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Une question de politique

Une question de politique

Publié le par Université de Lausanne

Nul n'en doutait vraiment, mais il est toujours bon de le rappeler, et vingt-six écrivains contemporains interrogés par Alexandre Gefen viennent le réaffirmer avec conviction : La littérature est une affaire politique (Éd. de l'Observatoire) : même s’ils réfutent pour la plupart la notion de "littérature engagée", les écrivains français sont loin de prôner une indifférence esthète à l’égard des problèmes politiques de leur pays. Très souvent, ils choisissent de faire de leurs récits un outil d’analyse des inégalités ; pour mieux interroger les discours sociaux, ils tournent autour de l’autobiographie ou du reportage. Ils tentent parfois de prolonger les crises sociétales, ou même de les prévoir ; ils vont de surcroît au-devant des demandes sociales, en participant à des résidences littéraires (en région, à l’hôpital, dans les Ehpad, auprès des jeunes, des migrants). Bref : ils descendent volontiers de cette tour d’ivoire dans laquelle on voudrait les emprisonner. D’Annie Ernaux à Alice Zeniter, en passant par Aurélien Bellanger, Leïla Slimani et Mathias Énard, la littérature d'aujourd'hui est pugnace, et soucieuse de changer la société.

Fabula vous invite à découvrir la Table des matières et l'introduction de l'ouvrage…

Après La Fiction contemporaine face à ses pouvoirs (COnTEXTES, n° 22, 2019) et Radicalités : contestations et expérimentations littéraires (Fixxion, n° 20, 2020), Justine Huppe, Jean-Pierre Bertrand et Frédéric Claisse font paraître un nouveau volume issu du colloque "It’s Too Late to Say Critique ?" (2019) et des recherches au long cours sur les pouvoirs d’action de et dans la littérature du XXIe siècle menées au sein de l'Université de Liège : Réarmements critiques dans la littérature française contemporaine (P.U. Liège) ; les études ainsi réunies se concentrent sur la critique sociale telle qu’elle se perpétue et se ressource en littérature. Elles s’intéressent aux dialogues entre concepts critiques et production littéraire : théories du contrôle dans l’œuvre d’Alain Damasio, pensée queer chez Édouard Louis, enquête et épistémologie des savoirs situés dans le travail d’Annie Ernaux. Elles s’intéressent d’autre part aux médiations spécifiques de cette portée critique : œuvres (Nathalie Quintane, Arno Bertina, Antoine Volodine, Éric Arlix), éditeurs (P.O.L, Questions théoriques), outils et supports (des bandes magnétiques utilisées par Bernard Heidsieck au vocodeur employé dans le rap), protocoles d’écriture (manifeste, recherche-création), méthodes d’enseignement et pratiques d’évaluation.

(Illustr.: couverture de Personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert, Seuil, 2020)