Essai
Nouvelle parution
Eugène Durif, Lucia Joyce, folle fille de son père

Eugène Durif, Lucia Joyce, folle fille de son père

Publié le par Marc Escola

La force du livre d’Eugène Durif est d’être parvenu à l’écrire en se mettant dans la tête de son personnage : Lucia Joyce.

Danseuse avant d’être considérée comme schizophrène, sa vie est étroitement liée à celle de son père en train de terminer Finnegans Wake. Père qui se refuse à considérer la maladie de sa fille. « Elle n’est pas une délirante, explique-t-il. Ce n’est qu’une pauvre enfant qui a voulu trop faire, trop comprendre. » Tandis que Joyce termine Finnegans Wake, avant de mourir en 1941 en Suisse, Lucia, elle, se fige à jamais dans ces chambres d’hôpitaux ou elle demeurera jusqu’à sa mort. Il était pourtant persuadé qu’à la fin de l’écriture de ce monstrueux « work in progress », Lucia partie prenante de l’oeuvre, unie à elle comme, disait-il, une télépathe de son écriture, retrouverait pleinement ses esprits…

Samuel Beckett, dont elle était tombée amoureuse alors qu’il travaillait avec Joyce, demeure le seul à lui rendre visite dans l’asile où elle terminera sa vie. Écrit avec une simplicité, une intensité poignantes, ce très beau livre nous permet d’approcher le milieu intime d’un immense écrivain en même temps que le drame d’un amour père-fille dévorant.