Concordia Discors vs. Discordia Concors, no. 17-18 / 2022 : "Intersémioticité, intergénéricité/ intermédialité : de la traduction à la dramatisation, à l’adaptation et au spectacle"
Appel à contributions
Concordia Discors vs. Discordia Concors (International Journal for Researches into Comparative Literature, Contrastive Linguistics, Cross-Cultural and Translation Strategies), no. 17-18 / 2022
Intersémioticité, intergénéricité/ intermédialité: De la traduction à la dramatisation, à l’adaptation et au spectacle
L’article de Roman Jakobson Aspects linguistiques de la traduction, 1963 (traduction de On Linguistic Aspects of Translation 1959) continue à représenter une (res)source et une référence essentielle dans les études de spécialité, premièrement pour avoir introduit le concept de intersémioticité en tant que transmutation des signes verbaux par des signes non-verbaux. Pour les numéros 17 et 18 de la revue Concordia Discors vs. Discordia Concors, les éditeurs proposent une réflexion sur la traduction et l’adaptation comme passage non pas seulement du verbal au non-verbal mais également d’un genre à un autre genre ou encore d’un média à un autre.
Vue soit comme un prisme, tel que le propose la spécialiste Aba-Carina Pârlog (2019), ou bien comme une métamorphose ou une mutation, l’intersémioticité est toujours équivalente à la réinvention, à l’extension, à l’addition, est non pas à une banale répétition du texte original. Umberto Eco (2003) considère que les traductions intersémiotiques ou transmutations (dans la terminologie de Jakobson) sont tout simplement des adaptations, car elles reconfigurent les textes antérieurs, ayant la tendance de „trop dire”. Tout comme les traductions, les adaptations sont d’habitude jugées en termes de fidélité par rapport à un prototexte, même s’il s’agit également dans leur cas d’un changement de médium. Conformément à ce qu’on appelle la littérature archontique, qui affirme que les textes fondés sur ou référant à d’autres textes ne sont jamais de simples dérivés ou subordonnés, ces adaptations font plus que redire ou répéter une histoire, elles construisent plutôt une archive qui permet l’extension du monde textuel.
L’intergénéricité explore le potentiel traductif des interactions et influences des genres. Considérant le genre, d’une part, dans une perspective linguistique, en tant que type de texte, oral ou écrit, et d’autre part, dans une perspective sociale, en tant que „type d’activité”(Fairclough, 1992), étroitement liée aux positions du sujet qui sont déterminées d’un point de vue social, nous nous concentrons sur la relation entre la généricité auctoriale et la généricité lectoriale. Vers la fin du XIXe et le début du XXe, les romanciers dramatisaient leur fiction, soit dans le but de la défendre contre une dramatisation non-autorisée, ou pour des raisons qui dépassaient largement les simples droits d’auteur (e.g. Daisy Miller de Henry James, Tess of the D’Urbervilles de Thomas Hardy, The Secret Agent de Joseph Conrad’s, ou Peter Pan de J. M. Barrie).
Le processus de l’auto-adaptation, comme l’a montré Richard James Hand (1996), peut être regardé comme significatif en soi, révélant autant une bonne partie de la manière dont ces romanciers voyaient leur fiction, qu’une perspective plus large sur leur culture.
Pour couvrir les limitations inhérentes du concept de traduction intersémiotique dans la théorie de Jakobson, où la source est d’habitude un texte écrit, les approches actuelles de l’intermédialité la définissent comme toute interaction entre les médias, dissociant la traduction de son sens strictement linguistique (Shober, 2010). Comme le suggère Lars Elleström (2010), chaque médium est constitué de quatre conditions nécessaires ou modalités de base: matérielles, sensorielles, spatiotemporelles et sémiotiques, d’une telle manière que, même un texte qui a toutes les apparences d’un texte monomodal est, en fait, multimodal. Par conséquent, si l’intermédialité se construit au-delà des barrières, de nombreux signes peuvent entrer dans la structure de divers systèmes sans pour autant perdre leur stabilité. Nous allons ainsi comprendre par la traduction intermédiale autant l’adaptation et la transmission d’une œuvre littéraire par un autre médium, que les interactions entre d’autres types de médias, comme la traduction poétique de la musique de Stravinsky par Amy Lowell (Shober), ou la traduction chorégraphique de Marie Chouinard à partir de la peinture Le jardin des délices de Jérôme Bosch’s (Montesi, 2021).
Comme le remarque Martha Dvořák (2012), la notion de texte, dans son sens original, étymologique de textus (surface, matériau, base), désignant le support concret, a connu une mutation vers un état mental immatériel, mais également vers des formes matérielles ou culturelles différentes, justifiant la transformation de l’intertextualité dans l’intergénéricité, l’intersémioticité ou, plutôt, l’intermédialité.
