Qu’est-ce au juste qu’un vampire ? Alors qu’on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir dans Ainsi se meuvent les vampires (Fayard) un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu’ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIIIe siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu’on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu’un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d’un film comique comme dans Le Bal des vampires. L'enquête décrit la destinée d’un mot inventé et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
Stella Louis se demande de son côté ce que pouvait signifier Croire aux vampires au siècle des Lumières. Entre savoir et fiction (Classiques Garnier). Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage…
Rappelons à l'occasion de ces deux parutions l'essai récent de Daniel Sangsue, Vampires, fantômes et apparitions (Hermann), déjà salué par Fabula, où le pneumatologue littéraire partait à la poursuite quelques figures de revenants et leurs manifestations dans la littérature du XIXe siècle : vampires des nouvelles et mélodrames de Polidori, Byron, Nodier et Dumas, spectres des romans de Balzac, Flaubert et Jules Verne, fantômes de la poésie de Baudelaire et Verlaine…
Mais c'est aussi le moment de souvenir que voilà tout juste cent ans Nosferatu a commencé à nous hanter… Il n'a pas cessé depuis.
Illustr.: Bela Lugosi est Dracula dans le film de Tod Browning (1931).