Questions de société
Pierre Crétois, La copossession du monde. Vers la fin de l'ordre propriétaire

Pierre Crétois, La copossession du monde. Vers la fin de l'ordre propriétaire

Publié le par Esther Demoulin

« La propriété ne doit pas être considérée comme la base première de la vie en communauté, mais, au contraire, comme une modalité du commun. »

« La propriété ou le chaos ! » s’écrient en chœur les thuriféraires de l’ordre propriétaire. Parce que, disent-ils, la propriété sépare le tien et le mien, elle protège la liberté individuelle et assure l’harmonie sociale. Condition de l’échange, elle fonde l’activité économique et favorise l’enrichissement collectif. À les écouter, elle n’aurait que des vertus. C’est faire peu de cas de ses funestes conséquences – la pollution et l’épuisement des ressources naturelles, par exemple –, mais c’est aussi abandonner au marché des questions qui devraient relever de la délibération politique.
Or, cet ouvrage le démontre, l’intérêt économique ne se confond pas avec le bien commun. Pour endiguer le creusement des inégalités sociales et la destruction de la planète, on ne peut s’en remettre aux chimères du tout-marché ou de la démocratie de consommateurs. Un radical changement de perspective s’impose : il faut défendre des principes autonomes de justice pour remettre la propriété à sa place et l’envisager non plus comme le socle de la vie en communauté mais, au contraire, comme une modalité du commun intégrant les droits d’autrui et ceux des générations futures.

Pierre Crétois est philosophe, maître de conférences à l’Université Bordeaux-Montaigne. Il est l’auteur du Renversement de l’individualisme possessif. De Hobbes à l’État social (Classiques Garnier, 2014).

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Pour en finir avec l’ordre propriétaire", par Philippe Caumières (en ligne le 25 octobre 2023).

Le nouvel ouvrage de Pierre Crétois, La copossession du monde, poursuit l’analyse critique de la notion de propriété entamée dans La part commune, l’envisageant cette fois sous l’aspect économique quand elle était précédemment considérée du point de vue juridique.