Du romantisme et du fantastique. L’un avivant l’autre, et réciproquement. Tel est le précipité de ces trois nouvelles, où le surnaturel (métempsychose, don de double vue, réincarnation…) et les passions s’exacerbent.
Et d’une Venise battue par les tempêtes à Florence, de la Révolution à l’Antiquité, les récits s’enchâssent, aux méandres fascinants, dessinant des labyrinthes qui égarent et révèlent à la fois. A quoi s’ajoute comme une esthétique scientifique, à la manière de Poe, dont les effets de rationalité ne sont là, en fait, que pour mieux jeter le trouble et accentuer la dramaturgie fantastique : extase, catalepsie, folie...
À tous les sens des termes, « suppléments d’âmes », ces trois nouvelles aux titres évocateurs, Le Chevalier du cœur saignant, L’Âme du bourreau, Les Hallucinations du Professeur Floréal, témoignent en outre de l’intérêt de Maxime Du Camp pour certaines doctrines ésotériques et autres puissances mystérieuses.
Maxime Du Camp (1822-1894), relégué souvent dans l’ombre de Flaubert, avec lequel il voyagea, correspondit, et écrivit _Par les champs et les grèves_, est l’auteur d’une œuvre prolixe — récits de voyages et autobiographiques, romans et nouvelles, études : Souvenirs et paysages d’Orient, L’Expédition des Deux-Siciles, Mémoires d’un suicidé, Théophile Gautier. Il participa éminemment à la vie littéraire de son temps, notamment en collaborant à la Revue de Paris et à la Revue des Deux Mondes.