Essai
Nouvelle parution
Mireille Calle-Gruber, Marguerite Duras. la noblesse de la banalité

Mireille Calle-Gruber, Marguerite Duras. la noblesse de la banalité

Publié le par Marc Escola (Source : Sabrina Bonamy)

« Banale. Elle a cette noblesse de la banalité. Elle est invisible ». Ainsi est la dame du Camion : personne, c’est-à-dire « tout le monde ».

« Elle » a du charisme : pleure sur le prolétariat ; meurt à Hiroshima ; est dans l’empathie avec « Abraham », l’enfant non-juif au nom juif de multitude ; elle bannit les langues de bois, demande ses mots à une grammaire inouïe.

Comment donner vie à ce que l’on ne voit plus à force de le voir tous les jours ? Comment dire la mort apocalyptique d’une mouche ordinaire ? Comment de la moindre chose montrer l’état d’exception ?

La noblesse de la banalité est plus qu’une esthétique. C’est un regard qui ne conquiert pas. Qui se laisse dessaisir de son saisissement.

Il faut beaucoup s’aimer et beaucoup s’oublier.

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Mireille Calle-Gruber est écrivain, Professeur de littérature et esthétique à La Sorbonne Nouvelle. Elle a notamment publié la Biographie de Claude Simon Une vie à écrire (Seuil, 2011) et Claude Simon : être peintre (Hermann, 2021) ; l’essai Pascal Quignard ou Les leçons de ténèbres de la littérature (Galilée, 2018) et dirigé le Cahier de L’Herne Quignard (2021) ; elle a édité les Œuvres Complètes de Michel Butor en 12 volumes (La Différence, 2006-2010) et codirigé Le dictionnaire universel des créatrices (Des femmes, 2013). Elle est l’auteur de cinq romans dont Tombeau d’Akhnaton (réédition HDiffusion, 2019) et d’un récit-scénario Le Chevalier morose (Hermann, 2017) coécrit avec Michel Butor.