Édition
Nouvelle parution
Salman Rushdie, Langages de vérité

Salman Rushdie, Langages de vérité

Publié le par Marc Escola

Essais traduits de l’anglais par Gérard Meudal.

Dans ce recueil d’essais, articles et autres discours écrits sur une période de dix-sept ans, Salman Rushdie se fait historien, conteur, ami et critique de ses auteurs favoris, mais aussi guide pour écrivain en herbe. Ainsi navigue-t-il entre origine des contes et de la littérature, cours magistral d’écriture, anecdotes sur l’évolution d’une œuvre à travers les âges ou sur les liens entre tel et tel auteur, et analyse de ses propres romans. Langages de vérité jette une lueur sur “l’atelier poétique” de l’auteur, sublime caverne d’Ali-Baba. Réunis pour la première fois, ces textes entonnent un puissant hymne à la création et à la liberté de créer, dans un monde où la liberté d’être soi-même (quoi que cela recouvre) est de plus en plus menacée.

Lire un extrait…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La Rushdie touch", par Claude Grimal (en ligne le 7 décembre 2022).

Dans le questionnaire de Proust, auquel Salman Rushdie se soumet et qui clôt Langages de vérité, l’écrivain américano-anglais d’origine indienne affirme que le trait qu’il déplore le plus chez lui est la volubilité et, à la dernière question : « Comment aimeriez-vous mourir ? », il répond : « Je préfèrerais ne pas. »

Pierre Assouline a consacré un billet à ce recueil sur son blog Larepubliquedeslivres.com…

“Nous sommes donc des êtres paradoxaux, tant sur le plan individuel que social, nous appartenons à notre époque et au flux de l’histoire. Nous sommes mortels mais nous avons en nous, comme la Cléopâtre de Shakespeare, des aspirations à l’immortalité, et la contradiction est notre élément vital. Il y a de grands avantages sur le plan social à définir le moi d’une manière aussi vaste, car plus nous trouvons de personnalités en nous-même, plus il nous est facile de nous trouver des points communs avec d’autres personnalités multiples et renfermant des multitudes. Nous pouvons être de religions différentes et être partisans de la même équipe sportive. Cependant nous vivons une époque où l’on nous somme de nous définir de plus en plus étroitement, de comprimer notre personnalité multidimensionnelle dans le corset d’une identité unique, qu’elle soit nationale, ethnique, tribale ou religieuse. J’en suis venu à me dire que c’était peut-être cela le mal dont découlent tous les maux de notre époque. Car lorsque nous succombons à ce rétrécissement, lorsque nous nous laissons simplifier pour devenir simplement des Serbes, des Croates, des musulmans, des hindous, alors il nous devient plus facile de voir en l’autre un ennemi, l’Autre de chacun de nous, et tous les points cardinaux entrent alors en conflit, l’Est et l’Ouest se heurtent, ainsi que le Nord et le Sud.

La littérature n’a jamais perdu de vue ce que notre monde querelleur essaie de nous forcer à oublier. La littérature se réjouit des contradictions et dans nos romans et nos poèmes nous chantons notre complexité humaine, notre capacité à être simultanément, à la fois oui et non, à la fois ceci et cela, sans en éprouver le moindre inconfort. L’équivalent arabe de la formule “il était une fois” est kan ya ma kan, que l’on peut traduire par “C’était ainsi, ce n’était pas ainsi”. Ce grand paradoxe se trouve au cœur de toute fiction. La fiction est précisément ce lieu où les choses peuvent être à la fois ainsi et pas ainsi, où il existe des mots dans lesquels on peut croire profondément tout en sachant qu’ils n’existent pas, n’ont jamais existé et n’existeront jamais. À cette époque où l’on vise à tout simplifier, cette magnifique complexité n’a jamais été plus importante.” — (extrait du chapitre “Eh bien, soit, je me contredis”)

Revue de presse

Lâchement poignardé aux États-Unis en août dernier, l’écrivain se remet doucement dans le secret le plus total. Mais un livre de lui paraît. Et il est époustouflant. [...] C’est un feu d’artifice de liberté, d’intelligence et de plaisir. 

Christophe Ono-Dit-Biot, LE POINT

Dans « Vérité » et « Courage » (les deux vont souvent ensemble), Rushdie dénonce le renversement de la vérité auquel on assiste, donc de la morale, à mesure que le populisme triomphe, quand ce sont les dissident·es, ceux et celles qui luttent pour la liberté d’expression (Ai Weiwei, les Pussy Riot, etc.), qui finissent par être vu·es par la majorité comme des fauteurs et fauteuses de troubles.

Nelly Kaprièlian, LES INROCKUPTIBLES

Salman Rushdie [rappelle] lui-même à de nombreuses reprises que, s’il a pris les nationalités anglaise puis américaine pour des raisons indépendantes de sa volonté, il demeure un Indien, né à Bombay en 1947, et très attentif à ce qui se passe dans son pays. II peut être aussi considéré comme le père du roman indien contemporain.

Jean-Claude Perrier, LIVRES HEBDO

Lire et relire Rushdie, c’est se souvenir que « la littérature n'a jamais perdu de vue ce que notre monde querelleur essaie de nous forcer à oublier », à savoir que nous sommes des êtres multiples et changeants, dans un univers lui-même en perpétuel mouvement.

Laëtitia Favro, LIRE MAGAZINE LITTÉRAIRE