Édition illustrée et traduite du russe par Jean-Pierre Pisetta.
“Un singe avait les mains pleines de pois et l’un d’eux tomba par terre. En voulant le ramasser, le singe en perdit vingt autres. Il se pencha pour les récupérer et ses deux mains se vidèrent tout à fait. Alors, fou de rage, il éparpilla tous les pois et s’en alla.”
En 1859, dans sa propriété d’Iasnaïa Poliana, Tolstoï établit une école pour les enfants des paysans de la région. Précurseur, il y développe et expérimente ses conceptions de la pédagogie. Ses méthodes libertaires ne manqueront pas d’attirer l’attention de la police tsariste, inquiète de la teneur subversive d’un tel projet.
C’est dans cet esprit que Tolstoï travaille à un Abécédaire qu’il considère comme son grand œuvre. Publié en 1872, puis dans une nouvelle version en 1875, c’est un grand succès populaire, mêlant méthode de lecture, contes, légendes, souvenirs… et ces Fables. Aujourd’hui encore, c’est par ces textes que les écoliers russes le découvrent.
Comme chez Esope ou La Fontaine, les animaux prêtent leurs traits aux vices des hommes. C’est bien la cruauté, la naïveté et la bêtise humaines qui se trouvent exposées, pour inciter les plus jeunes à s’en prémunir.
Pour autant, leur morale n’est jamais explicite. Aux vérités générales et simplistes, Tolstoï préfère l’art de la chute. Au lecteur d’en interpréter le sens et les nuances.
Brèves et limpides, vivantes et divertissantes, ces Fables s’attaquent à un monde toujours plus avide, où chacun semble devoir être le prédateur de son voisin. Et nous enseignent que le plus petit n’est pas voué à être perdant… pourvu qu’il soit sage ou rusé.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage…