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De la parole au corps du monde. Lorand Gaspar à la croisée des langues, des cultures et des disciplines (Târgu-Mureş, Roumanie)

De la parole au corps du monde. Lorand Gaspar à la croisée des langues, des cultures et des disciplines (Târgu-Mureş, Roumanie)

Publié le par Marc Escola (Source : Simona Pollicino)

COLLOQUE INTERNATIONAL

De la parole au corps du monde. Lorand Gaspar à la croisée des langues, des cultures et des disciplines

27-28 février 2025

La ville de Târgu-Mureş (Roumanie) a légué à la postérité européenne un des écrivains les plus personnels et originaux de la deuxième moitié du XXe siècle. Lauréat des très prestigieux prix Guillaume Apollinaire (1967) et Goncourt de la poésie (1998), Lorand Gaspar, poète, traducteur, historien, photographe mais aussi remarquable médecin chirurgien, y voit le jour le 28 février 1925. Sa naissance dans une famille hongroise d’origine arménienne et le contact direct avec le milieu roumain lui ont façonné un triple enracinement culturel de départ. Cette sensibilité à la diversité culturelle a depuis toujours sillonné son parcours personnel, professionnel et créatif. Sa vie s’est déroulée sous le signe des tribulations biographiques, identitaires et littéraires. Après des études moyennes en Roumaine, on le retrouve d’abord à Budapest, en tant qu’étudiant en sciences de l’ingénieur, puis, suite au recrutement dans l’armée hongroise pendant la Seconde Guerre mondiale, prisonnier dans des camps de travail forcé, d’où il échappe pour gagner la France. Là, il repart à zéro, entamant des études de médecine qui le mènent dans des régions aussi éloignées que le Proche Orient (à Jérusalem et à Bethléem, 1954-1970) et le nord de l’Afrique (à Tunis, 1970-1995).

Située au confluent des cultures et des disciplines, l’œuvre de cet écrivain francophone aux origines transylvaines a déjà suscité l’intérêt de nombreux chercheurs et plusieurs travaux universitaires lui ont été consacrés, dont une partie importante s’est constituée par le biais des nombreuses traductions réalisées à partir de et par Gaspar lui-même. Qu’il s’agisse de l’allemand, de l’arabe, de l’anglais, du grec ou du hongrois, la traduction s’est toujours avérée une manière d’explorer précisément et profondément les possibilités de sa propre langue à travers celle de l’Autre et porte la trace d’une expérience dialogique (voir, à cet égard, l’ouvrage de M.-A. Bissay, Lorand Gaspar et Ottó Tolnai : la traduction comme dialogue entre poétique et art). Traduire c’est réfléchir aussi bien sur l’autre que sur soi-même, sur la langue de celui qu’on traduit ainsi que sur sa propre langue, comme l’avoue d’ailleurs le poète lui-même: « j’apprends autant et plus sur ma propre langue d’écriture que sur celle du poète traduit », et pourtant « Tout en moi sait que je parle toujours la même langue (celle qui me parle, me fait en parlant, en s’exprimant…) ». Par ailleurs, le parcours littéraire de l’écrivain ne saurait se détacher de son activité professionnelle. Difficile à dire où finit la journée du chirurgien et où commence celle de l’écrivain d’autant plus que les allers-retours entre les deux sont, chez lui, extrêmement fréquents.

Sous ce triple éclairage, nous proposons aux personnes intéressées (spécialistes de l’auteur, critiques historiens, poètes, traducteurs, médecins, etc.) un colloque qui aura lieu dans sa ville d’origine et qui s’articulera autour des axes suivants :

I. Lorand Gaspar, l’homme et l’écrivain. Ce volet prendra pour point de départ la biographie et les vicissitudes d’un écrivain se situant entre plusieurs langues et plusieurs cultures ainsi qu’entre les deux vocations (l’écriture et la médecine) qui ont marqué sa vie. Des études portant sur les traces dans les divers lieux de sa biographie réelle de Târgu-Mureş, en tant que sa ville de naissance, à Paris, lieu de dernier repos, sauront ainsi recréer son trajet de vie et apporteront un éclairage nouveau sur sa destinée humaine. Une approche poïétique pourrait solliciter de nouvelles réflexions critiques sur l’œuvre de Gaspar et mettre l’accent sur le rapport direct avec la construction de son identité transculturelle.

II. Lorand Gaspar en traduction. Étant donné la pléthore d’études critiques qui lui ont été consacrées au fil du temps, nous nous proposons d’étudier ses œuvres plutôt à partir de l’angle moins exploré de la réception, car, tant en traducteur que comme poète traduit, Gaspar a côtoyé plusieurs langues. Cet aspect restant pourtant insuffisamment approfondi, notre propos est d’interroger son œuvre au prisme des traductions et d’explorer de nouvelles pistes, afin de repérer les paramètres linguistiques et culturels qui conditionnent la réception de l’œuvre.

III. Lorand Gaspar, le poète-chirurgien. En tant que chirurgien, Lorand Gaspar a connu la souffrance de ses patients, à laquelle il s’est opposé acharnement par son engagement quotidien ainsi que par la poésie, la beauté, la vie. Aussi bien les spécialistes en littérature que les professionnels de la santé sont invités à replacer l’écrivain au cœur même de sa profession et à recomposer son profil de médecin, à la lumière de son œuvre poétique et notamment de la toute récente publication de l’inédit Feuilles d’hôpital (Éditions Héros-Limite / BHMS, 2024). Les réflexions sur la maladie, la douleur, la relation médecin-patient et les progrès de la médecine viseront à souligner la manière dont, chez Gaspar, les deux expériences s’influencent mutuellement. 

IV. Lorand Gaspar photographe. Profond observateur du monde et de toutes les formes du vivant, Lorand Gaspar se sert du dispositif photographique pour dire en images tout son émerveillement. Les milliers de clichés qu’il rapporte de ses séjours en Jordanie, en Tunisie et dans les autres lieux visités et aimés, à travers lesquels son « cerveau visuel » a capté tel détail ou ensemble qui lui « parlait » et qu’il n’aurait pas su « expliquer » autrement ont fait l’objet de nombreuses expositions internationales. Les propositions de communications de spécialistes de l’œuvre et d’artistes photographes pourront s’articuler, sans exclure d’autres pistes de réflexion, autour des interconnexions entre deux modes d’expression, de la corrélation texte/image et la disposition du poète à « habiter le monde », du livre de photos en tant que véritable espace de création.

Les propositions de communications (500 mots) sont à adresser conjointement à corina.bozedean@umfst.ro et à simona.pollicino@uniroma3.it 

Date limite de réception des propositions : 15 septembre 2024

Notification des propositions retenues : 15 octobre 2024

Le colloque se tiendra en format hybride à l’Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie « George Emil Palade » de Targu Mures (UMFST) les 27 et 28 février 2025.

Les communications retenues seront publiées dans un numéro spécial de la revue Caiatele Echinox (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Romania).

Comité scientifique

Daniel LANÇON, Université Grenoble Alpes

Corin BRAGA, Université « Babeş Bolyai » Cluj-Napoca

Catherine MAYAUX, Université Cergy-Paris

Dominique COMBE, Ecole Normale Supérieure, Paris

Simona POLLICINO, Université Roma Tre

Rodica BĂLAŞA, Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie, « George Emil Palade » de Târgu Mureş

Eva Patkó, Université des Arts, Târgu Mureş

 

Comité d’organisation

Corina BOZEDEAN, maître de conférences, Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie, « George Emil Palade » de Târgu Mureş

Andreea POP, chargée de cours, Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie, « George Emil Palade » de Târgu Mureş

Geta FODOR, maître de conférences, Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie, « George Emil Palade » de Târgu Mureş

Bogdan RAŢIU, enseignant-chercheur, Université de Médecine, Pharmacie, Sciences et Technologie, « George Emil Palade » de Târgu Mureş

 

Responsables du projet 

Corina Bozedean et Simona Pollicino