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Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » 2022-2023 (EHESS)

Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » 2022-2023 (EHESS)

Publié le par Alexandra Follonier (Source : Anaïs Goudmand)

Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS/EHESS)
Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » 2022-2023


 John Pier (Université de Tours et CRAL) et Philippe Roussin (CRAL/CNRS), gestionnaires, 
avec la collaboration d’Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS), de Thomas Conrad (ENS, Paris), 
d’Anne Duprat (Université d’Amiens et IUF) et d’Anaïs Goudmand (Sorbonne Université)

Le séminaire se réunit tous les quinze jours, les 1er, 3e et 5e mardi du mois, de 16h à 18h

Ecole Normale Supérieure
45, rue d’Ulm, 75005 Paris 
 
NB : Le séminaire se déroulera en mode hybride (présentiel + distanciel)
Écrire à Anaïs Goudmand (anais.goudmand@gmail.com) pour obtenir le lien Zoom.
 
Site du séminaire : http://narratologie.ehess.fr/presentation/

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Raconter / construire des mondes
 
Les narratologies et les théories de la fiction contemporaines ont pris acte de deux phénomènes caractéristiques de l’évolution récente des formes narratives. D’un côté les récits de longue haleine se multiplient dans la plupart des médias ; de l’autre, des encyclopédies diégétiques (cartographies, généalogies, étymologies, bestiaires…) s’y développent bien au-delà de la narration proprement dite. 
 
De Balzac au jeu vidéo, l’idée d’« œuvre-monde » s’est ainsi imposée, au risque de se trivialiser. Pour autant, tout récit long ne donne pas forcément lieu à une diégèse qui « fait monde » ; en retour, le worldbuilding ne produit pas automatiquement de l’intrigue. Le séminaire interrogera les articulations qui existent entre narration longue et construction de mondes, au lieu de les traiter comme des phénomènes nécessairement conjoints.
 
On pourra ainsi approfondir les différences qui existent entre un usage culturel précis, spécifiquement contemporain de la notion de monde et un usage théorique de la notion. Ainsi, la théorie littéraire peut comprendre comme un monde fictionnel la projection mentale d’un univers cohérent à partir d’un récit au long cours. En ce sens, les cycles romanesques et romans très longs propres aux usages romanesques d’Ancien Régime projettent bien des mondes. L’« œuvre-monde » proprement dite désignerait en revanche un ensemble de pratiques plus spécifiques, liées aux genres de l’imaginaire dans la culture médiatique contemporaine, science-fiction et fantasy notamment. On se demandera également si les notions développées par la narratologie cognitive, qui cherchent à envisager simultanément les dimensions spatiale et temporelle des récits – à l’instar du storyworld – permettent bien de penser la dimension encyclopédique des œuvres-mondes, ou si elles nécessitent d’être ajustées pour cet usage particulier. 
 
La prolifération des œuvres-mondes s’explique par ailleurs en partie par les logiques économiques qui se sont développées dans le contexte du capitalisme globalisé, où leur mise en place est le fruit de lourdes opérations commerciales et juridiques. On s’intéressera à l’organisation du travail créatif dans ce cadre collectif et transmédiatique, qui mobilise des équipes parfois très nombreuses amenées à se coordonner, ainsi qu’au rôle des fandoms dans l’établissement d’une continuité et d’une cohérence au sein des ensembles fragmentés des œuvres-mondes. 
 
Enfin, on analysera les techniques créatives propres à la scénarisation et au worldbuilding, en envisageant celui-ci comme un travail distinct du storytelling, afin de rendre compte du « tournant diégétique » qui marque la production fictionnelle contemporaine. 
 
Narrating / Constructing Worlds
 
Contemporary narratologies and theories of fiction now acknowledge two characteristic features in the recent development of narrative forms. On the one hand are long narratives characteristic of most media; on the other hand, diegetic encyclopedias (cartographies, genealogies, etymologies, bestiaries, etc.) that reach well beyond narration properly speaking. 
 
