Fabula apprend avec retard la disparition de Pierre-Yves Badel décès de Pierre-Yves Badel dans la nuit de Noël 2023.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il a été assistant à la
Sorbonne, puis chargé d’enseignement à l’Université de Nantes et,
depuis 1972, professeur de langue et littérature française du Moyen
Âge à l'Université Paris 8 (soit de Vincennes à Saint-Denis), où il
est resté jusqu’à sa retraite en 1998. Ses collègues se souviennent
d’un homme « d'une honnêteté et d'une droiture » remarquables, d’un «
modèle de clarté et de rigueur dans l'enseignement, de bienveillance
dans le commerce ordinaire », « avec un sens parfait des équilibres et
des devoirs », animé « d’une gentillesse véritable et profonde, qui a
fait beaucoup pour faciliter la vie collective du département et des
étudiant.e.s », avec aussi parfois une forme de « timidité ». Ils se
souviennent également de « ses “indignations” contre des conduites
trop gauchistes de certains collègues », de « ses coups de gueule et
sa mauvaise humeur », qu’ils pouvaient apprécier cependant, car ils
avaient « quelque chose de rafraichissant ». « Derrière une apparente
sévérité et des colères à demi-feintes – qu’il surjouait pour
s’autoconvaincre qu’il était un dur à cuire », Pierre-Yves était un
véritable « modèle d’humanité ». Il fit notamment « preuve d’une
immense générosité au bureau des équivalences », dont il s’est occupé
depuis à son arrivée à Paris 8 jusqu’à ce qu’il soit relayé par Michel
Costantini. « Traiter les “équivalences”, comme il le fit pendant
plusieurs années, était une des fonctions clés pour l’université
nouvelle, ouverte aux non-bacheliers, ce qu’il a fait avec une
formidable pondération et une profonde ouverture, à la fois, ce qui
impliquait souvent des interventions fortes, longues et batailleuses,
au sein de la commission des équivalences de l’université ».
Témoignage de son dévouement à la collectivité : la dernière année de
sa carrière, il accepta de diriger l’UFR IV (Textes et sociétés) qui
était alors dépourvue de directeur.
Pierre-Yves Badel a aussi, bien sûr, « ouvert avec beaucoup
d’intelligence et de générosité l’intérêt pour les études médiévales,
ce qui n’était pas évident dans les premières années de cette
université “expérimentale” » qu’était alors Paris 8, mais à laquelle
il est toujours resté fidèle. Outre de très nombreux articles sur
toutes sortes de sujets (mais avec une certaine prédilection pour les
récits brefs), il fut l’auteur d’une Introduction à la vie littéraire
du Moyen Âge (1969), « qui est d’une intelligence et d’une clarté
remarquables », d’une étude originale intitulée Le sauvage et le sot.
Le fabliau de Trubert et la tradition orale (1979), et d’un magistral
ouvrage qui fait toujours référence sur Le Roman de la Rose au xive
siècle. Étude de la réception de l’œuvre (1980), issu de sa thèse
dirigée d’abord par Jean Frappier puis, au décès de ce dernier, par
Daniel Poirion. Il édita de plus le Dit du prunier (1985), les Œuvres
complètes du poète et auteur de théâtre Adam de la Halle, avec
traduction (1995) et La description du monde de Marco Polo, également
avec traduction (1998). Il continua de publier diverses études après
sa retraite, le dernier paru portant « Sur les sources du Tombel de
Chartreuse : I. Raconter et commencer. II. Commenter et citer »
(2021).
Un culte d’action de grâces lui sera rendu le vendredi 12 janvier à
14h30 au temple protestant du 19 rue Cortambert, Paris XVIe.
Nouvelle
Actualités
Publié le par Marc Escola (Source : Équipe FabLitt, Université Paris 8)