En janvier 2022 se tenait à la Sorbonne, et à l'initiative d'un ministre dont Fabula a oublié le nom, un colloque intitulé "Après la déconstruction. Reconstruire les sciences et la culture". Multipliant les contresens, les intervenants de ce colloque se sont attaqués aux recherches féministes et décoloniales, au soi-disant "wokisme" et par-dessus tout à la "déconstruction", dénoncée comme une entreprise "nihiliste". Sous ce nom, ils s'en prenaient aux œuvres les plus créatives de la philosophie française contemporaine, celles de philosophes comme Jacques Derrida, Michel Foucault ou Gilles Deleuze. L'initiative ne pouvait rester sans réplique : un an plus tard, une autre manifestation réunissait sous le titre "Qui a peur de la déconstruction ?" ceux qui restent persuadés que la déconstruction est une démarche affirmative et inventive, apte à de redonner du jeu et de la vie à la pensée. Les actes en paraissent aujourd'hui aux Presses Universitaires de France, à l'initiative de Isabelle Alfandary, Anne-Emmanuelle Berger et Jacob Rogozinski. Le volume vient montrer, puisqu'il en est besoin, que la déconstruction a essaimé de manière féconde dans différents domaines de la recherche : en mettant en question les préjugés phallocentriques, elle a rendu possible l'analyse de la construction des identités de genre et un renouveau de la théorie psychanalytique ; en s'interrogeant sur la prédominance de la métaphysique occidentale, elle a favorisé l'écoute de pensées subalternes et l'essor des recherches décoloniales. Signalons au passage la publication par Olivier Assouly d'un volume Jacques Derrida dans la collection "Que sais-je ?" (PUF), vingt ans après la mort du philosophe.
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Publié le par Marc Escola