Pascal est un auteur de la disproportion. Dans les Pensées, l’homme peut même dire que « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Mais est-ce que l’infini et la disproportion représentent des ruptures insurmontables ? Ce travail montre, par une analyse du langage pascalien, qu’il fait des comparaisons entre ce qui semblerait être incomparable, comme l’infini et le fini. Outre une étude des Pensées et des opuscules (notamment l’Esprit Géométrique), une analyse de la pratique mathématique est présentée, en donnant une attention particulière aux Lettres de A. Dettonville et au statut des « indivisibles ». La différence entre l’infini et l’indéfini est ainsi analysée, avec un parcours par les mathématiques pascaliennes qui permet au lecteur de bien se repérer dans le « labyrinthe » duquel Huygens parlait à propos des écrits de Dettonville. Finalement, une discussion sur l’infini et l’incompréhensible permet de saisir les conséquences philosophiques et religieuses pour ce qui est de l’homme devant Dieu, permettant de voir l’unité de l’œuvre pascalienne.
João F. N. B. Cortese est docteur en Épistémologie et Histoire des Sciences (Université Paris Diderot) et docteur en Philosophie (Université de São Paulo), en cotutelle, ayant soutenu la thèse « L’infini en poids, nombre et mesure : la comparaison des incomparables dans l’œuvre de Blaise Pascal ». Il enseigne la philosophie à São Paulo et est chercheur associé au Laboratoire SPHERE (Université Paris Cité / CNRS).