From Balzac to video games, the idea of “work-world” has emerged at the risk of becoming trivial. However, not all long narratives give rise to a diegesis that “makes a world”; nor does “worldbuilding” automatically produce a plot. The seminar will look at the links between long narratives and the construction of worlds rather than treat them as phenomena that are necessarily conjoined. 
 
We will thus examine the differences between a distinctly contemporary cultural understanding of the notion of world and a theoretical view of the notion. Literary theory can thus include as a fictional world the mental projection of a coherent universe, starting with a long narrative. Novel cycles and very long novels peculiar to the Ancien Régime project numerous worlds. The “work-world” strictly speaking, by contrast, would seem to designate a more specific set of practices linked to the imaginary genres of contemporary media culture, notably science fiction and fantasy. Also taken into consideration will be whether notions developed by cognitive narratology that consider spatial and temporal notions of narratives simultaneously – as in storyworlds – can enable us to conceive of the encyclopedic dimension of work-worlds or whether these notions need to be adjusted for this particular approach. 
 
The proliferation of work-worlds can also be explained, in part, by economic factors that have developed within globalized capitalism involving extensive commercial and legal operations. We will take account of the organization of creative work in this collective and transmedial setting as well as of the role of fandoms in establishing continuity and coherence within fragmented sets of work-worlds. 
 
Lastly, we will analyze the creative techniques peculiar to scriptwriting and worldbuilding, regarding the latter as a phenomenon distinct from storytelling so as to take account of the “diegetic turn” characteristic of contemporary fictional production. 

 
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Mardi 18 octobre - Salle de Conférences – 46 rue d’Ulm, rez-de-chaussée à gauche
John Pier (Université de Tours et CRAL) et Anne Duprat (Université d’Amiens et IUF)
« Raconter ? construire ? monde ? »
 
Mardi 15 novembre - U209 – 24 rue Lhomond 
Elie During (Université Paris Nanterre)
« Où se cache l’“espace” dans le monde narré ? Littérature et cinéma »
 
Mardi 29 novembre - Amphithéâtre Jaurès – 24, rue Lhomond
NB : Exceptionnellement cette séance se déroulera de 15h à 17h
Simon Bréan (Sorbonne Université)
« Effets de mondes et classes de personnages : singularités de la science-fiction »
 
Mardi 6 décembre - U209 – 24 rue Lhomond 
Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS)
« Cartographies fictionnelles et scénarisation interactive »
 
Mardi 17 janvier - Amphithéâtre Galois – 45 rue d’Ulm 
Françoise Lavocat
« Peuplement et construction des mondes. L’exemple du XIXe siècle »
 
Mardi 31 janvier - U209 – 24 rue Lhomond 
Anne Besson (Université d’Artois) et Aliénor Vauthey (Université de Lausanne)
« Adaptabilité des mondes de fantasy littéraire ? »
 
Mardi 7 février
NB : cette séance se déroulera à l’université d’Amiens - 15h à 17h
Thomas Conrad (ENS, Paris)
« Construire un monde ou représenter le monde ? 
Transfictionnalité dans les récits réalistes du XIXe siècle »
 
Mardi 21 février - U209 – 24 rue Lhomond 
Anaïs Goudmand (Sorbonne Université)
« Plateformisation des franchises cinématographiques et œuvres-mondes »
 
Mardi 7 mars - U209 – 24 rue Lhomond 
Matthieu Letourneux (Université Paris Nanterre)
« Mondes et temporalités médiatiques dans les franchises contemporaines »
 
Mardi 21 mars - U207 – 24 rue Lhomond 
Alain Boillat (Université de Lausanne)
« "Star Wars" : le rôle du worldbuilding dans l’expansion d’une franchise transmédiatique »
 
Mardi 4 avril - Distanciel
Richard Saint-Gelais (Université Laval, Québec)
« Pratique du monde chez Léon Bopp »
 
Mardi 18 avril - Distanciel
Marie-Laure Ryan (Independent Scholar, Colorado)
« La narratologie a-t-elle besoin de "Storyworlds" ? »