Non, non. Je ne veux pas me voir humiliée,
Comme une vile esclave être encor renvoyée.
Ce serait dans un jour supporter trop d’affronts.
J’attends plus de pitié de l’âme des démons.
Aux esprits infernaux livrons-nous tout entière.
Soleil, ô mon aïeul, retarde ta lumière,
Et laisse-moi le temps d’accomplir mes forfaits
Longtemps restée dans les tiroirs d’un petit-fils de gouverneur passionné d’Antiquité, la Médée d’Étienne Azéma (1849), première tragédie réunionnaise, propose une relecture déroutante et originale du mythe de la sorcière de Colchide, peut-être inspirée par le contexte esclavagiste de l’île Bourbon. Loin de constituer une simple synthèse des sources d’Euripide à Corneille, la pièce renouvelle de fond en comble les éléments traditionnels de la légende en accordant une place prépondérante à la figure de Créuse, et en révélant un étonnant jeu intertextuel avec l’œuvre racinienne.
Édition présentée, établie et annotée par Tristan Alonge (Université de La Réunion)