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Méditations parisiennes de Calvino. Perspectives littéraires, philosophiques et historiques (Sorbonne nouvelle)

Méditations parisiennes de Calvino. Perspectives littéraires, philosophiques et historiques (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Isabel Violante)

Dans le cadre du centenaire de la naissance d’Italo Calvino, cette journée d’étude se
propose de tracer un bilan biographique et critique de l’un des écrivains les plus complexes de la
littérature européenne contemporaine. Né à Cuba, l’intellectuel a savouré maints ailleurs si l’on
songe à son enfance et à sa jeunesse à San Remo, à sa carrière d'éditeur à Turin et à Rome, à ses
nombreux séjours en Amérique ou encore à ses dernières années dans la capitale française.

Comme l’écrivain l’atteste dans un texte autobiographique, « le lieu idéal [...] est celui où il est le
plus naturel de vivre comme un étranger ». Le lieu où l’écrivain choisit de vivre la dernière phase
de sa vie d’artiste « comme un étranger à la campagne » fut précisément Paris, où il tissa des liens
déterminants avec les intellectuels du groupe de l’Oulipo.

Calvino écrivit peu, voire presque rien sur Paris, et pourtant cette ville revêt pour lui des
caractéristiques particulières : elle invite à la stimulation, au recueillement, à l’ermitage. Eremita a
Parigi (Ermite à Paris) est le titre d’un texte de 1974 publié en édition limitée à Lugano et ensuite
inclus dans le recueil éponyme. En se faisant ermite à Paris, Calvino affronte la ville dans une
perspective à la fois externe et interne, impliquant une participation active à l’effervescence
culturelle de la ville lumière mais attestant aussi une influence profonde dans l’élaboration de sa
poétique et dans la construction de son œuvre.

Paris se révèle même, aux yeux de Calvino, comme une sorte de « bibliothèque idéale »,
mieux, comme un « gigantesque ouvrage de référence [...] une ville qui se consulte comme une
encyclopédie ». La lisibilité du monde prend ainsi, à Paris, les traits de la multiplicité repérable
dans un système de connaissance circulaire. C’est précisément dans la conférence américaine sur
la « multiplicité » que Calvino évoque l’approche encyclopédique en tant que méthode de
connaissance, mieux, en tant que « réseau de connexions entre les faits, entre les gens, entre les
choses du monde ». C’est aussi avec ce regard aiguisé que l’auteur part à la recherche de l’essence
profonde de Paris, ville dans laquelle il est possible de lire entre les lignes d’un étalage de
fromages comme s’il s’agissait des pièces de collection d’un musée, dans la mesure où « il n’y a
pas de solution de continuité entre les salles du Louvre et les vitrines ». En définitive, le Paris de
Calvino ne se limite pas à une métropole intellectuelle, mais se révèle un univers de signes, un
conteneur de mondes à consulter, un lieu d’écoute et de questionnements à la fois littéraires,
philosophiques et historiques.

Cette journée d’étude, qui se veut résolument interdisciplinaire, entend faire dialoguer des
spécialistes de l’œuvre calvinienne, des historiens de la culture, ainsi que des philosophes et des
sociologues. En effet, seule une réflexion suivant différentes approches disciplinaires saura rendre
compte d’un art calvinien qui jaillit d’une vision encyclopédique du monde.
Plusieurs pistes de recherche non exhaustives pourront être abordées, notamment : 
 
- les rapports avec le groupe des intellectuels et des écrivains de l’Oulipo ;
- le travail de passeur et de traducteur d’ouvrages en langue française ;
- la relation avec les penseurs du structuralisme français ;
- le travail éditorial au sein de la maison d’édition Einaudi ;
- les positionnements idéologiques au sein du débat culturel des années 1960-1970 ;
- les rapports avec l’intelligentsia parisienne dans l’après-68.

En dernière instance, cette journée d’étude vise à analyser jusqu’à quel point la perspective
calvinienne démultipliée se traduit par un approfondissement stratigraphique vers ce qui n’est pas
seulement un topos (à la fois géographique et littéraire), mais un trésor du potentiel, un
foisonnement du multiple où l’on peut s’appréhender en tant que sujet méditant entre distance et
proximité, où l’on peut se découvrir ermite et encyclopédiste entre pages et rues.

Comité scientifique :

Sarah Amrani, Francesca Belviso, Maria Pia De Paulis, Christian Del Vento, Yves Hersant, Jean Musitelli, Isabel Violante