
Traduit de l’italien et présenté par Frédéric Lefebvre
Le feu dans la mer est un livre composé de 25 récits de Leonardo Sciascia, inédits en français. Il couvre la période allant de 1947 — les débuts de l’écrivain — à 1975, et compose un portrait à facettes de la Sicile et de ses habitants. Ces textes portent sur divers aspects de l’île : sur le monde rural et ses mœurs, sur des événements historiques comme l’unification italienne au XIXe siècle et la guerre d’Espagne, tels qu’ils ont été vécus par des Siciliens, sur la vie pendant le fascisme, ou encore sur la libération de la Sicile par les Américains en 1943. On y retrouve ses thèmes majeurs : la peur et la pitié, la richesse et la pauvreté, la folie et le pouvoir — et sa tonalité sarcastique. Ce livre nous reconduit à la source de l’inspiration de Sciascia, de son art de conteur, d’écrivain qui se tient au plus près des gens : son bourg, les soufrières et leur exploitation, les problèmes du développement économique. Car Sciascia n’écrit pas seulement pour raconter, mais pour agir, pour dénoncer : les pouvoirs corrompus, l’oppression, la mafia. Et il le fait toujours avec un art plein d’intelligence ironique, d’humour et de justesse critique.
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Dans le recueil Le feu dans la mer, Leonardo Sciascia (1921-1989) se donne d’abord à lire « de loin » car ces récits sont anciens. Le premier date de 1949 et tous sont antérieurs aux années 1970, à partir desquelles l’engagement militant de l’écrivain, sa « présence active » dans l’histoire, s’élargit à la situation politique de l’Italie, même s’il conserve une vigilance extrême à l’évolution de sa Sicile natale. Mais ces récits sont aussi « d’ailleurs » parce qu’ils parlent en termes immémoriaux de la terre sicilienne, de ses traditions, des comportements sociaux, des mœurs des habitants dans ces bourgs de Sicile.