
Le 1er novembre 2019, les manifestations en Algérie ont appelé à une « autre révolution ». Actuellement, Haïti est en état de siège. Et, dans une moindre mesure, les mouvements sociaux agitent régulièrement l'espace public en France depuis 2018, fragilisant en particulier le second mandat du président français qui vient tout juste de dissoudre le Parlement depuis les résultats des élections européennes, clairement opposés au parti présidentiel. Qu'est-ce que la présence continue de révoltes indique sur l'efficacité des révolutions antérieures ? La révolte est-elle le signe de l'incomplétude de la révolution, un appel à sa réinvention, ou tout autre chose encore ?
Ce séminaire entend interroger le concept de révolution au regard du concept de révolte, mais aussi d'insurrection, en explorant la relation entre les révolutions et les révoltes d'un point de vue littéraire, particulièrement la Révolution française, la Révolution haïtienne, la Révolution algérienne et leurs héritages au sein des mouvements sociaux contemporains dans la représentation littéraire et l'expression du mécontentement politique. En revenant sur ces concepts, nous voulons mettre l'accent sur un champ plus large de révolutions qui ne trouveraient pas leur achèvement dans les cadres traditionnels des révolutions, et qui sont donc toujours à l'œuvre au sein de la Francophonie. Ainsi, ce séminaire analysera la manière dont ces événements historiques et sociaux ont été décrits, interprétés et parfois influencés par la littérature et d'autres textes culturels. En particulier, ce séminaire explorera l'héritage de l'analyse séminale de Frantz Fanon sur les impacts psychologiques de la colonisation, Les damnés de la terre, la relation de Césaire à la révolution haïtienne, à travers Toussaint Louverture et La Tragédie du Roi Christophe, et comment les romans d'Assia Djebar, informés par sa formation d'historienne et son expérience de femme algérienne en France, entrelacent les histoires personnelles et collectives, mettant en lumière les expériences souvent négligées des femmes à l'ère des révolutions.
Nous acceptons les soumissions sur une variété de sujets, y compris, mais sans s'y limiter :
- Représentations littéraires des révolutions française, haïtienne et algérienne
- Déterritorialisation des concepts révolutionnaires et des dialogues interraciaux (les observations psychatriques de Fanon en Algérie, la lecture de La Tragédie du Roi Christophe par Césaire, etc)
- Les apports réussis ou non de la négritude aux idéologies révolutionnaires (Césaire, Senghor, Fanon, Bonjour et adieu à la Négritude de Depestre, etc.).
- La relation conflictuelle des écrivains algériens et franco-caribéens à la langue française, à leur langue maternelle et aux Histoires distinctes de la France et de ses colonies (Assia Djebar, Gille Pontecorvo...)
- Traductions tardives de textes révolutionnaires et analyse
- L'héritage de la littérature de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle (Olympe de Gouges, Madame de Staël, Balzac, Hugo, Sand, Tristan, Agoult, Zola), de la poésie (Chénier, Rimbaud) et des discours politiques (Mirabeau, Marat, Danton) et l'influence de l'idéologie révolutionnaire sur les formes et les genres littéraires
- Le rôle de la littérature dans les mouvements révolutionnaires et les actes de révolte
- Représentations de la résistance aux colonialismes et aux impérialismes dans des mouvements littéraires spécifiques
- Utilisation de la littérature comme outil de propagande, de critique ou de "récupération" révolutionnaire
- L'interaction entre les événements historiques et les récits de fiction dans les contextes révolutionnaires.
Les propositions, à envoyer avant le 15 octobre 2024 à hg8578@princeton.edu et sur le site https://cfplist.com/nemla/Home/CFP, devront contenir un titre (100 caractères maximum), un résumé (400 mots maximum) et une brève bio-bibliographie de l'auteur·e.
Après délibération, les propositions retenues donneront lieu à un double séminaire à Philadelphie entre le 06 et le 09 mars 2025. Les résultats seront communiqués le 16 octobre 2024.