C'est Mme Verdurin qui a cette formule, à l'intention de Charlus devenu avec Morel "la fable du Conservatoire" : Demandez à Ski ce qu’on disait l’autre jour chez Chevillard, à deux pas de nous, quand vous êtes entré dans ma loge. Il ne faudrait donc pas l'oublier : Chevillard a sa place dans la Recherche de Proust, plus exactement dans La Prisonnière, et il était bien temps que l’auteur de L’Autofictif rende la politesse au grand écrivain qu'on a célébré tout au long de l'année 2022. Sous le titre qui s'imposait, L'autofictif selon Proust, et publié sous jaquette jaune (la référence à certain petit pan de mur n'échappera à personne), le nouveau volume de l'entreprise au long cours vient montrer que "chercher Proust dans Chevillard et Chevillard dans Proust peut devenir un jeu passionnant". Rien n'empêche au demeurant de remonter plus haut dans le temps : Ce disant, ils abandonnèrent Chevillard et reprirent d'un air dégagé le chemin par où ils étaient venus (Cervantès, Don Quichotte, Partie II, Ch. XLI). À ceux qui lui demandent souvent d'où lui est venue l'envie d'écrire, l'écrivain n'a donc qu'une seule réponse : "je crois que c'est cette condition de personnage secondaire qui a fini par me lasser."
Éric Chevillard s'est décidé en outre à affronter enfin sa peur du vide, en poète aux semelles de glue : Craintif des falaises, illustré par Killoffer, paraît dans le même temps aux mêmes éditions L'Arbre vengeur.
(Illustr.: Chevillard, chasublerie, bronzes et orfèverie civile et religieuse, haut lieu du commerce angevin)