Nous attendons des contributions en anglais, français, allemand, italien ou espagnol, pour les numéros 17 et 18 de la revue académique Concordia Discors vs. Discordia Concors: Researches into Comparative Literature, Contrastive Linguistics, Cross-Cultural and Translation Strategies (http://condisdiscon.blogspot.com/2021) sur l’un des axes suivants (la liste reste ouverte):
§ mise en musique de la littérature
§ l’ekphrasis
§ du picaresque au pictural
§ du livre à l’écran
§ du livre à la scène
§ l’art digital
§ le mouvement comme traduction
§ de la scène/ l’écran vers la page; le texte comme ancrage
§ la signification socio-culturelle de l’expression matérielle des signes; les substances/ surfaces de production (encre, or, peinture, papier, canevas, bois, etc.)
§ l’intermédialité et l’interartistique
§ l’adaptation comme forme de révérence ou bien de subversion envers le texte-source
§ l’intermédialité dans les livres illustrés
§ la traduction intersémiotique et le poids du contexte historique et culturel
Bibliographie orientative
Byden, Diana, Martha Dvořák, eds., 2012, Crosstalk: Canadian and Global Imaginaries in Dialogue, Wilfred Laurier University Press;
Brower, Reuben Arthur, ed., 1959, On translation, Harvard Studies in Comparative Literature, vol. 23, Harvard University Press;
Dvořák, Martha, 2012, ”Rejoinders in a Planetary Dialogue”, in Diana Byden and Martha Dvořák, eds., Crosstalk: Canadian and Global Imaginaries in Dialogue, Wilfred Laurier University Press, pp.111-134;
Eco, Umberto, 2003, Mouse or Rat. Translation as negotiation, London: Orion Publishing Group;
Elleström, Lars, ed., 2010, Media Borders. Multimodality and Intermediality, London, Palgrave, Macmillan;
Fairclough, Norman, 1992, Discourse and social Change, Cambridge: Polity Press;
Hand, Richard James, 1996, Self-adaptation: The Stage Dramatisation of Fiction by Novelists, PhD thesis, http://theses.gla.ac.uk/1912/.
Jakobson, Roman, 1959, ”On Linguistic Aspects of Translation”, in Brower, Reuben Arthur (ed), On translation, Harvard University Press, pp. 232-240;
Montesi, Vanessa, 1921, ’Translating Paintings into Dance:Marie Chouinard’s The Garden of Earthly Delights and the Challenges posed to a Verbal-based Concept of Translation”, in The Journal of Specialised Translation, 35, pp. 166-185;
Parlog, Aba-Carina, 2019, Intersemiotic Translation: Linguistic and literary Multimodality, Springer International Publishing; Palgrave Pivot;
Shober, Regina, 2010, “Translating Sounds: Intermedial Exchanges in Amy Lowell’s ‘Stravinsky’s Three Pieces ‘‘Grotesque’’ for String Quartet’.” Lars Elleström (ed) 2010, Media Borders, Multimodality and Intermediality. London: Palgrave Macmillan, pp 163- 175.
Une section à part sera dédiée aux entretiens, comptes-rendus de publications récentes, tout comme à des rapports de progrès pour des sujets de recherche proches de la thématique des deux numéros.
Les entretiens et les comptes-rendus de livres/ pièces/ films/ spectacles/ expositions sont également acceptés, sans qu’ils soient obligatoirement liés à la thématique des numéros.
Les contributions in extenso sont attendues avant le 1er septembre 2022 à l’une des adresses indiquées sous Contacts.
Les résumés
§ seront rédigés an anglais et ne dépasseront pas 150 mots
§ seront accompagnés de 5 mots-clés et d’une bionote en anglais (avec le nom de l’auteur, son affiliation, les domaines de recherche et l’adresse électronique)
§ mentionneront la section préférée (Littérature Comparée, Linguistique Contrastive, Stratégies Interculturelles, Stratégies de Traduction, Approches Interartistiques, Comptes-Rendus et Présentations).
Responsables des numéros 17 et 18: Daniela Hăisan, Raluca-Nicoleta Balațchi, Daniela Marțole (Université „Ştefan cel Mare”, de Suceava, Roumanie)
Editeur-en-chef: Gina Măciucă (Université „Ştefan cel Mare”, de Suceava, Roumanie, ginamaciuca@litere.usv.ro)
CONTACTS
Raluca-Nicoleta Balaţchi: raluca.balatchi@usm.ro
Daniela Hăisan: danielahaisan@litere.usv.ro
Daniela-Maria Marţole: danielamartole@yahoo.com