En 2020, Giorgio Agamben donnait à son lectorat francophone un Autoportrait dans l'atelier (éd. L'Arachnéen), qui faisait une place à l'enfance, pour elle-même, en tant que la "condition infantile" est une espèce étrangère à celle de l’adulte, et sous la forme des livres pour enfants de sa collection, du Principe Infelice de Landolfi à Pinocchio, en passant par des abécédaires à la recherche d’une langue qui n’existe pas… On avait pu lire de lui peu de temps auparavant un Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes (Macula), où le philosophe italien tentait moins de percer le secret de Polichinelle que de l’exposer dans ses surfaces peintes et dans ses profondeurs de pensée pour l’offrir à notre méditation, en commentant notamment les extraordinaires dessins que Giandomenico Tiepolo composa autour de la figure de Polichinelle.
Paraît ces jours-ci la version française de Pinocchio. Les aventures d'un pantin doublement commentées et trois fois illustrées (Rivages), qui vient nous rappeler que "Pinocchio n’est pas un conte ni un roman, il n’est assignable à aucun genre littéraire ; tout comme son protagoniste, qui n’est ni un animal ni un garçon, n’est pas même un quoi, mais seulement un comment : il est, au sens le plus strict, une voie de sortie, ou une échappatoire, aussi bien hors de l’humain que de l’inhumain – c’est pour cela qu’il ne fait que courir, et que quand il s’arrête, à la fin, il est perdu".