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La littérature à l'ère du capitalisme tardif

La littérature à l'ère du capitalisme tardif

Publié le par Marc Escola

Quelle place occupe encore la littérature à l’ère du capitalisme tardif ? Sans jamais céder à la veine du pamphlet, l'essai signé par Helène Ling et Inès Sol Salas sous le titre  Le fétiche et la plume (Rivages) vient démontrer combien, depuis plusieurs décennies, est à l’œuvre un processus d’aliénation des productions livresques à la nouvelle "économie de l’attention", menaçant l’autonomie du champ littéraire et de ses formes propres de légitimation. Hyper-concentration éditoriale entre les mains de quelques méga groupes, prolétarisation accrue du statut des acteurs du livre, dépréciation symbolique de l’écrivain, formatage commercial de la notion de style, redéfinition horizontale du rapport à la lecture, emprise inquiétante des réseaux sociaux sur la critique… : tous ces phénomènes, ici finement analysés, participent à une entreprise générale de dissolution de l’idée même d’écriture dans "la temporalité du produit culturel". Par-delà ce sombre constat, les autrices rappellent l’horizon vivant d’une littérature aux prises avec la langue et les métamorphoses de l’Histoire, qui continue d’œuvrer en silence à travers le filtre médiatique de l’époque.