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Le sacre des Lettres africaines. Créer et penser depuis l’Afrique (revue Éthiopiques)

Le sacre des Lettres africaines. Créer et penser depuis l’Afrique (revue Éthiopiques)

Publié le par Marc Escola (Source : Cheick Sakho)

Éthiopiques n° 108

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

1e semestre 2022.

"Le sacre des Lettres africaines. Créer et penser depuis l’Afrique"


Pour la première fois dans l’histoire littéraire, les jurys des grands prix parmi les plus prestigieux au monde ont consacré des auteurs africains : le Nobel, le Booker Prize et le Goncourt. Un "tir groupé" pourrait-on tenter de dire !

Le jour même où le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr est devenu à 31 ans le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à remporter le Goncourt, Graal des lettres françaises, pour son roman La plus secrète mémoire des hommes, le Sud-africain Damon Galgut a décroché le Booker Prize, récompense à peu près équivalente pour les romans écrits en anglais. Et le Nobel de littérature a été attribué cette année au Tanzanien Abdulrazak Gurnah.
Derrière, le Booker Prize international a couronné le Franco-sénégalais David Diop, le très prestigieux Prix Neustadt a été décerné au Sénégalais Boubacar Boris Diop et le Prix Camoes (qui récompense un auteur de langue portugaise) à la Mozambicaine Paulina Chiziane. Le roman Les impatientes de Djaïli Amadou Amale reçoit le Prix Goncourt des lycéens.

À côté de cette explosion littéraire, des penseurs comme Souleymane Bachir Diagne qui vient de remporter le prix Saint-Simon pour son livre Le fagot de ma mémoire, Kwame Anthony Appiah, Felwine Sarr, Achille MBembe, Jean-Godefroy Bidima, Kwasi Wiredu qui vient de nous quitter, donnent à la pensée africaine un nouveau souffle qui le hisse au diapason mondial. Depuis les contextes historiques, sociaux et culturels du continent, et à partir de leurs propres référentiels, ces voix singulières investissent les problématiques contemporaines et déploient leurs propres questionnements et interrogations, dans la tension permanente entre expériences historiquement et géographiquement situées et l’horizon d’universalisation de la philosophie.

La revue Éthiopiques entend prendre une première mesure de ces consécrations en étudiant ce déploiement d'œuvres et de préoccupations d'une richesse étonnante, qui illustre la reconnaissance d'une littérature africaine, prélude d’une pensée africaine en effervescence et en phase avec les interrogations de notre époque. « C'est depuis le continent africain qu'on est en train de se rendre compte des grands dangers (sociaux, écologiques, politiques) qui nous menacent », estime Xavier Garnier.

Il s’agira d’analyser les dynamiques contemporaines qui sous-tendent cette création littéraire africaine qui foisonne, interroge, dévoile et pour envisager une approche des projets esthétiques et philosophiques visant à la renouveler.

Ce numéro se veut un observatoire critique des évolutions les plus récentes de la littérature africaine et des œuvres philosophiques et critiques, mais aussi des productions artistiques, qui élargissent ce panorama en explorant le laboratoire de formes et d'idées que constitue ce champ en mouvement.

Face à l’Histoire comme face à l’expérience quotidienne de la vie, le romanesque peut ainsi apparaître comme un lieu de reconstitution du sens ou de l’interrogation critique par ces voix, littéraires, artistiques, qui prennent en compte le passé pour dire le présent et tendent vers l’avenir : quel avenir pour une africanité multiple ? L’idée est de s’intéresser à l’expression plurielle d’une africanité à travers ces voix qui se sont donné comme tâches de de traiter des questions majeures : l'homme, le monde réel, l'Histoire, l’Art, les préoccupations et urgences politiques, sociales et climatiques ; c’est-à-dire les défis et enjeux qui se dessinent au cœur des évolutions des sociétés de demain.

