Au soir d’une vie consacrée à l’exploration de l’âme humaine, Freud affirme que ceux qu’il désigne comme « animaux supérieurs », qui ont notamment connu une période de dépendance dans l’enfance, ont le même appareil psychique que l’homme. Cette affirmation est rendue possible grâce à une conception du psychisme plus profonde que celles qui lient inconscient et langage. Elle fait appel à l’histoire de l’évolution et pense une commune condition des êtres vivants, nés et mortels. Si Freud extrapole sa thèse de l’inconscient, du moi et du surmoi aux animaux supérieurs, ce n’est donc en rien par anthropomorphisme. Il s’agit plutôt d’un constat, désormais étayé par l'éthologie et la psychiatrie vétérinaire, qui décrivent des conflits intérieurs et traitent de psychopathologies.
Par-delà la pleine reconnaissance d’une vie consciente, la prise en compte de l'inconscient des animaux renouvelle notre compréhension philosophique du psychisme, aussi bien humain que non-humain.
Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’INRAE, affectée aux Archives Husserl (ENS Paris). Elle travaille sur la condition animale, notamment sous un angle phénoménologique. Elle est entre autres l’auteur de L’Humanité carnivore (Seuil, 2017) et de Qu’est-ce qu’une plante ? (Seuil, 2020).
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On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :
"Dans l’âme de l’animal malade", par Laurent Bègue Shankland (en ligne le 24 mai).