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« Blasphème » (Séminaire de Questes, Paris Sorbonne)

« Blasphème » (Séminaire de Questes, Paris Sorbonne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Questes)

« Blasphème » (Séminaire de Questes)

 
27 janvier 2023 – 18h-20h, à la Maison de la Recherche, 28 rue Serpente 75006 Paris (salle D116) :

Introduction du séminaire par Valentine Eugène (doctorante à Sorbonne Université) et Ella Le Peltier-Foschia ( doctorante à Sorbonne Université).

Hélène Averseng (Doctorante à l'Université d'Angers en cotutelle avec l’Università di Siena), « Les “couilles nues” de Noé et la Résurrection du chapon de Judas : le blasphème au service de la dramaturgie édifiante dans la Passion de Semur ».

Tommaso Laganà (doctorant à l’Université de Turin), « Un commerce blasphématoire : Agobard et les Juifs de Lyon ».


17 février 2023 – 18h-20h, à la Maison de la Recherche, 28 rue Serpente 75006 Paris (salle D116) :

Maxime Kamin (Docteur en langue et littératures médiévales à l’Université Grenoble-Alpes), « “Horreurs est à l’oyr comment il se desroyent,| De jurer grans siermens et comment Dieu renoient” : portrait du joueur sacrilège dans la littérature française et latine d’inspiration religieuse (XIIe-XIIIe siècles) ».

Andy Serin (doctorant à l’EPHE et à l’Université Paris 1), « Du “droit de définir les blasphèmes” chez Pierre Bayle : l’accusation de blasphème à l’épreuve de la conscience erronée et de l’ignorance invincible ».

Conclusion du séminaire par Valentine Eugène (doctorante à Sorbonne Université) et Ella Le Peltier-Foschia (doctorante à Sorbonne Université).


La diversité des travaux et la pluralité de leurs perspectives prouvent que le blasphème constitue un objet à « forte vertu mobilisatrice » et à « contenu notionnel équivoque » (Corinne Leveleux-Teixeira). Malgré un certain consensus établi autour de la notion de transgression de normes gravitant autour du sacré et d’une interrogation autour du licite et de l’interdit, les définitions du blasphème varient en fonction des lieux et des périodes : prononcer le nom de Dieu ou l’invoquer en vain ; affirmer quelque chose de faux sur la divinité, l’insulter ou l’outrager, ainsi que ses représentants ; proférer dans un mouvement de colère un juron etc. La délimitation sémantique du mot blasphème n’est d’ailleurs elle-même pas stable vis-à-vis d’autres vocables que l’on juge souvent comme voisins (hérésie, apostasie, mécréance, idolâtrie, sacrilège etc.). Aux xiie et xiiie siècles, une période où les classifications structurées des « péchés de la langue » (Carla Casagrande et Silvana Vecchio) se multiplient, deux grandes conceptions du blasphème circulaient. L’une, ancrée dans la tradition augustinienne, met l’accent sur la dimension mensongère du discours et son caractère de fausseté ; l’autre, qui remonte à Haymon d’Auxerre, insiste sur la modélisation linguistique de l’insulte adressée à Dieu. Un regard porté sur la seule période médiévale nous prouve à quel point le blasphème a pu évoluer dans ses significations comme dans ses pratiques, sa valeur ou encore sa portée au cours des siècles et selon les domaines depuis lesquels il est envisagé. Ce phénomène autorise à considérer le blasphème comme un objet d’étude interdisciplinaire susceptible d’intéresser l’histoire, le droit, la littérature, la linguistique ou l’histoire de l’art.

Ce séminaire, qui propose globalement d’interroger les marges et la notion de frontière(s) (entre le licite et l’illicite, entre certains comportements et ce qui autorisé, préconisé ou banni par les croyances « officielles » etc.), s’intéresse aux réactions des acteurs dans leurs productions multiples (langagières, littéraires, épigraphiques, iconographiques etc.) face à l’imposition d’une norme institutionnelle (religieuse, juridique, politique etc.) – confrontation, transgression, contournement, acceptation, rejet… – et à leur réception par l’institution en question.