Le papier, l’écriture alphabétique et les livres ont débarqué en Amérique dans le sillage des conquistadors. Autant d’armes aux mains des Espagnols pour soumettre et christianiser les vaincus. L’écriture européenne s’abat sur le Nouveau Monde comme une déferlante, bouleversant les sociétés amérindiennes dont les langues ne s’écrivaient pas.
Sous toutes ses formes, l’écrit des vainqueurs est l’auxiliaire de la colonisation : les ordres de la métropole sont écrits, les richesses locales sont enregistrées et des livres véhiculent les savoirs venus de l’Europe. Les enfants des élites indigènes, formés aux valeurs de l’humanisme, connaîtront bientôt mieux le latin et la Bible que les croyances de leurs ancêtres. Ils sauront pourtant résister à la colonisation alphabétique grâce à leur extraordinaire créativité.
Serge Gruzinski a retrouvé la trace d’Indiens et d’Européens qui ont vécu cette période où, de l’autre côté de l’Atlantique, s’amorce l’occidentalisation du monde. Passionnante plongée dans le Mexique du xvie siècle, son nouveau regard sur la Renaissance et les Amérindiens nous invite à observer comment les idées se métissent lorsque deux sociétés s’entrechoquent. Et à prendre la mesure des multiples rôles de l’écrit à l’heure de la révolution numérique.
SERGE GRUZINSKI enseigne l’histoire de la mondialisation ibérique des deux côtés de l’Atlantique. Parmi ses ouvrages : Les Quatre Parties du monde, histoire d’une mondialisation, La Martinière, 2004, Seuil, 2006 ; La Pensée métisse, Fayard, 1999, Pluriel, 2012 ; L’Histoire pour quoi faire ?, Fayard, 2015 ; La Machine à remonter le temps, Fayard, 2017.
Essai
Nouvelle parution
Publié le par Gabrielle Veillet