Ce numéro propose d’explorer ces nouvelles œuvres littéraires d’Afrique, aussi bien dans ce qu’elles amènent de nouveau et d’inédit que dans ce qu’elles conservent de leur héritage littéraire et culturel, en passant par la manière dont elles se développent et l’accueil qui leur est donné à travers le monde. Que signifie être aujourd’hui un écrivain africain capable de réactiver le pouvoir critique et cognitif de la fiction littéraire afin de produire une œuvre qui suscite de véritables réflexions sur les enjeux cruciaux du moment, et capable de penser le réel et de l’offrir à la réflexion commune ? La pertinence et l’actualité de cette question, les changements de perception des auteurs eux-mêmes, les espaces de discussion qu’ils ouvrent sont autant d’aspects à prendre en compte pour répondre à cette interrogation aussi inspirante que complexe.

L’autre caractéristique de ces œuvres est qu’elles sont généralement traversées par un discours métalittéraire sur le processus de l’écriture, les genres littéraires, le style et le personnage de l’écrivain, les processus de l’écriture et les problèmes de la création au sein de l’œuvre. À travers le déploiement de fictions lettrées, et aussi l’exploration de protocoles formels, constituant les signes apparents d’une appartenance au monde de la narration romanesque et les degrés distincts d’une littérarité consciente d’elle-même, ces œuvres mettent en jeu un projet d'écriture qui intègre l’analyse de sa démarche de création, et qui interroge du coup, dans ses déclinaisons les plus novatrices, la modernité littéraire.

Plusieurs ordres de questionnement surgissent. Comment se marque l’appartenance de ces œuvres à leur environnement social, politique, artistique, et comment interagissent-elles avec lui ? En quoi sont-elles « une sismographie du présent » ? Comment est posée la question de la responsabilité politique et éthique de l’écrivain dans certains romans qui réactivent l’exigence d’engagement à l’ancienne dont est issue la littérature africaine ? Comment se manifestent dans les récits, les tensions entre deux cultures dont les auteurs viennent souvent d’anciennes colonies ? Quels rapports ces œuvres entretiennent avec l’idée de communauté en général et avec certaines communautés en particulier ? Comment évolue la littérature des femmes, des migrants, des réfugiés ? Quelles sont les dynamiques de pensée qui les nourrissent ou les prolongent ?

Ces questions conduiront à s’interroger sur d’éventuelles esthétiques et poétiques communes à ces différentes œuvres.

L’objectif de ce numéro est, dans une perspective interdisciplinaire, au plus près des textes, de leur force d’invention et de leur énergie créatrice, d’étudier et d’examiner, les nouvelles thématiques, les idéologies et les nouveaux modes d’écriture de ces œuvres couronnées par les grands prix littéraires. Dans cette optique, nous invitons les chercheurs à déplier toutes les dimensions thématiques et formelles de ces grands auteurs afin de mesurer la singularité de chacune d’elles, d’en déployer les enjeux en temps réel, dans le but de caractériser les différentes manières de concevoir une forme, de construire un regard, de produire un lieu, de créer un espace créatif, bref du produire du sens et de faire monde.

Axes d’analyse :

- types de roman, images et imaginaires, visions du monde générés par ces œuvres ;

- le système des personnages, la structure et l’agencement de la trame narrative, l’articulation de récits parallèles, les jeux de la voix narrative, les débuts ou incipit et les clôtures, le traitement de la temporalité, les clins d’œil métalittéraires, l’intertextualité sous toutes ses formes, les modes de présence de l’instance narrative ;

- les idéologies, les dynamiques de pensée, les perspectives philosophiques en amont et en aval ;

- événements marquants et phénomènes de fonds nationaux ou internationaux représentés dans ces récits ;

- genre et questions de femmes ;

- philosopher avec la littérature ;

- littérature et musique ;

- les relations entre la littérature et les arts visuels (peinture, sculpture, photographie, cinéma) ;

- penser l’art à travers le lien entre les mots et les images ;

- questions éco poétiques ;

- questions sociopolitiques et historiques ;

- conflits ethniques et religieux, urbanisation, jeunesses et révoltes ;

- mise en scène des émigrés, des apatrides et des réfugiés ;

- reprise et élargissement des thématiques antérieures de la littérature africaine ;

- aspects spéculaires et méta narratifs. 


Les propositions seront envoyées à l’adresse suivante avant le 30 avril 2022 : senghorf@orange.sn

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Protocole de rédaction

Revue Éthiopiques 

Veuillez rédiger votre article en respectant scrupuleusement le protocole de rédaction suivant.

