Essai
Nouvelle parution
Jacques Derrida, Hospitalité. Vol. II. Séminaire (1996-1997)

Jacques Derrida, Hospitalité. Vol. II. Séminaire (1996-1997)

Publié le par Marc Escola

Jacques Derrida poursuivit pendant plusieurs années un cycle de recherches sur les enjeux actuels (philosophique, éthique, juridique ou politique) du concept de responsabilité. Après avoir privilégié, à titre de fil conducteur, les thèmes du secret et du témoignage, il a élaboré une problématique de l’étranger. Qu’appelle-t-on « un étranger » ? Comment l’accueille-t-on ? Comment le refoule-t-on ? Quelle différence entre un autre et un étranger ? Qu’est-ce qu’une invitation, une visite, une « visitation » ?

Ces questions et d’autres semblables ont conduit Jacques Derrida dans cette deuxième année de son séminaire sur l’hospitalité à cheminer assez longuement dans une problématique judaïque de l’hospitalité, se laissant alors guider par des textes bibliques, parfois interprétés par Emmanuel Levinas, puis dans une problématique arabomusulmane sur le seuil de laquelle il étudie l’oeuvre de Louis Massignon et son discours sur la tradition de l’hospitalité abrahamique. La lecture de ces deux grands corpus se rassemble à un moment donné autour du concept et du mot de « substitution ». La « substitution » occupe au centre de ces deux pensées une place décisive et énigmatique, justement quant à l’accueil et à l’hospitalité. Jacques Derrida en étudie à la fois les filiations et la « logique ».

Le texte de ce séminaire a été établi par Pascale-Anne Brault et Peggy Kamuf.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Séminaire liturgique", par Richard Figuier (en ligne le 21 décembre 2022).

On reste muet à la fin de la lecture du deuxième volume du séminaire de Jacques Derrida sur l’hospitalité, après avoir été secoué par une sorte de grand récitatif liturgique, fait d’insistances, de répétitions, et comme possédé par cette même folie qui traverse celui qui parle. Car il parle, souvent il improvise, comme jamais, et s’expose ainsi à accueillir la visitation d’une parole surprenante qui surgit sans s’annoncer. Lui qui, le plus souvent, écrit presque tout, se trouve emporté dans l’enchainement (le déchainement) de sa parole ‒ régulièrement interrompu, pour nous un quart de siècle plus tard, par les changements de bandes enregistrées signalés dans l’édition ‒ au point de s’étonner, avant de le lui interdire, que son auditoire, percevant visiblement l’état de transe dans lequel se trouve l’énonciateur, se mette à rire de ce qu’il dit de très grave. Impossible de « rendre compte » de la restitution écrite d’un événement oral qui a dû sidérer le public : on ne peut que témoigner de et pour sa/la lecture.