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Nouvelle parution
Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes (1741)

Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes (1741)

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne

Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes

John Arbuthnot ǀ John Gay ǀ Pierre Lafargue ǀ Thomas Parnell ǀ Alexander Pope ǀ

Henry Saint John ǀ Pierre Senges ǀ Jonathan Swift

Fiction traduite (complétée et corrigée pour cette édition) de l’anglais en 1755 par Pierre-Henri Larcher

Une œuvre majeure du XVIIIe siècle anglais (publiée pour la première fois en 1741) de nouveau disponible (seuls quelques extraits en avaient été retraduits par Émile Pons pour le volume des Œuvres de Jonathan Swift dans la Pléiade, en 1965), et comme il se doit complétée (d’assez nombreux passages avaient été « oubliés » par M. Larcher, ce grand distrait), partiellement retraduite, mais aussi préfacée, postfacée, & annotée par deux fleurons des lettres contemporaines : Pierre Lafargue et Pierre Senges.

Au printemps 1714, la fine fleur des lettres anglo-irlandaises (Jonathan Swift, Alexander Pope, John Gay, John Arbuthnot...) se retrouve dans un pub, forme un club et projette d'écrire un livre collectif (il paraîtra en 1732). Doué pour la satire, ce groupe se demanda après beaucoup d'autres comment triompher de la bêtise, et il créa Martinus Scriblérus, scribouillard barbouillé de tous les arts et de toutes les sciences. En le visant, on attaquait les impostures morales, politiques et culturelles de son temps : théories absurdes, faux savoirs, idiotie intellectuelle, esprit de sérieux, prétendus conservateurs, soi-disant progressistes, etc.

Trois siècles plus tard, Pierre Lafargue (auteur de La Grande épaule portugaise, vagabonde, 2020) et Pierre Senges (auteur d'Achab (séquelles), 2015, Verticales) ont voulu compléter le tableau de leurs illustres aînés, en apportant une touche personnelle à cette Histoire. La littérature, ce monstre bizarre qui a tendance à disparaître aussi vite qu'il est apparu, y reprend des couleurs grâce à leurs facéties redoublées.

Lire sur Fabula le texte de l'Avertissement et la Préface de Pierre Senges…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Pope, Swift & Cie à la mode loufoque", par Marc Porée (en ligne le 23 janvier 2023).

Sonnez hautbois, résonnez musettes : le dix-huitième siècle britannique ne s’est jamais aussi bien porté. Encore tourneboulé par l’incroyable « liberté » d’un Laurence Sterne, rendue palpable par l’ébouriffante traduction de Tristram Shandy procurée par Guy Jouvet (aux éditions Tristram, 2004), le lecteur français risque cette fois de périr de plaisir, en prenant connaissance de la non moins abracadabrantesque Histoire de Martinus Scriblérus, de ses Ouvrages & de ses Découvertes (1741), dans une traduction de 1755 qui ne fait pas son âge. À la manœuvre, tels deux larrons en foire, Pierre Senges et Pierre Lafargue nous régalent d’un drôle d’OLNI, pour « objet loufoque non identifié ». 

Sur le Scriblérus Club, lire l'article d'Alexis Tadié sur en-attendant-nadeau.fr également…

 « La satire à son plus haut degré de fantaisie littéraire. Martinus Scriblérus est un auteur fictif dont les membres du club étaient libre d’utiliser le nom pour publier ce qu’ils voulaient, seul ou à plusieurs mains. Cette création collective est l’écume forte et riante d’une amitié hors du commun, le divertissement souverain d’une poignée d’égaux. Le lecteur moderne songera peut-être à l’idylle remarquable de la machine à coudre et du parapluie, car Scriblérus n’est pas un instrument de rigueur imbécile (ni bride, ni corset) ; dans cette fable malicieuse sur les mœurs universelles, il le verra notamment défier cette « prose » que nous ne connaissons que trop bien : celle des publicitaires. »

À la suite de Lucien, d’Horace, de Rabelais, etc., et peu de temps avant Laurence Sterne, le Scriblérus Club, donc. Et s’il est un écrivain qui retint la leçon, ce fut bien, au siècle suivant, Flaubert pour son Bouvard et Pécuchet… D’autre suivront ; rares, à ce degré d’exigence. Comme quoi, si « satire » de partout, la satire ne peut jamais, au grand jamais, se suffire à elle-même."