1. Présentation du manuscrit

a) Le texte doit être lisible et uniforme dans la présentation, écrit en format Word, interligne 1,5, en police Time 12, et comporter entre 25000 et 30000 maximum espaces compris.

b) Le texte doit être entièrement paginé en bas au centre. Utiliser l’option pagination automatique. doit aussi être entièrement justifié, y compris les notes en bas de page.

c)  Sur la première page, ne mettre que le nom, votre institution d’attache, le titre de l’article, un résumé de 5 à 10 lignes maximum et 5 mots-clés, et une brève notice biobibliographique..  

d) Pour les besoins de l’anonymat en vue de l’évaluation de l’article, le texte commence à la 2e page précédé du titre. 

e) Le manuscrit ne doit pas avoir plus de 4 titres et intertitres. Les mettre en gras.

f) Si le texte comporte des photos ou toute autre illustration graphique, les insérer en haute résolution ou les envoyer dans un fichier image à part en les numérotant par ordre croissant (photo 1, photo 2 ; illustration 1, illustration 2, etc.).

g) Mettre le nom complet d’une association, d’un organisme ou d’une institution à la première notation, suivie de son acronyme entre parenthèses. Utiliser ensuite uniquement l’acronyme aux occurrences suivantes. Exemple : l’Association des Écrivains du Sénégal (AES).    

2. Insertion des citations

a) Mettre toutes les citations de plus de 4 lignes en retrait d’1 cm à gauche et à droite, sans interligne et sans guillemets. Utiliser l’option automatique de réduction des marges pour cela. Mettre ensuite entre parenthèses à la fin de la citation le nom de l’auteur, l’année de publication du texte et la page de l’extrait (exemple : Senghor, 1948, p.18). 

b) Toutes les autres citations de moins de 4 lignes doivent être directement insérées entre guillemets dans le texte et suivies, entre parenthèses, du nom de l’auteur, l’année de publication du texte, la page de l’extrait (exemple : Kesteloot, 2006, p.32). 

Les références complètes des textes et des articles cités seront mises dans la bibliographie finale.

c) Mettre toujours la ponctuation (points, virgules, points-virgules) après la parenthèse, l’appel de note ou le guillemet fermant. Ne pas laisser de guillemet orphelin en fin de ligne. Utiliser pour cela l’option « espace insécable ».   

3. Notes de bas de page, bibliographie et webographie  

a) Ne mettre en notes en bas de page que les notes explicatives (précisions de l’auteur de l’article, extensions d’une définition théorique, extraits d’entrevues, extraits supplémentaires, etc.). Éviter de mettre en notes en bas de page des mentions comme « Ibid + page », une simple référence à un livre, etc. Utiliser votre système automatique d’appel de notes suivies et de traitement de texte.

b) Mettre en fin d’article la bibliographie finale composée de la liste des ouvrages et articles uniquement cités, avec leurs références complètes. Mettre en italique les ouvrages et les titres de revues et autres périodiques, et mettre entre guillemets les articles ou entretiens selon les modèles suivants :

SENGHOR Léopold Sédar, Œuvre poétique, Paris, Seuil, 2006 [1990].   

GADJIGO Samba et NIANG Sada (dir.), Présence francophone, n°71 « Ousmane Sembène cinéaste », 2008.   

SEMUJANGA Josias, « La mémoire transculturelle comme fondement du sujet africain chez Mudimbe et Ngal », Tangence, n°75, 2004, pp.15-39.     

DIOUF Mbaye, « La philosophie senghorienne du dialogue interreligieux », dans Pierre Halen et Florence Paravy (dir.), Littératures africaines et spiritualité, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Littératures des Afriques » 2, pp.181-198, 2016.   

c) Dans le cas d’une référence à un site Internet, veuillez indiquer entre crochets le lien URL complet et la dernière date de consultation. Mettre une webographie complète à la suite de la bibliographie finale. 

Exemple : http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article8 [consulté le 25 juillet 2019].    

Pour toute question, s’adresser à : senghorf@orange.sn

NB : Tout texte non conforme à ce protocole sera retourné à son auteur