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Nouvelle parution
Yannick Haenel, Bleu Bacon

Yannick Haenel, Bleu Bacon

Publié le par Marc Escola

À peine entré dans l’exposition que le Centre Pompidou consacre à Francis Bacon, Yannick Haenel ne voit plus rien  : une migraine ophtalmique l’oblige à passer plusieurs heures allongé sur le lit de camp qu’on a dressé pour lui dans le musée.

En retrouvant ses esprits, Yannick Haenel se met à parcourir l’exposition en proie à des états d’intensité contradictoires, qu’il raconte comme une aventure initiatique. Est-il possible de ressentir intégralement la peinture, de la vivre comme une ivresse passionnée  ?

À travers le face-à-face avec plusieurs tableaux comme Œdipe et le sphinx ou le triptyque consacré à la mort de George Dyer (l’amant de Bacon), le livre détaille les impacts de la peinture de Bacon sur celui qui en fait l’expérience  : sa violence ouvre alors l’auteur à des séquences de sorcellerie de son enfance africaine qui vont lui donner une clef pour traverser cette épreuve.

Mais au fil de la nuit on accède au cœur d’une odyssée heureuse  ; en tournant dans son labyrinthe de sensations extrêmes, Yannick Haenel dévoile un aspect moins connu de la peinture de Bacon  : la sensualité de ses couleurs, la fraîcheur sexuelle de son bleu.

L’expérience de jouissance culmine dans une illumination scandée par la dernière chanson de David Bowie lorsque l’auteur, qui a demandé à ce qu’on coupe toutes les lumières à trois heures du matin, évolue dans le musée avec une lampe torche à la main et danse extasié en voyant la peinture sortir du mur, comme à Lascaux.

Feuilleter le livre…

On peut lire sur Diacritik.com un article sur cet ouvrage…

Lire aussi sur en-attendant-nadeau.fr :

"Dans la chambre bleue de Francis Bacon", par Stéphane Massonet (en ligne le 12 mars 2024).

À l’occasion de l’exposition Bacon en toutes lettres au centre Georges-Pompidou en 2019, Yannick Haenel évoqua ici même les livres qui accompagnaient l’évènement, comme le Francis Bacon ou la mesure de l’excès d’Yves Peyré ou Avec Bacon de Franck Maubert. Manière de laisser jouer les rapports entre littérature et peinture, tout en démultipliant les tableaux et les musées à travers son œuvre. Après La solitude Caravage de 2019 et Adrian Ghenie. Déchainer la peinture l’année suivante, il entendait former un triptyque avec Francis Bacon, dont il préface en 2019 les Conversations à L’Atelier contemporain. Aujourd’hui, il livre le troisième volet de sa somme picturale en publiant sous forme d’une expérience intérieure sa nuit au musée.