisant intervenir les apports possibles de différentes analyses (anthropologie, sémiotique, études féministes et postcoloniales, linguistique, etc.), l’approche interdisciplinaire ouvrant ainsi à des réflexions croisées, à la mesure de la diversité des perspectives que proposent lesdites fictions.

Toute la période du XXe siècle a produit des récits science-fictionnels marqués par des idéologies – le capitalisme et ses alternatives –, des utopies sociales, et souvent les dystopies (menaces liées au nucléaire civil ou militaire, les dérives liées aux religions, les racismes, les luttes d’émancipation des minorités, la pollution, etc.). Et dans l’intervalle des vingt premières années du XXIe siècles, ces représentations se sont exacerbées, avec l’évocation d’écocides, de crises climatiques et démographiques, d’épuisement des ressources, de dérives dangereuses, notamment dans les secteurs scientifique et technique (transhumanisme, intelligence artificielle).

Les œuvres pourront donc appartenir à différentes aires, géographiques et linguistiques, et la mise en rapport avec les réalités d’une époque (les « tropismes », en quelque sorte) pourra s’appuyer sur un ou plusieurs auteurs, avec prise en compte d’une ou plusieurs œuvres (en particulier dans le cas des récits brefs et des films courts). Parmi les perspectives envisageables, on pourra considérer les idéologies sous-jacentes, en rapport avec les prix littéraires décernés, ou en rapport aux œuvres elles-mêmes, que celles-ci se présentent sous l’aspect critiques ou sous l’aspect propagandistes (les deux pouvant se combiner selon des modalités tendant au cynique, à l’ironique, au disruptif, etc.). On pourra s’intéresser en particulier aux liens entre politique et langage tels qu’ils s’instaurent dans ces fictions. En plus des aspects stylistiques (comprenant les langues utilisées par les auteurs), on pourra s’intéresser à l’introduction de langages particuliers dans les narrations et les dialogues, à ce que l’on appelle « l’idéo-linguistique » ou le « conlanging » (invention d’un langage nouveau pour les besoins d’une fiction), à la communication entre humains et non-humains, à l’onomastique, aux néologismes, aux jeux de mots, etc.

Dans tous les cas, il s’agira de mettre en lumière le « potentiel heuristique » de ces récits, d’y déterminer les « dispositifs de problématisation » et de rendre productives d’un point de vue politique « les idées avancées sous forme fictionnelle » (Y. Rumpala).

Dates prévues pour les séances du séminaire filé :

Les séances auront lieu à l’Université Toulouse Jean Jaurès le vendredi de 14h à16h, à la Maison de la Recherche (MDR) en salle F315 les :

18 octobre 2024 / 15 novembre 2024 / 13 décembre 2024 / 24 janvier 2025 / 14 février 2025/ 14 mars 2025/ 11 avril 2025/ 16 mai 2025.

Les propositions de communication d’une page maximum accompagnées d’une brève bio-bibliographie sont à envoyer avant le 1er octobre 2024 aux adresses suivantes : 

fredericsounac@aol.com, yves.iehl@univ-tlse2.fr, jean.nimis@univ-tlse2.fr

Récapitulatif du séminaire pour les quatre semestres de 2022 à 2024

Les communications de 2022-2023 ont porté sur un arc temporel allant des années 1950 à 2018 et ont mis en lumière une thématique commune aux œuvres considérées : les implications, pour une humanité désireuse de liberté, de la confrontation avec un monde tendant à la clôture sur lui-même. Celles de 2023-2024 ont proposé des réflexions tournant autour des perceptions de la communication entre individu et collectivité, notamment dans des contextes de « genre » (gender) ou de voisinage humain / non humain. 

Parmi les autrices et auteurs pris en compte en 2022-2023 : Alexandre Bogdanov / Wu Ming, Ursula Le Guin, Terry Gilliam, Olivier Ledroit, Michael Anderson, Reinhard Jirgl ; pour 2023-2024 : Philip K. Dick / Isaac Asimov / Gérard Klein, Pierre Boulle,  Xavier Mauméjean / Pierre Bordage, Jacques Mucchielli / Léo Henry, Kim S. Robinson, Hayao Miyazaki / Enki Bilal, Liu Cixin / Chen Qiufan / Hao Jingfang. S’y ajoutent les communications dans le cadre de la journée d’études du 31 mai 2024 : Ernst Lubitsch /Alex Garland, Robert Merle / Amin Maalouf, Françoise d’Eaubonne, ainsi que des interventions autour de : l’économie de l’échange dans les sciences-fictions états-uniennes et soviétiques, le hopepunk et le revival du Magazine Métal Hurlant.

Brève bibliographie indicative

Besson, Anne, Les pouvoirs de l’enchantement : usages politiques de la fantasy et de la science-fiction, Paris, Vendémaire, 2021.

Favard, Florent (dir.), Le récit dans les séries de science-fiction. De Star Trek à X-Files, Paris, Armand Colin, « Cinéma / Arts Visuels », 2018.

Haver, Gianni, Gyger, Patrick J. (dir.), De beaux lendemains ? Histoire, société et politique dans la science-fiction, Lausanne, Antipodes, 2002.

Kyrou, Ariel ; Vincent, Jérôme, Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy, Paris, Nouvelles éditions ActuSF, 2024.

Lacroix, Isabelle, PrÉmont, Karine, D’Asimov à Star Wars. Représentations politiques dans la science-fiction, Presses de l’Université du Québec, 2016.

Landragin, Frédéric, Comment parler à un alien ? Langage et linguistique dans la science-fiction, Saint Mammès, Le Bélial’ « Parallaxe », 2018.

Langlet, Irène, La science-fiction : lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Colin, 2006.

Ruaud, André-François, Colson, Raphaël, Science-fiction. Les frontières de la modernité, Saint-Laurent-D’Oingt, 2014. 

BrÉan, Simon, La Science-fiction en France, théorie et histoire d’une littérature, Paris, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 2012, coll. « Lettres Françaises ».

Rumpala, Yannick, « Ce que la science-fiction pourrait apporter à la pensée politique », in Raisons politiques 2010/4 (n° 40), pages 97-113. [https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2010-4-page-97.htm]. 

–, Hors des décombres du monde. Écologie, science-fiction et éthique du futur, Paris, Champs Vallon, 2018.

Saint-Gelais, Richard, L’Empire du pseudo. Modernités de la science-fiction, Québec, Nota Bene « Littératures », 1999.