Revue
Nouvelle parution
Yann Moix (dir.), Année zéro « Sacha Guitry (1885-1957) », n° 3

Yann Moix (dir.), Année zéro « Sacha Guitry (1885-1957) », n° 3

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

La revue Année Zéro dirigée par Yann Moix entend réhabiliter ou revisiter des auteurs du patrimoine littéraire et porter sur leur œuvre un regard vierge de tout a priori – comme si elle venait de paraître. Ce troisième numéro, riche d'inédits et de révélations, est consacré à Sacha Guitry.La postérité de Sacha Guitry est contradictoire. Alors que son théâtre continue de se jouer, alors que ses films continuent d’être diffusés et ses textes d’être lus, son nom, lui, suscite indifférence ou répulsion. Les plus snobs le réduisent à un humour de comique croupier, en oubliant que son cinéma totalement novateur aura servi de modèle à la Nouvelle Vague. Les mieux pensants lui taillent une réputation de misogyne, en lui prêtant des aphorismes douteux, souvent apocryphes, et en écartant tous les grands rôles féminins que son théâtre aura offerts. D’autres, encore, le jugent trop peu profond, exagérément bavard, d’une superficialité telle qu’elle le condamnerait à rester en marge de la littérature. Certains, enfin, agitent le spectre de la collaboration, sans tenir compte de l’Histoire et de sa vérité. Au fond, la postérité de Sacha Guitry se résume à un grand malentendu et, surtout, à de fausses, à d’insincères relectures.

Année Zéro s’épargnera l’inventaire de tous les griefs qui ont défait la légende de ce Molière du XXe siècle, pour ne s’intéresser qu’à l’essentiel : son œuvre. Guitry, lu et vu comme s’il venait de composer ses pièces ou de tourner ses films. Guitry, lu et discuté par ceux qui continuent de le jouer au théâtre, ce lieu qu’il considérait comme celui de la vie véritable. Guitry lu et vu intégralement, sans prisme ni coloration particulière. Guitry lu et vu tel qu’il était : un homme libre, hors de son temps, tout à la fois dessinateur, philosophe, moraliste, amuseur et mélancolique, vivant d’art – ne vivant que pour cela –, et dont la superbe somme qu’il nous laisse ne plie à aucune catégorie, sinon à celle du génie.